Afrique de l'Ouest: La recrudescence des violences terroristes préoccupe de nombreux observateurs

Trois pays de la région - Mali, Burkina Faso et Niger - sont confrontés ces derniers mois aux activités meurtrières de groupes djihadistes liés à Al Qaïda et à l'Etat islamique qui menacent également de déstabiliser certaines nations du golfe de Guinée plus au sud dont le Togo et le Bénin. La situation se dégrade de plus en plus au moment où la force française Barkhane poursuit son retrait du Mali alors que la junte malienne rapatrie ses troupes de l'alliance militaire régionale.

Naguère donnés pour diminués, les djihadistes affiliés à l'Etat islamique au Sahel et d'autres groupes armés ont étendu leur champ d'action dans la région, signant leur présence par des massacres de civils. Ces violences font de nombreuses victimes dans la région : civils, employés des organisations non gouvernementales (ONG), soldats de la force régionale, casques bleus.

Au Mali, par exemple, en plus des morts enregistrés ces derniers mois, le gouvernement a attribué à la Katiba Macina l'attaque terroriste contre la population, intervenue dans la nuit du 18 au 19 juin, qui s'est soldée par la mort de 132 civils à Diallassagou et dans deux localités environnantes du centre du pays. Le massacre a eu lieu dans l'un des principaux foyers de la barbarie qui ensanglante le Sahel depuis des années.

Du côté du Burkina Faso voisin, les attaques djihadistes ne diminuent pas non plus, et la plus récente perpétrée dans la nuit du 11 au 12 juin contre le village de Seytenga (nord) a coûté la vie à 86 civils, un des plus lourds bilans depuis la prise de pouvoir de la junte militaire en janvier. Ce qui a contraint Ouagadougou à décider de la création de deux " zones d'intérêt militaires " dans la partie concernée où toute " présence humaine est interdite ", afin de lutter contre les violences djihadistes meurtrières.

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Selon un rapport d'une coalition d'ONG ouest-africaines, le nombre de civils tués dans des attaques attribuées à des groupes extrémistes a quasiment doublé depuis 2020 au Sahel central. Avant Seytenga, il y a eu les massacres - pour la plupart jamais revendiqués - de Tamalat (Mali, une centaine de morts en mars 2022), Ouatagouna (Mali, une cinquantaine de morts en août 2021), Tillia (Niger, 141 morts en mars 2021). Toutes ces localités sont situées dans la zone dite des trois frontières.

La situation ne s'améliorera pas avec la présence des mercenaires russes

" Jamais au Sahel, les massacres de civils ne se sont succédé de la sorte ", note un responsable onusien tenu à l'anonymat par les règles de l'organisation. " Du Gourma malien à la frontière Mali-Niger en passant par l'Oudalan (nord du Burkina Faso), les groupes terroristes sont là et s'étendent ", déplore, de son côté, un élu local malien s'exprimant sous couvert d'anonymat pour des raisons de sécurité. Une extension confirmée par le président du Niger, Mohamed Bazoum, et par Mathieu Pellerin, chercheur français spécialiste de la région, selon lequel la survie de l'Etat islamique " passe par son expansion ". Ce qui pousse la population de chaque pays concernés à organiser des marches pour réclamer la protection de son Etat.

Le retrait en cours des forces françaises et européennes du Sahel inquiète nombre d'acteurs, qui constatent une recrudescence d'activité des groupes armés. A ce sujet, les Nations unies ne cessent de tirer la sonnette d'alarme sur le vide sécuritaire créé par le départ des forces étrangères. De même, de nombreux observateurs se disent gravement préoccupés par la dégradation sécuritaire au Sahel.

" Depuis le début de cette année, nous avons constaté une détérioration de la zone des trois frontières avec des effets conséquents sur les régions de Ménaka et de Gao ", alors que la force Barkhane plie bagage, relève l'émissaire des Nations unies pour le Mali au Conseil de sécurité, El-Ghassim Wane. Pour sa part, le chancelier allemand, Olaf Scholz, qui a séjourné en mai dernier au Niger, pense que cette situation " ne s'améliorera pas avec la présence de mercenaires russes au Mali ". Berlin souhaite, de ce fait, " avoir une bonne coopération " avec d'autres pays dont le Niger " pour assurer la sécurité dans la région " où le nombre de personnes déplacées ne cesse d'augmenter.

Si le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont aux prises avec des insurrections djihadistes, il sied de noter que les Etats voisins comme le Ghana, le Togo et la Côte d'Ivoire s'inquiètent de débordements à leurs frontières. Quant au Bénin, il en a déjà fait les frais en février dernier après la mort dans le nord de neuf personnes, dont un Français, dans trois attaques à la bombe artisanale, les plus meurtrières dans le pays.

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