Afrique de l'Est: Le Rwanda, un pays sûr pour les migrants ?

La ville de Kigali s'apprête à abriter le sommet du Commonwealth au milieu de la semaine du 20 au 25 juin 2022. Le Commonwealth compte 54 pays avec une population estimée à plus de 2 milliards 500 millions.

Présent au sommet du Commonwealth à Kigali, le Premier ministre britannique Boris Johnson a continué à soutenir sur l'accord migratoire très controversé passé entre Londres et Kigali, qui vise à expulser des migrants clandestins du Royaume-Uni vers le Rwanda.

Boris Johnson ne cesse de faire l'éloge du Rwanda comme étant "l'un des pays les plus sûrs au monde" pour justifier les expulsions vers ce pays.

Le Rwanda, un pays sûr ?

Le Rwanda est certes souvent présenté comme un modèle de développement du continent africain, à cause de sa stabilité et de sa croissance économique.

Mais pour ce qui est des libertés individuelles, de la liberté d'expression, des droits de l'homme, on est quand même loin du compte.

L'ONG américaine Freedom House parle d'un pouvoir qui "élimine toute dissidence politique ", par un système de surveillance omniprésent, des méthodes d'intimidation, de la torture et des assassinats.

Human Rights Watch dénonce également une justice qui musèle l'opposition et les journalistes.

Et dans les reportages de la Deutsche Welle sur le Rwanda, on retrouve les cas de plus d'une douzaine d'hommes politiques, de journalistes et d'autres personnalités qui ont été tués ou ont disparu ces dernières années après s'être élevés contre le président Paul Kagame ou son parti au pouvoir.

On imagine ainsi mal des migrants expulsés du Royaume Uni arriver au Rwanda et dire du mal de l'accueil qui leur est réservé.

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L'affirmation de Boris Johnson est donc pour le moins trompeuse.

Qu'en est-il des minorités et des personnes en situation de handicap ?

La Constitution rwandaise interdit toute discrimination fondée sur l'origine ethnique, la tribu, la couleur, le sexe, l'origine sociale, la religion ou encore le handicap physique ou mental.

Cela étant dit, Human Rights Watch a documenté plusieurs cas de maltraitance et des cas de personnes LGBT interpellées dans la rue et emprisonnées avant la tenue par exemple de sommets politiques au Rwanda. Cela avait été le cas justement pour la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth il y a un an.

Le gouvernement britannique, dans ses conseils aux voyageurs, avertit qu'au Rwanda il n'existe pas de loi qui protège spécifiquement les personnes LGBT, et que celles-ci "peuvent être victimes de discrimination et d'abus, y compris de la part des autorités locales".

L'autre affirmation de Boris Johnson est que le Rwanda est reconnu pour son accueil et son intégration des migrants. Qu'en est-il dans la réalité ?

Là aussi la déclaration de Boris Johnson est trompeuse.

En fait, le Rwanda n'en est pas à son premier accord d'accueil de migrants. Entre 2013 et 2018, Kigali avait une entente inofficielle avec Israël pour transférer des migrants érythréens et soudanais sur la base d'un départ dit volontaire.

Certains de ces migrants Erythréens expulsés se sont confiés à des chercheurs de l'Université d'Oxford. Ils ont expliqué qu'on leur avait saisi leurs documents d'identité à leur arrivée au Rwanda, avant d'être "transférées dans un hôtel surveillé" et d'être empêchés de partir. Le rapport note également qu'aucune personne interrogée "n'a eu la possibilité de demander l'asile".

Ces conclusions sont corroborées par une enquête du quotidien israélien Haaretz qui rapporte que de nombreux migrants ont été "arrêtés et emprisonnés" parce que justement, ils n'avaient pas de papiers. Beaucoup auraient ensuite quitté le Rwanda pour se lancer à nouveau dans le voyage vers l'Europe.

Enfin, plus récemment, le Rwanda a accepté d'accueillir des migrants bloqués dans des centres de détention en Libye dans le cadre d'un accord avec les Nations unies et l'Union africaine.

Là en revanche il n'y a pas eu pour le moment d'information sur de possibles mauvais traitements.

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