Sénégal: " Yewwi a engrangé une plus-value médiatique et émotionnelle du côté de l'opinion ", Dr Momar Thiam sur la manifestation réprimée

Des policiers sénégalais sur le terrain lors de la manifestation du 17 juin.

La répression sanglante de la manifestation pacifique de Yewwi Askan Wi, le vendredi 17 juin dernier, on en parle encore. Et c'est le Docteur en communication politique, Momar Thiam qui livre son analyse du rassemblement interdit et réprimé par les forces de défense et de sécurité (FDS) faisant ainsi 3 morts par balles. De l'avis de l'invité de l'émission Objection de la radio privée Sud Fm de ce dimanche 19 juin 2022, il y a deux cas de figure qui se dégagent.

" Le premier est de partir de la manifestation qui est un principe constitutionnel. La constitution consacre aujourd'hui le droit de manifester. Maintenant, tout dépend de l'appréciation qu'en fait l'autorité publique. S'il y a des menaces à l'ordre public, le rôle de l'État n'est pas de réprimander, mais d'encadrer ces manifestations là. Donc, quelque part, l'opposition a plus ou moins raison quand elle dit : on nous a interdit de nous exprimer dans la rue, de manifester un droit qui est consacré par la constitution" , constate Dr Thiam qui ajoute sur le second angle qui est celui de la stratégie de l'opposition face à l'interdiction d'exercer un droit constitutionnel.

" Le deuxième angle d'attaque c'est de dire que, à partir du moment que l'opposition cherche à manifester, cherche à réitérer ce qu'elle avait fait une semaine ou 10 jours avant et fait face à cette forme d'interdiction, cette opposition d'un point de vue stratégique n'a qu'un cheval de bataille : c'est de jouer sur l'enjeu de la valeur ajoutée" , a-t-il estimé.

Ce qui semble marcher pour Yewwi Askan Wi dans la mesure où des leaders ont été empêchés de se mouvoir, (Barthélémy Dias et Ousmane Sonko) d'autres arrêtés (Ahmed Aïdara, Mame Diarra Fam, Déthié Fall et certains militants), et certains empêcher du droit de culte, à l'image de Ousmane Sonko à qui il a été interdit de sortir de chez lui pour se rendre à la mosquée.

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" Forcément, on sait qu'au Sénégal on est très émotionnel. Quelque part, une partie de l'opinion est saisi par cela et se dit : là, la force publique va un peu plus loin et même va trop loin. C'est là où je dis cette opposition Yewwi a quelque part engrangé une plus-value médiatique, mais aussi émotionnelle du côté de l'opinion" , conclut-il.

Donnant, par ailleurs, son avis sur les trois morts enregistrés lors de ces manifestations de l'opposition, Dr Thiam a déploré l'attitude des forces de l'ordre qui, à ses yeux, ont failli à leur mission.

" On est au regret de constater que la sécurité qui devait être assurée par les forces de l'ordre n'a pas fait son travail comme il fallait. Malheureusement, la force publique est entachée de sang. C'est triste, c'est déplorable ", se d'sole-t-il.

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