Madagascar: Justice pour Kevin

Jusqu'à quand allons-nous nous taire face à l'injustice ? Parce qu'il est clair que le mot " JUSTICE " n'existe pas à Madagascar. C'est tellement absurde de voir que l'on peut écoper d'une peine de 10 ans d'emprisonne-ment pour avoir soi-disant saccagé un bien public, de seulement 2 ans d'emprisonnement pour un viol (sous couvert d'une soi-disant " atteinte à la pudeur ") et de 8 mois avec sursis pour avoir tué quelqu'un.

Des fois même, les victimes se retrouvent à leur tour sur les bancs des accusés après retournement de situation. un médecin ne vient-il pas d'être acquitté au grand dam des victimes qui ont pourtant les preuves des violences sexuelles qu'elles ont subies ?

Les faits sont là. Mais malheureusement, comme beaucoup trop de cas, les faits sont interprétés au gré de celui qui " juge " bien trop souvent au-delà de l'entendement. Les faits sont tripotés, marchandés pour servir l'intérêt de celui qui met le plus de pression. Non, nous n'avons ni peur, ni honte de dire ce secret de polichinelle. " Atody miady amam-bato " (un œuf qui se bat contre un rocher) une expression qui revient forcément dans la bouche du petit peuple quand ils sont dans des affaires auprès de la justice.

Concernant l'affaire de Kevin, 3 mois après les faits le jugement tombe. L'auteur de l'accident s'en sort avec 8 mois de prison avec sursis. Les indignations se suivent car pour ceux qui connaissent l'affaire, les faits, cette décision cristallise l'injustice dans sa plus grande noirceur. Le syndicat des Magistrats de Madagascar est appelé à répondre, mais aucune réaction.

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Les réseaux s'enflamment, mais aucune réaction de la part de la " justice ". De l'autre côté, les insultes, les menaces, les pressions directes et indirectes envers la veuve de Kevin, mère de deux enfants en bas âge, continuent de plus belle. Ceux qui essaient de communiquer et de demander transparence sont aussi dans la ligne de mire de ses détracteurs.

8 mois avec sursis : comment peut-on être aussi injuste ? Certains disent de se résigner sous prétexte que c'est la norme à Madagascar ! Non, nous refusons que ce soit la norme. Ni à Madagascar ni ailleurs car nous avons des droits. Le droit de réclamer justice, le droit de réclamer la transparence, une justice juste et incorruptible. Nous avons le droit et le devoir de faire respecter la loi par tous, peu importe leur grade, leur poste, leur fortune.

Nous avions fait confiance à la justice, et voilà comment on nous le rend. Nous sommes des citoyens, nous méritons qu'on prenne soin de nous, qu'on s'inquiète pour notre bien-être, qu'on se préoccupe de notre malheur. Parce que ce qui se passe avec l'affaire de Kevin n'est point un cas isolé comme nous l'avons démontré en préambule de ce texte. Des milliers de personnes, " le petit peuple ", chaque année subissent ce genre d'injustice à travers le pays. Ne méritons-nous pas l'attention de ceux qui sont en haut ? sommes nous insignifiants à un point qu'ils fassent mine de fermer les yeux et font la sourde oreille à chaque fois ?

L'égalité c'est le droit de ne pas dépendre exclusivement de la chance, ni de la malchance. C'est le droit égal, pour chacun, de faire ses preuves, d'exploiter ses talents, de surmonter, au moins partiellement, ses faiblesses. C'est le droit de réussir, autant qu'on le peut et qu' on le mérite. C'est le droit de ne pas rester prisonnier de son origine, de son milieu, de son statut. C'est l'égalité, de voir la justice juste et pure. C'est le droit de demander la justice, de ne pas en avoir peur et de croire que tout le monde peut l'avoir.

En mémoire de Kevin. que justice soit faite !

" Surtout, soyez toujours capables de ressentir au plus profond de votre cœur n'importe quelle injustice commise contre n'importe qui, où que ce soit dans le monde. C'est la plus belle qualité d'un révolutionnaire. " Ernesto Che Guevara.

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