Madagascar: 20 ans du TIM - Ravalomanana reconnaît ses erreurs

L'apogée de la célébration du 20ème anniversaire du TIM s'est tenue à Behoririka, samedi. Dans une longue allocution, Marc Ravalomanana a présenté des excuses publiques pour ce qu'il indique comme ses faiblesses.

Mea culpa. Si ce n'est pas le cas, ça y ressemble. C'est ce qu'a déclamé Marc Ravalomanana, ancien président de la République, devant l'assistance présente au Magro Behoririka, samedi. Une assistance venue pour assister à la cérémonie marquant les 20 ans du parti "Tiako i Madagasikara" (TIM).

Fondateur et président national du TIM, l'ancien Chef d'État, plus que le parti, a été la star de l'événement. Il a fait le show durant près d'une heure. Il a, néanmoins, accordé quelques secondes de sa longue allocution pour présenter "des excuses publiques". Un mea culpa sur ce qu'il désigne comme "ses faiblesses". À suivre son discours, ses excuses ont été adressées à ses compagnons politiques et ses anciens adversaires. "Comme tout être humain, j'ai mes faiblesses. Je m'en excuse ici, publiquement (... )", déclare-t-il alors.

Dans la liste de ces "faiblesses", qui selon lui, doivent être interdites de la part d'un leader politique, Marc Ravalomanana cite le fait de "le mensonge, parler ou critiquer la religion d'autrui, d'accabler, humilier quelqu'un publiquement". De prime abord, il a évoqué quelques-uns des griefs que lui reprochent certains de ses anciens fidèles. Lorsqu'il a été défait de la présidence de la République, en 2009, ses dérives autoritaires, sa tendance à intimider les opérateurs privés, ou encore, à confondre les affaires d'État avec celles de son entreprise, TIKO, ont été des arguments privilégiés par ses détracteurs.

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Samedi, dans sa longue allocution, Marc Ravalomanana est parfois retombé dans ses travers. Il a pesté contre le refus de grands hôtels de capitale de recevoir la cérémonie d'anniversaire du TIM, au motif "de consigne pour ne pas accepter les partis d'opposition". Sur sa lancée, il a tenu des propos allusifs à l'endroit "des opérateurs, propriétaires d'entreprises", et leur mettant en garde en soutenant, "faites attention puisque la roue tourne". Il s'est toutefois ravisé en ajoutant, "heureusement que nous n'y sommes pas allés, puisque leur capacité d'accueil n'aurait pas suffi".

Au fil de son discours, le patron de l'empire TIKO a, du reste, confondu à quelques reprises, le sigle TIM avec celui de son entreprise. Cette propension à considérer le parti politique comme sa propriété personnelle est, également, un sujet qui fâche chez certains de ses anciens camarades politiques. À l'occasion du 20ème anniversaire du TIM, tous ces griefs ne sont plus que de l'histoire ancienne pour les ouailles de Marc Ravalomanana, vraisemblablement.

Ratisser large

L'excuse publique présentée par l'ancien Président, samedi, a pour objectif de rassembler ses anciens, actuels partisans, mais aussi, convaincre de futurs. "J'ai conscience que ce sont ces ressentiments causés par ces petites choses involontaires ou volontaires qui ont causé des séparations", indique-t-il alors. L'appel au ralliement lancé par Marc Ravalomanana a ainsi été entendu par ses anciens fidèles. Depuis quelque temps, plusieurs de ceux qui sont allés voir ailleurs sont revenus au bercail.

Parmi les membres fondateurs du " Tiako i Madagasikara", Raharinaivo Andrianatoandro, est de ceux qui ont pris leur distance du cercle rapproché de Marc Ravalomanana et même du parti. Il est de ceux qui sont rentrés à la base, également. Il a ainsi porté la voix de la vieille garde des "pro - Ravalomanana", au Magro Behoririka, samedi. Appelant à laisser le passé au passé, l'ancien président du Congrès de la Transition (CT), a appelé le parti à se projeter dans l'avenir et faire de son passé "une motivation pour envisager son avenir".

Reconquérir le pouvoir est le leitmotiv martelé par le TIM. Une reconquête "qui peut se faire de différentes manières", harangue son chef de file, sans pour autant préciser le terme élection. Dans cette opération reconquête, le président national du TIM qui s'affirme comme le fer de lance de l'opposition veut ratisser large et martèle le mot "solidarité". La plateforme d'opposition RMDM lui a ainsi réitéré son allégeance, samedi. Même son de cloche chez Mohamed Rachidy, qui s'est présenté à la tribune au nom du Groupe Panorama.

Rivo Rakotovao, coordonnateur national du parti " Hery vaovao ho an'i Madagasikara" (HVM), lui aussi de partie à Behoririka, samedi, a également été parmi les orateurs. Les Bleus aussi sont ardemment en quête d'alliés pour légitimer leur revendication de la tenue d'une concertation nationale, avant l'élection présidentielle. Une ligne qu'ils partagent avec le TIM. Dans ce sens, l'ancien président du Sénat, lui aussi, a demandé de laisser le passé au passé.

L'épisode où le HVM, lorsqu'il était au pouvoir, a placé Marc Ravalomanana en résidence surveillée, à Antsiranana, semble avoir été oublié, effectivement. S'agissant de la politique, c'est l'intérêt qui prime. Reste à voir qui mènera la danse de l'opposition. De ses 20 ans et plus en politique, Marc Ravalomanana a la réputation de ne pas accepter de jouer les seconds rôles.

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