C'est une affaire gravissime. Écoutant Sherry Singh sur les ondes de "Radio Plus", le mot qui s'impose est en effet : tsunami. C'est une véritable lame de fond.
De toutes les fautes que les Mauriciens reprochent au Premier ministre, aucune n'apparaît aussi condamnable que l'accusation de l'ancien CEO de Mauritius Telecom : une tentative, révèlet-il, d'espionnage de ce que se disent les citoyens sur l'Internet. Singh donne comme principale raison de sa démission une proposition du Premier ministre d'installer au sein de Mauritius Telecom un système de surveillance des échanges Internet des Mauriciens, dit "sniffing", au profit d'une instance non identifiée. Un système illégal, immoral, illégitime. J'ai du mal à imaginer que Singh serait devenu mythomane. Le reste des révélations de Singh est la confirmation de ce que les Mauriciens dénoncent depuis des mois : le clientélisme, le favoritisme, le noubanisme.
L'action de Singh mérite d'être saluée. On peut compter sur les doigts d'une seule main les Mauriciens disposés à démissionner d'un poste aussi prestigieux et aussi bien rémunéré sur une question de principe de cette nature. Sauf que Singh a trop dit pour ne pas tout dire. Pour mesurer la gravité de sa dénonciation, il est indispensable de connaître l'identité de cette "third party" espion.
C'est Singh lui-même qui s'est placé au pied du mur.