Ile Maurice: Neutralité carbone - Les industries prêtes à relever le défi mais...

Le secteur industriel est considéré comme l'un des plus gros consommateurs d'énergie, représentant environ 28 % de l'énergie totale consommée dans l'île.

Pour atteindre la neutralité carbone, un équilibre entre l'émission et l'absorption de carbone, le Budget 2022-23 annonce qu'une transition vers l'énergie renouvelable est en cours. Cela se ferait à travers la production de 150 % de la consommation actuelle des utilisateurs industriels ; un tarif de rachat convenu de Rs 4,20 pour les utilisateurs industriels par le CEB ; l'autorisation aux industries d'installer des dispositifs photovoltaïques sur site et hors site ; et un programme de prêts neutres en carbone sur sept ans à un taux préférentiel de 3 % à travers l'Industrial Finance Company of Mauritius (IFCM).

La Mauritius Export Association (MEXA) indiquait dans l'édition de l'express du 15 juin qu'elle est prête à accentuer l'engagement du secteur à épouser la volonté du pays à atteindre la neutralité carbone. Elle a, à cet effet, un projet pour aider ses membres à faire un état des lieux de la situation de la neutralité carbone. Elle considère que cela serait un atout aux yeux des pays de l'Union européenne pour lesquels la neutralité carbone est une priorité. Son président, Arif Currimjee, est confiant que les opérateurs industriels seront disposés à investir dans l'énergie verte.

Pour sa part, le Chief Executive Officer (CEO) de RT Knits, Kendall Tang, se dit ravi de l'annonce du ministre des Finances dans son Budget. "C'est une excellente nouvelle, c'est une demande de la MEXA, pour donner l'opportunité aux filières industrielles d'accélérer la transition énergétique." Kendall Tang indique que depuis 2008, RT Knits a pris des initiatives environnementales audacieuses pour réduire les émissions de carbone, apportant ainsi une contribution positive à la planète.

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"Nous avons été la première entreprise de Maurice à installer des chauffe-eau solaires industriels pour réduire notre utilisation de combustibles fossiles", soutient-il. "Conformément à notre engagement à adopter des sources d'énergie renouvelable, aujourd'hui marque une étape clé dans notre parcours vers la neutralité carbone d'ici 2040, car nous avons investi dans 1 860 panneaux photovoltaïques de 540W chacun. Nous mettrons en place une ferme solaire de 1 MW qui nous mettra sur la bonne voie pour produire 100 % de notre électricité d'ici 2030. L'installation des panneaux photovoltaïques sur 7 000 m2 devrait être achevée d'ici juillet 2022."

Manquements

Toutefois, Bruno Dubarry, le CEO de l'Association of Mauritian Manufacturers (AMM), note de son côté qu'il manque des précisions et que certaines choses ne sont pas claires dans l'annonce du ministre. "La MEXA et l'AMM ont fait une proposition conjointe pour un cadre d'investissement dans les énergies renouvelables pour le secteur industriel.

En revanche, ce qui manque principalement dans les annonces, c'est le contrat de Medium-Scale Distributed Generation du Central Electricity Board (CEB), qui devrait être remplacé par un autre contrat pour permettre aux industriels de ne pas être bloqués sur une quantité de mégawatt et de pouvoir vendre et acheter l'énergie produite mais pas à un prix fixe. Certes, d'autres mesures ont un peu allégé l'industrie mais il existe différentes manières d'atteindre la neutralité carbone, comme la plantation d'arbres.". Il fait ressortir que la neutralité carbone n'indique pas qu'une entreprise émettra moins de carbone et que derrière tout cela, il faut une bonne planification économique.

Le consultant en environnement, Sunil Dowarkasing, estime pour sa part, que la neutralité carbone inspire divers pays. Sur papier, la mesure semble intéressante, dit-il, mais le timeline d'ici 2030 n'est pas réaliste. Il explique que "la neutralité carbone dans le secteur industriel à Maurice n'aura pas de grand impact sur le réchauffement planétaire car Maurice n'émet que 0,01% des émissions de carbone. Mais cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas faire l'effort car cela pèse lourd sur notre consommation d'énergie". Selon lui, les 28 % d'énergie utilisée dans le secteur industriel doivent venir des renouvelables.

Atteindre la neutralité carbone ne sera pas évident, toutefois, si l'on ne trace pas une feuille de route, qu'on ne met pas des mesures d'accompagnement et incitatives. La neutralité carbone demande des mesures à différents niveaux, notamment du transport, et des processus de production, entre autres. Il faudrait donc des mesures plus attrayantes que celles annoncées pour encourager les entreprises, ajoutet- il. Il cite en exemple que pour les prêts neutres en carbone de l'IFCM, sept ans sont insuffisants. Il considère, par ailleurs, que les équipements technologiques de pointe impliquent d'énormes investissements et que l'industrie a été fragilisée par la crise du Covid-19 et les conflits géopolitiques.

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