Afrique: Le lion et le trône, d'Augustin Komivi Nyuiava Mossi

L'histoire est assez insolite. Un lion qui se retrouve en zone forestière se trouve un peu en flagrant délit de violation des lois de l'écosystème. Remarque : nous ne parlons pas ici d'une bête de cirque, mais bel et bien d'un fauve à l'état sauvage. Un lion qui sème la panique au village, et la pagaille dans les champs. Il y a urgence...

Suspense. Dès l'entame de son roman, l'écrivain togolais Augustin Komivi Nyuiava Mossi a su planter le décor pour s'approprier le lecteur. Un village jusqu'ici paisible, des villageois qui vaquent tranquilles à leurs occupations champêtres, soudain... un lion ! C'est la panique générale, dans un premier temps, puis, après que le calme eût été relativement retrouvé, le branle-bas de combat.

Les hommes, les guerriers, la prêtresse Vivonsi et les fétichistes se préparent de concert, comme on s'apprête pour une guerre, à aller affronter le fauve dans la forêt. Y parviendront-ils ? C'est là même que nous allons vous laisser, sur votre faim, dans le but inavoué de vous inciter à aller vous-même chasser Le lion et le trône, et de le dévorer.

Outre son caractère fabuleux, le livre d'Augustin Komivi Nyuiava Mossi présente aussi divers intérêts. Un lecteur profane appréciera par exemple de connaître comment les paysans s'auto-régissent dans certains villages d'Afrique, ainsi que la stratification sociale dans certaines sociétés rurales, comme à Kpota, le village où se déroule notre histoire.

%

Il y a au sommet de l'autorité un chef, assisté de notables, puis il y a des guerriers, mais aussi des sorciers, grands maîtres de la magie noire et protecteurs du village sur le plan occulte. La croyance en les forces naturelles et mystiques est encore ici bien ancrée. On se blinde et se pare de talismans pour aller à la chasse, ou même chez un hôte redouté comme le chef, jaloux de la popularité de ses guerriers auprès de ses sujets, sa chasse gardée.

Et à ce titre, Le lion et le trône peut aussi être regardé comme un conte politique. Augustin Komivi Nyuiava Mossi conclut d'ailleurs son œuvre sur une pensée qui n'est pas sans rappeler une certaine actualité récurrente, relative à la succession des dirigeants ces dernières années dans plusieurs pays d'Afrique : " Que de vies humaines sauverait-on si on pouvait s'entendre sur une formule qui appellerait successivement à cette fonction [la fonction de chef du village] les représentants des trois familles antagonistes... ". À méditer.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.