Tunisie: Projet controversé de nouvelle constitution - Jusqu'où ira robocop ?

Le chef de l'Etat tunisien, Kaïs Saïed
analyse

Ce n'est sûrement pas demain la veille que les Tunisiens seront au bout de leur peine sous l'ère Kaïs Saïed. En effet, après avoir gelé puis dissous le parlement, l'homme fort de Carthage qui, jusque-là, estime que son pays est ingouvernable, a très vite émis le souhait de doter la Tunisie d'une nouvelle Constitution, jugeant celle de 2014 caduque.

Kaïs Saïed a, en effet, reçu, entre ses mains, le 20 juin dernier, ce projet politique qui fait l'objet de controverses dans son pays. Robocop doit ensuite valider le projet avant de le soumettre à référendum, le 25 juillet prochain. Or, on le sait, la Tunisie est aujourd'hui secouée par de nombreuses crises, suite aux manifestations de rue depuis la prise du pouvoir de Kaïs Saïed.

Ce projet de nouvelle Constitution qui divise, s'il venait à être adopté, creuserait sûrement le fossé entre une bonne partie du peuple et lui. C'est dire si les Tunisiens ont des raisons de s'inquiéter car ce nouveau projet de Constitution dont tout le monde parle, mais que personne n'a encore vu ni lu, pourrait renforcer les pleins pouvoirs de Robocop.

Ce serait, en effet, un instrument politique aux mains de l'homme fort de Carthage, pour brimer le peuple mais surtout museler son opposition et étouffer toutes les voix discordantes. On se demande alors jusqu'où ira Kaïs Saïed dans son obstination à vouloir refonder son pays en marginalisant ses concitoyens.

Dans tous les cas, le peuple tunisien qui en a vu des vertes et des pas mûres sous l'ère de Ben Ali, habitué à braver les mesures liberticides, a désormais son destin en mains, et saura réagir sans doute au moment opportun si ce projet de nouvelle Constitution venait à être soumis à référendum.

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La réaction de l'opposition porte à croire que ce projet de nouvelle Constitution est taillé sur mesure pour Kaïs Saïed

Dans une certaine mesure, on pourrait comprendre Robocop dans sa soif d'asseoir des institutions nouvelles en composant avec des hommes nouveaux qu'il veut intègres, honnêtes, surtout quand on sait que chaque fois qu'il en a l'occasion, il ne manque pas d'accuser, à tort ou à raison, les partis politiques d'être en partie responsables de la crise que traverse son pays.

Mais le mieux serait pour lui qu'il se hisse au-dessus de la mêlée et qu'il travaille à rassembler l'ensemble des Tunisiens, s'il veut que sa gouvernance soit moins critiquée. Déjà, des voix s'élèvent pour dénoncer sa décision unilatérale de soumettre ce projet à référendum. Des partis d'opposition ont manifesté, la semaine dernière, contre ce projet de 3e République.

Certains d'entre eux dénoncent le manque de concertation autour de ce texte et appellent les Tunisiens à boycotter les urnes. Cette réaction de l'opposition porte à croire que ce projet de nouvelle Constitution est taillé sur mesure pour Kaïs Saïed et qu'il vise à renforcer davantage ses pouvoirs. En tout état de cause, les jours et les semaines à venir promettent d'être chauds.

Dans les états-majors des partis politiques, l'heure est à la sensibilisation pour le boycott de ce référendum. Un retro pédalage de Robocop par rapport à cette décision, loin d'être un signe de faiblesse de sa part, pourrait contribuer à désamorcer la bombe, et le premier qui sortirait grandi de ladite décision, serait certainement lui-même.

Il doit comprendre qu'il a intérêt à ramener la paix dans son pays, surtout lorsqu'on sait que l'hydre terroriste n'épargne pas la Tunisie. Le pays de Kaïs Saïed qui, jadis, a vécu des attaques sanglantes, a intérêt à tout mettre en œuvre pour que le désordre ne s'installe plus.

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