Tunisie: Sadok Belaid remet au président de la République une ébauche de la nouvelle Constitution - La IIIe République en marche ?

Kaïs Saïd, Président de la République Tunisienne le jour de l'investiture
21 Juin 2022

En l'espace de quelques jours, le Président de la République appellera officiellement l'instance électorale à organiser le référendum pour trancher la question, celle du passage à la nouvelle Constitution. Saïed estime qu'il ne s'agit que d'une ébauche de Constitution et que certains articles pourraient être révisés.

Tous les yeux se sont tournés vers le palais présidentiel, où le Président de la République a reçu hier un premier draft de la nouvelle Constitution qui sera soumise par la suite à référendum.

Alors que la tension politique bat son plein et que la crise socioéconomique s'accentue, le Président de la République poursuit à pas sûrs son projet politique qui devra donner lieu à ce qu'il appelle une nouvelle République.

Hier lundi, c'est le président-coordinateur de la commission consultative pour la nouvelle République Sadok Belaïd qui a remis au Président de la République une première copie de la Constitution.

Cette dernière devra être validée par le Président de la République ou renvoyée encore une fois à ladite commission pour une deuxième lecture. En l'espace de quelques jours, le Chef de l'Etat appellera officiellement l'instance électorale à organiser le référendum pour trancher cette question, celle du passage à la nouvelle Constitution. Selon un bref communiqué de la présidence de la République, Kaïs Saïed estime qu'il ne s'agit que d'une ébauche de Constitution et que certains articles peuvent être révisés.

Autant dire que selon les premiers éléments, la nouvelle Constitution privilégiera les questions économiques aux dépens des aspects identitaires pour garantir un meilleur équilibre politique et économiques pour l'Etat tunisien. Le régime politique, qui s'annonce présidentiel, sera également au cœur de cette Constitution.

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Mais en vérité, l'élaboration de cette Constitution intervient dans un contexte de crise politique. Alors que la mouvance du 25 juillet appelle le Président de la République à aller jusqu'au bout de son projet, de l'autre côté, les forces anti-25 juillet conduites notamment par Ennahdha et le Front du salut intensifient leur opposition politique. D'ailleurs, dimanche dernier, le Front du salut a organisé une marche à Tunis pour rappeler son refus de tout le processus engagé par le Président de la République. L'activiste politique Jawhar Ben Mbarek a estimé dans ce sens que " le Président de la République Kaïs Saïed a échoué à résoudre les dossiers économiques ", estimant que " le contexte actuel est marqué par un échec généralisé à tous les niveaux ".

Il a ajouté que " le Président de la République veut mettre en place un système politique hybride qui sert uniquement ses intérêts et lui donne des prérogatives absolues ".

En tout cas, selon les déclarations des personnalités impliquées dans le processus d'élaboration de la nouvelle Constitution, cette dernière sera composée essentiellement de six chapitres, dont le premier sera consacré aux questions économiques, et le deuxième au régime politique. Un autre chapitre traitera des aspects relatifs aux droits et libertés, alors qu'un autre se penchera sur la nouvelle organisation territoriale du pays et le pouvoir local. On affirme également que tout un chapitre sera consacré au pouvoir judiciaire, de nouveaux amendements sont en effet en vue.

L'Ugtt réagit

L'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), qui s'est opposée au dialogue national, semble également tourner le dos à la nouvelle Constitution à en croire les déclarations de son secrétaire général Noureddine Taboubi.

Ce dernier, a critiqué implicitement cette nouvelle Constitution, se référant à certaines fuites d'informations. " La Constitution n'est pas de la littérature et devra comporter uniquement les principaux intitulés des droits constants ", a-t-il dit.

Taboubi a rappelé dans ce sens que " l'Union générale tunisienne du travail n'est pas un parti politique et que ses structures prennent leurs décisions indépendamment des partis et du gouvernement ".

Et d'affirmer que la Centrale syndicale annoncera bientôt sa position par rapport au référendum du 25 juillet.

Le dialogue national a été organisé par le Président il y a deux semaines pour élaborer une nouvelle Constitution, avant des élections législatives prévues en décembre. Le dialogue a été boycotté par l'opposition, dont la puissante organisation nationale Ugtt, qui estime que des acteurs clés de la société civile et les partis politiques en sont exclus.

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