Madagascar: Deep South - Future carrefour du développement

Faire du grand Sud un axe majeur du développement de Madagascar, notamment dans le domaine de l'agroalimentaire. Tel est la finalité des grands projets routiers en cours actuellement, selon les explications.

Écrire une nouvelle page de l'histoire du Deep South. À s'en tenir aux différentes déclarations à Taolagnaro, samedi, cette ambition n'est pas utopique. Au contraire, il s'agit, de prime abord, de la finalité des différents projets routiers engagés dans le Sud du pays.

"Nous allons faire de Tolagnaro un carrefour du développement du Sud", scande avec enthousiasme, Andry Rajoelina, président de la République. Il ajoute, "il n'y a jamais eu de projet routier d'une telle envergure dans le Sud. Il y aura près de 900 millions de dollars d'investissement dans le secteur routier". Au-delà du tour de force politique, en raison du lancement du chantier de la RN13 et celui de la RNT 12A, l'euphorie affichée par le Chef de l'État, en fin de semaine à Ambovombe et Tolagnaro n'est, finalement, pas fortuite.

Les informations communiquées durant le déplacement présidentiel permettent, aussi, de comprendre que les objectifs décidés à l'issue du colloque pour l'émergence du Sud, en juin 2021, ne sont, également, pas anodins. Les projets d'infrastructure routière, selon les explications, entrent dans le cadre d'un méga-programme qui, au final, fera du Sud, un pôle de croissance majeure, voir le fer de lance du développement et de l'autosuffisance alimentaire du pays.

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Les grandes lignes de ce méga projet ont été expliquées durant la cérémonie de lancement des travaux de la RNT 12A, à Tolagnaro, samedi. Selon Adam Amoumoun, représentant du groupe de la Banque africaine de développement, la conjugaison de la RN13, de la RN9, de la RN10 et de la RNT 12A, "compose un corridor qui constitue l'épine dorsale des futurs échanges au Sud du pays et connecté à des installations portuaires, le port Ehoala et celui de Toliara".

Les ports de Toliara et celui d'Ehoala, à Tolagnaro, comme le souligne le responsable de la BAD, constituent des portes qui s'ouvrent sur le marché du continent africain d'une part. D'autre part, il s'agit aussi d'une ouverture sur celui de l'océan Indien et plus largement, l'Asie. Ehoala étant le plus grand port dans la partie Sud, les propos du président Rajoelina soutenant que Tolagnaro sera "un carrefour du développement du Sud", prend visiblement tout son sens. Le Sud du pays est riche en ressources naturelles. Il y a aussi les produits miniers. Ce qui a amené, justement, la société QMM à s'y installer.

160.000 hectares de terres agricoles

QMM exploite l'ilménite et l'exporte à partir du port d'Ehoala. D'autres exploitants miniers, à une échelle largement inférieure, passent par ce port pour exporter du mica, par exemple, depuis quelques années. Le programme de développement souligné samedi mise plutôt sur le secteur agricole. Le but serait de booster l'agriculture pour l'approvisionnement du marché local, mais également, aller vers l'exportation.

Pour expliquer le financement de la RN10, la Banque mondiale a mis en avant les enjeux de la résilience alimentaire dans le Sud. Le coup d'envoi des travaux pour cette route que le Président annonce pour la fin de l'année, ou au plus tard, au début de l'année prochaine. La réhabilitation de la RN9, quant à elle, a déjà démarré depuis quelques années. Une grande partie est déjà terminée et donne l'accès à une large terre agricole dans le Sud-Ouest. "Ce projet [le corridor] est complémentaire au programme des Pôles intégrés de croissance agricole et agro-industriel au Sud de Madagascar", explique justement Adam Amoumoun.

La première phase du programme, financé par la BAD à hauteur de 17 millions de dollars, "vient d'être approuvée", ajoute-t-il. A terme, ce programme vise à irriguer la plaine d'Ambovombe. Raison pour laquelle Andry Rajoelina a déclaré à Ambovombe que "Maroalimpoty et Maroalimainty [deux localités dans cette plaine du district d'Ambovombe], peuvent devenir les greniers de Madagascar". Le représentant résident de la BAD affirme que la plaine d'Ambovombe présente un potentiel de terre agricole estimé à 160.000 hectares.

"Ce chiffre dépasse les 100.000 hectares que nous estimons nécessaires pour atteindre l'autosuffisance alimentaire", se réjouit le Chef de l'État. Durant son déplacement à Ambovombe et Tolagnaro, le locataire d'Iavoloha a aussi martelé que la construction du pipeline devant acheminer l'eau de la rivière Efaho vers Ambovombe démarrera cette année. Outre l'accès à l'eau potable des habitants, le pipeline servira, également, à irriguer les terres, explique le Chef de l'Etat. L'initiative étatique et celle des partenaires de développement pourraient se rejoindre.

Adam Amoumoun ajoute, pour sa part, que le programme "ambitionne aussi de mettre en place un parc agro-industriel à Taolagnaro pour la transformation sur place des produits agricoles, pour le bien-être de la population et la création d'emplois". Pareil projet a déjà été soulevé durant une visite de Edgard Razafindravahy, ministre de l'Industrialisation, du commerce et de la consommation, dans la capitale de la région Anosy, en septembre 2021. Il a été discuté que la mise en place du parc industriel sera appuyée par la société QMM. Il est probable qu'il y ait une conjugaison des efforts.

Si ce vaste programme se concrétise sans accroc, "cette partie du pays qui est aujourd'hui, une zone déficitaire sur le plan alimentaire, passera dans quelques années à une zone excédentaire et contribuera à l'objectif de faire de Madagascar le grenier de l'océan Indien", affirme le représentant résident de la BAD.

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