C'est l'affaire dont le tout Yaoundé politico-administratif parle depuis une semaine. La violente agression d'un haut fonctionnaire suivi des actes de tortures sur sa personne dans la nuit du 14 au 15 juin.
L'infortuné, directeur au ministère camerounais de l'Économie, a été laissé pour mort par ses bourreaux. S'il est désormais hors de danger, l'affaire n'en finit plus de nourrir la controverse et des interrogations sur les mobiles de cette agression.
Cette nuit-là, il est presque minuit et Jean-Sylvain Mvondo est chez lui. Le maître des lieux, qui travaille encore dans un coin de son salon, voit débarquer un commando de huit personnes cagoulées. Tous les occupants de la maisonnée sont maitrisés, ainsi que les deux vigiles postés en faction à l'extérieur.
Commence alors pour le directeur des investissements publics au ministère camerounais de l'Économie une interminable séance de torture. La résidence est aussi passée au peigne fin, mais les bourreaux, qui vont repartir près de cinq heures plus tard, ne vont curieusement rien emporter. Jean-Sylvain Mvondo est quant à lui conduit dans un hôpital, d'où il ressortira quelques jours plus tard.
L'affaire va aussitôt enflammer la presse locale et les réseaux sociaux, le profil de la victime notamment intrigue, Jean-Sylvain Mvondo est présenté comme le fonctionnaire le plus riche du pays. On rappelle fort opportunément qu'il est le gestionnaire d'une ligne de crédit particulièrement opaque, doté de plusieurs centaines de milliards, ses soutiens et amitiés au sein du sérail sont aussi évoqués, ainsi que la cohorte d'ennemis éventuels.
Pour de nombreux analystes, et en attendant les résultats de l'enquête qui a été ouverte, l'affaire Jean-Sylvain Mvondo n'est que l'illustration de batailles de pouvoir que se livrent en ce moment les pontes du régime dans la perspective de la succession au sommet de l'État.