Mali: Renouvellement du mandat de la Minusma sur fond de restrictions - Que veut cacher bamako ?

Des éléments des Casques bleus au Mali lors d'une tournée du Chef d’état-major de la Force de la MINUSMA, le Général Pierre-Joseph GIVRE, du 19 au 21 Mai 2021.

Réunis le 30 juin dernier, les membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont renouvelé le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) pour un an.

Si certaines conditions du Mali ont été prises en compte telles que l'abandon des vols français d'appui à la MINUSMA et la non- stigmatisation directe du Groupe paramilitaire russe Wagner, Bamako devra, en revanche, accepter certains principes des partenaires, notamment le respect des droits de l'Homme.

Car, il est mentionné noir sur blanc dans la résolution finale, la production d'un rapport trimestriel de la MINUSMA sur l'épineuse question des droits de l'Homme. Toute chose qui fait grincer des dents sur les bords du Djoliba. Mais que veut donc cacher Bamako en exprimant son insatisfaction par rapport à cette décision onusienne ?

En tant que bénéficiaire de ce renouvellement du mandat de la MINUSMA, le Mali devait plutôt s'en féliciter surtout que la poire semble avoir été coupée en deux. Mais au lieu de cela, Bamako fait grise mine. Faut-il voir dans l'attitude des autorités de la transition malienne, une volonté de ne pas respecter les droits de l'Homme ? Ce serait une grave erreur.

C'est vrai que dans cette guerre asymétrique, il est difficile pour ne pas dire impossible d'éviter des bavures, l'ennemi étant invisible et se confondant avec la population. Du reste, ne dit-on pas qu'il n'y a pas de guerre propre ?

Mais cela suffit-il à justifier cette posture des autorités de Bamako ? Assurément, non. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le Mali ne montre pas une réelle volonté d'œuvrer au respect des droits de l'Homme.

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On a comme l'impression que le Mali cherche à garantir l'impunité à ses brebis galeuses dans l'Armée et à ses alliés du groupe Wagner

Si les autorités maliennes se sont farouchement opposées à toute enquête indépendante après le massacre perpétré par l'armée malienne et ses supplétifs russes du groupe Wagner, à Moura, en fin mars dernier, c'est qu'elles ont sans doute des choses à se reprocher. Et c'est bien dommage car, dans ces conditions, il serait difficile d'avoir l'adhésion totale des populations.

Or, c'est la condition sine qua non pour vaincre l'hydre terroriste. C'est dire si Assimi Goïta et ses frères d'armes devraient revoir leur copie. Car, on a comme l'impression que le Mali cherche à garantir l'impunité à ses brebis galeuses dans l'Armée et à ses alliés du groupe Wagner dont les méthodes ne semblent pas épouser les principes fondamentaux du droit international humanitaire.

En cherchant à s'opposer à la liberté de mouvement et à celle d'enquêter de la MINUSMA sur les exactions commises sur les populations, Bamako n'envoie pas de bons signes. On est d'autant plus fondé à le penser que la mission première d'un Etat, ce n'est pas de violer les droits élémentaires de ses citoyens, mais plutôt de les protéger.

On ne doit pas, au nom de la lutte contre le terrorisme, tuer de pauvres innocents. Cela dit, il est utopique de croire qu'on peut souhaiter le renouvellement du mandat de la MINUSMA et tout ce qui va avec comme avantages pour le pays, et s'opposer aux principes fondamentaux de l'organisation onusienne qui paie les frais de cette mission.

Les autorités de la transition devraient donc savoir raison garder en ne rendant pas la tâche plus difficile qu'elle ne l'est déjà aux partenaires qui sont au chevet du Mali depuis près d'une décennie.

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