Dakar — L'existence d'un marché de l'art suppose un milieu artistique bien organisé, ainsi que des galeries exposant en permanence avec une identité réelle, indique le critique d'art sénégalais Aliou Ndiaye, estimant que de tels critères n'existent pas au Sénégal, voire en Afrique.
Pour parler d'un marché de l'art, il faut un milieu artistique bien organisé, des galeries qui exposent en permanence et qui ont une identité réelle, estime-t-il dans un entretien paru, dans Le Quotidien de ce week-end.
"Si on se dit qu'il y a des critères bien définis pour parler d'un marché de l'art, on peut considérer qu'au Sénégal, ces critères ne sont pas remplis. Pour le moment, on peut dire qu'il n'y a pas toutes les conditions requises pour parler d'un marché de l'art", martèle le critique d'art.
Il a aussi rappelé l'importance des salles de vente et de la cotation des artistes, ainsi que le travail des collectionneurs et des critiques d'art.
Il est également important d'avoir des ressources humaines de qualité "qui doivent accompagner ce dynamisme", à travers notamment des publications dans des revues spécialisées, a-t-il déclaré.
Si les Etats-Unis, l'Europe et l'Asie "arrivent à se positionner", explique le commissaire d'exposition, "c'est parce que la question de la formation à l'art y est prise au sérieux". S'y ajoute que dans ces régions du monde, il existe des "revues internationales qui sont très visibles où des experts font des critiques d'art et des contributions", relève-t-il.
Le critique d'art, qui est par ailleurs fonctionnaire à la Direction du patrimoine du ministère de la Culture, pense qu'"il y a beaucoup d'éléments qui manquent à la chaîne (...)".
Aliou Ndiaye constate par ailleurs une "dynamique artistique locale et continentale", à l'instar de la Biennale de l'art africain contemporain de Dakar (Dak'Art).
"Cela commence à se développer, et à Dakar on retrouve de plus en plus de galeries. Fakhoury, qui était à Abidjan et avait une antenne à Dakar, va aussi ouvrir à Paris. Ce qui est très important pour l'art contemporain africain", s'est félicité le critique d'art sénégalais, qui a assuré la direction artistique des Rencontres internationales de peinture de Ouagadougou (Ripo) en 2021.
Selon Aliou ndiaye, "un peu partout, à Lagos, en Egypte, en Afrique centrale (... ), ça bouge énormément avec la Biennale de Lubumbashi, celles de Kinshasa et Brazzaville".
Il ajoute qu'en Afrique du Sud, "ils ont un ensemble d'infrastructures comme le musée Zeltz Mocaa d'art contemporain remarquable, qui offre de la visibilité aux artistes africains et permet d'exposer (... ) ce qu'ils sont en train de faire".
"Ce sont des évènementiels qui constituent un costume favorable aux arts visuels et des critères des arts visuels", estime le commissaire d'exposition.