Madagascar: Faire de la biodiversité un moteur de développement économique et social

Antananarivo, Madagascar

Faire de la biodiversité unique de Madagascar un moteur de développement tout en la préservant, c'est la question qui a animé, pendant deux jours, les participants au forum sur le capital naturel, organisé par le réseau Nat Cap Madagascar qui regroupe 40 membres et qui s'est clôturé le vendredi 1er juillet.

Entités gouvernementales, société civile, secteur privé et bailleurs de fonds, entre autres, se sont réunis pendant deux jours à Antananarivo, la capitale ayant comme objectif, celui d'établir une feuille de route pour sauvegarder et valoriser les ressources naturelles de la Grande Ile de manière à ce qu'elles contribuent au développement économique et soient bénéfiques pour la population.

Le forum s'est organisé dans un contexte où les ressources naturelles et la biodiversité de l'île sont soumises à des pressions sans précédent. Au total, 80 à 90% des forêts ont été détruites au cours de ces soixante dernières années, selon les chiffres du ministère de l'Environnement qui parraine cet événement.

" Concilier préservation de l'environnement, du capital naturel et développement économique, c'est vraiment un défi, d'autant plus que nous sommes un pays à forte majorité rurale et paysanne qui dépend des ressources naturelles dans leur vie au quotidien. On a beaucoup parlé du rôle de l'État, c'est-à-dire mettre en place, notamment, des cadres incitatifs pour que le secteur privé puisse vraiment s'investir dans cette croissance verte. ",souligne Mamitiana Andriamanjato, directeur de cabinet du ministère de l'Environnement.

La mise en place d'incitations fiscales et d'un cadre réglementaire pour la protection des investissements qui valorisent le capital naturel font partie des conclusions de ces deux jours de discussions.

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L'une des solutions retenues pendant ce forum est celle de cartographier les alternatives économiques qui fonctionnent au niveau des communautés locales et les répliquer à plus grande échelle, comme l'agro-écologie. Elle permet, notamment, dans le sud-ouest de Madagascar, d'améliorer le revenu des pêcheurs, tout en réduisant la pression sur les stocks de poissons.

" L'exemple concret qu'on est déjà en train de mettre à l'échelle, c'est l'algoculture, c'est-à-dire la production d'algues pour produire du carraghénane, utilisé dans les glaces, les produits cosmétiques, etc... et très demandé au niveau international. Il y a une compagnie justement à Madagascar qui collecte, transforme et exporte ce produit. Nous collaborons avec cette entreprise appelée Ocean Farmers, basée à Tuléar, sur la côte ouest de Madagascar. On a commencé dans le sud et nous avons vu qu'il y a une augmentation rapide des ménages qui veulent intégrer ce système d'algoculture. Ça leur apporte environ 300 000 ariary par mois[NDLR : 70 euros. Le revenu minimum à Madagascar est de 47 euros]de revenu supplémentaire. Donc ce que nous faisons, c'est vraiment lier les producteurs locaux avec le marché. Maintenant, nous nous étendons vers le nord-ouest. La société privée apporte l'expertise, le matériel, accompagne les producteurs dans la culture d'algues. Il y a un impact rapide et c'est important pour les communautés locales qui sont vulnérables et pauvres ", explique Tiana Ramahaleo, directeur de conservation au Fonds mondial pour la nature à Madagascar, l'un des organisateurs de ce forum.

Les participants ont aussi insisté sur l'augmentation des financements.

" Le budget alloué au ministère de l'Environnement a encore été diminué cette année. Nous sommes à moins de 1 % du budget de l'Etat alors qu'on prône sans arrêt cet intérêt général de l'environnement mais on ne se donne pas les moyens de nos ambitions. Il est vraiment nécessaire qu'on mette le rang de l'environnement à un niveau qu'il mérite, par exemple en tant que ministère rattaché à la présidence ",indique Ndranto Razakamanarina, président de la plateforme environnementale Alliance Voahary Gasy.

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