Cote d'Ivoire: Mauvais jugements

éditorial

Un an après son élection à la Maison Blanche, le 46ème Président des EtatsUnis d'Amérique, Joe Biden, et son Administration peaufinent leur stratégie diplomatique en Afrique.

Avec pour ambition, sans doute, de renforcer leur ancrage sur le continent, à l'image de la France, de la Russie ou de la Chine. Ainsi, ils organisent les 9 et 10 décembre prochains, un sommet sur la démocratie. Selon le Département d'Etat, il offrira " une opportunité d'écouter, d'apprendre et de s'engager avec un large éventail d'acteurs dont le soutien et l'engagement sont essentiels pour le renouveau démocratique mondial ".

En prélude à cette rencontre virtuelle qui verra la participation de dirigeants et de chefs de gouvernement, d'acteurs de la société civile et du secteur privé, le Président Biden a lancé une invitation à 110 pays dans le monde, dont seize d'Afrique. Et sur ces pays concernés, on retrouve six de l'espace CEDEAO, à savoir : le Ghana, le Liberia, le Niger, le Nigeria, le Cap-Vert et le Sénégal. Une liste qui suscite des commentaires et autres supputations. Certains observateurs geignent, déjà, à gorge déployée, sur l'absence d'un pays comme la Côte d'Ivoire à ce sommet. Mais, à y voir de près, on remarque aisément que ces 16 pays africains concernés, figurent- pour la plupart - sur l'axe de la diplomatie traditionnelle des Etats-Unis d'Amérique, pour des raisons qui tiennent de l'histoire, des liens séculaires qui les lient à la première puissance économique et militaire de la planète.

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Pour les autres, on constate que les critères de choix sont plutôt variables. Toutefois, gageons qu'il s'agit moins des performances économiques ou de la pratique de la démocratique que d'autres critères peut-être politiques ou stratégiques. En effet, le Rwanda, cité parmi les exemples de pays en Afrique et dont la renommée, depuis sa formidable reconstruction sous la houlette de Paul Kagamé, est pourtant établie en Afrique, n'y figure pas. Aucun pays du Nord de l'Afrique n'est concerné par le sommet du 9 décembre. Est-ce à dire qu'un pays comme le Maroc n'a pas de mérite, étant donné que la situation interne en Tunisie, en Egypte en Libye ou en Algérie n'est pas à la sérénité et qu'elle pourrait expliquer la mise à l'écart de ces pays ?

La Côte d'Ivoire, moteur économique de la sous-région, qui, depuis 2011, a amorcé, sous l'impulsion du Président Alassane Ouattara, une remontée spectaculaire sur le chemin de son développement, ne saurait être moquée pour son absence sur cette liste, non plus. Car, la réalité, elle, se trouve sur place ; elle est vécue par les populations, aussi bien celles de la capitale économique Abidjan que celles des provinces. Politiquement et économiquement, le pays a repris son chemin. Jamais, depuis l'indépendance du pays, les conditions de vie des populations ne se sont autant améliorées avec un grand accès à l'électricité et à l'eau potable.

De même, le système éducatif a été incroyablement renforcé avec la construction d'universités publiques, d'une kyrielle d'établissements scolaires (écoles primaires, collèges et lycées), et de centres de santé. Sans oublier la réhabilitation et le renforcement des plateaux techniques des hôpitaux existants. A cela s'ajoutent d'innombrables infrastructures routières : autoroutes, ponts, échangeurs, etc.

Sur le plan économique, le pays a renoué admirablement avec la croissance ; une embellie matérialisée par un taux moyen de 8% de 2011 à 2019. Et, après un ralentissement en 2020, dû à la pandémie du Covid-19, la courbe de croissance a repris l'ascenseur cette année et devrait atteindre les 6,5% en 2022. Que dire des efforts sur le plan politique pour ramener la stabilité et la paix, tout en renforçant la démocratie ; ou encore sur le plan diplomatique où la Côte d'Ivoire a pleinement retrouvé sa place dans le concert des Nations ? Elle est redevenue la locomotive de la zone Uemoa et, fin 2019, le pays le plus riche d'Afrique de l'ouest avec un PIB par habitant de 2 286 dollars, devant le Ghana ( 2 202 dollars) et le Nigeria ( 2 230 dollars) selon les statistiques de la Banque mondiale.

Ce n'est pas tout : car sur le plan social, beaucoup a été fait avec l'augmentation du Smig, passé de 36 607 FCFA à 60 000 FCFA ; le déblocage des salaires des fonctionnaires et des agents de l'Etat ; l'instauration de la couverture maladie universelle ; et, bien entendu, les filets sociaux productifs qui permettent aux familles les plus démunies de mener une vie décente. Le tout dans un contexte institutionnel qui voit le renforcement des instruments judicaires et administratifs de lutte contre la corruption et de promotion de la bonne gouvernance.

De toute évidence, la Côte d'Ivoire sous Ouattara mérite le respect. Beaucoup de respect. D'ailleurs, toutes les institutions ne manquent pas de superlatifs pour qualifier les performances réalisées par ce pays durant cette dernière décennie. Les Etats-Unis, très regardants sur les pratiques démocratiques, poursuivent le MCC (Millenium Corporate Challenge) avec la Côte d'Ivoire. Après un premier Compact d'un montant de 524,7 millions de dollars US obtenu le 16 décembre 2015, les efforts de la Côte d'Ivoire en matière de bonne gouvernance ont été récemment reconnus à travers la signature d'un mémorandum d'entente entre le MCC en juin 2021. Aujourd'hui, la Côte d'Ivoire a tourné le dos aux démons de la division.

Elle regarde désormais l'avenir avec beaucoup d'espoir. Juger la situation du pays en 2021, revient à se détourner des clichés et idées préconçues d'un pays en crise en 2020. La Banque mondiale affirmait, statistiques à l'appui, au regard des performances économiques, que la Côte d'Ivoire était " au bord du paradis ". L'image, loin d'être excessive, traduit la réalité d'un pays qui a fait des bonds prodigieux sur le chemin de la démocratie.

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