La réforme de la Constitution est dans les tuyaux de l'Assemblée nationale depuis un mois en Centrafrique, et le débat est vif, car la révision du texte de 2016 aurait pour conséquence de permettre à Faustin Archange Touadéra de briguer un 3e mandat à la tête du pays. Cette réforme peut être approuvée, soit par la voie parlementaire - ce qui est décrié par l'opposition qui souligne qu'en l'absence de Sénat, l'Assemblée seule ne peut modifier la loi fondamentale - soit par référendum. C'est la solution qu'a proposé jeudi Fidèle Gouandjika, le ministre conseiller spécial du chef de l'Etat, sur l'antenne de RFI. Des propos qui font réagir.
Selon Fidèle Gouandjika, " ce que veut le peuple souverain, c'est une nouvelle Constitution et non une modification simpliste d'une Constitution qui a été mal écrite ". Ce qui justifie, selon lui, le recours au référendum.
Mais pour le juriste et opposant Dominique Erenon, peu importe la voie utilisée, cette révision est une diversion pour la population. " Les préoccupations des Centrafricains sont ailleurs : la sécurité, l'autorité de l'Etat, les problèmes d'eau et d'énergie... Il n'y a pas de carburant mais on nous brandit plutôt la volonté de réviser la Constitution. Les Centrafricains attendent des formes plus efficaces de la gouvernance publique pour que leur quotidien, que leur vie change. "
Même réaction du côté de la plateforme de la société civile G16 : son porte-parole Ben Wilson Ngassan trouve cette proposition incohérente, alors que les élections locales ont été reportées sine die. " Aujourd'hui, on nous dit qu'il n'y a pas d'argent dans le pays pour organiser les élections locales mais il y a quand même de l'argent pour organiser le référendum constitutionnel. Cela en dit long sur la volonté du pouvoir en place de se maintenir coûte que coûte aux affaires. "
Du côté du Front républicain, organisation de la société civile proche des autorités, on estime au contraire que les propos de Fidèle Gouandjika " cadrent parfaitement avec la demande d'ouvrir une consultation populaire " sur la Constitution.
Ce vendredi, une autre organisation de la société civile, la COSCIPAC, appelle à une mobilisation pour demander la démission du chef de l'Etat Faustin Archange Touadéra. La manifestation est interdite pour des raisons de sécurité. La société civile proche du pouvoir et favorable à la révision de la constitution, a, elle, décalée sa manifestation à vendredi prochain.