Une opportunité pour booster l’économie circulaire - Recycler 280 tonnes de déchets plastiques produits par jour
La saison des pluies et son lot d’inondation meurtrière et dévastatrice dans le District d’Abidjan et partant dans plusieurs villes ivoiriennes, achèvent de convaincre qu’il urge de mettre en place, une politique vigoureuse de gestion des déchets solides.
Particulièrement dans la capitale économique ivoirienne où les sachets plastiques, après les pluies diluviennes, en rajoute à la pollution de l’environnement. Selon, M. Bouaké Fofana, ministre de la Salubrité et de l’hydraulique, qui a lu la déclaration du gouvernement à l’occasion de la Journée mondiale des déchets plastiques, qui a lieu tous les 3 juillet de chaque année, « Chaque année, les océans du monde reçoivent plus de 8 millions de tonnes de plastiques, constituant une menace pour les espèces aquatiques.
Par ailleurs, le rejet de ces sacs dans la nature est préjudiciable au développement du tourisme, de la pèche et des activités nautiques. Pour une utilisation d’à peine quelques heures, un sac plastique mettra 400 ans pour se dégrader dans la nature ; dans le même temps, il nuit à la qualité des sols et des ressources aquatiques. Il contribue à provoquer des inondations et est source d’insalubrité dans nos espaces de vie »
Quid de la situation en Côte d’Ivoire?
En Côte d’Ivoire, les conséquences négatives de l’utilisation des sacs plastiques sur l’environnement, le cadre de vie et la santé ne font plus l’objet de doutes. En effet, les données du ministère ivoirien de l'Environnement et du Développement durable indiquent qu’il est produit en Côte d’Ivoire, «plus de 40 000 tonnes de déchets plastiques chaque année.
Plus de 50 % de ces déchets sont évacués directement dans les rues, tandis que moins de 20 % sont triés et recyclés ». Ce qui en rajoute entre autre, à la pollution de l’environnement à Abidjan, pôle industriel et économique par excellence. Rappelons qu’à Abidjan, il est produit plus de 280 tonnes de déchets plastiques chaque jour.
Seulement 5% environ sont recyclés, le reste se retrouvant surtout dans les sites d'enfouissement des collectivités à faible revenu. Face au désastre, il urge de booster davantage l’économie circulaire déjà implémentée par M.Beugré Mambé, le gouverneur du District d’Abidjan des industries et le Système des Nations Unies. Profitant de la tribune à lui offerte à Abidjan, à l’occasion d’un point presse, le 16 mai 2022 à la faveur de la Cop 15, il a relevé que l’économie circulaire est une réponse pertinente à la lutte contre la dégradation de l’environnement.
« L’économie circulaire est de dire que rien dans la vie ne meurt. Tout se transforme. Cette économie permet de stabiliser la consommation, de l’améliorer et de faire en sorte qu’on impacte le moins possible l’environnement. Elle permet de lutter durablement contre la dégradation de l’environnement », avait déclaré le ministre gouverneur du District d’Abidjan. Pour lui, « l’économie circulaire est un modèle économique qui vise à réduire le gaspillage des énergies et des ressources, à rallonger la durée d’usage des biens de consommation et à redonner une nouvelle vie aux déchets.
Autrement dit, c’est un programme de recyclage ou de réutilisation d’ordures ménagères » Concrètement, la mise en œuvre dudit programme, est déjà en cours, avec la mise sur pied d’un site pilote à Abobo pour la valorisation des biodéchets, la création d’un centre de collecte des eaux de pluie pour l’irrigation, la sensibilisation des élèves sur les enjeux de l’économie circulaire.
L’économie circulaire est également une source de création d’activités et d’emplois au profit des jeunes et des femmes. Le responsable du District d’Abidjan, exhorte l’ensemble des collectivités à s’engager dans l’économie circulaire afin d’améliorer la richesse et le bien-être des populations. Bien plus, les retombées sont nombreuses pour l'agriculture ou l'agro-industrie.
L’économie circulaire pourrait contribuer au recyclage des innombrables sachets plastiques qui jonchent les campagnes africaines et réduisent la productivité agricole et cause la mortalité du bétail, mais aussi qui polluent les cours d'eau et océans, provoquant d'importantes destructions de poissons. Les périphéries des grandes villes croulent sous les plastiques alors que l'agriculture et l'élevage péri-urbains se développent.
Consolider les acquis…
En 2019, le Fonds des Nations unies pour l’enfance,( Unicef) a annoncé une bonne nouvelle pour la Côte d’Ivoire : aller de l'avant, avec son partenaire colombien Conceptos Plasticos, dans son projet de recyclage d'emballages plastiques pour fabriquer des briques pour construire des écoles en Côte d'Ivoire. S'agissant du projet, « son potentiel est triple », avait expliqué la directrice exécutive de l'Unicef, Henrietta Fore : « davantage de salles de classes pour les enfants en Côte d'Ivoire, moins de déchets plastiques dans l'environnement et des sources de revenus supplémentaires pour les familles les plus vulnérables .
Dans la foulée, l'Unicef avait annoncé construire neuf nouvelles salles de classe en plastique recyclé venu de Colombie pour 450 élèves du primaire et du préscolaire à Gonzaville, un quartier Abidjan, à Divo (Sud) et Toumodi (Centre). L’objectif étant de construire 500 salles pour plus de 25 000 enfants sur les deux prochaines années. Une façon aussi de rendre le monde rural un peu plus attrayant pour ceux qui auraient des velléités de venir -revenir- à l'agriculture.
Le 30 juin 2022, le Gouvernement a mis en place un comité bipartite (Gouvernement - Mairie), avec les maires des dix communes du district d’Abidjan. Ce pour mieux adresser la problématique de l’inondation et ses effets collatéraux. Pourquoi ne pas consolider les acquis comme indiqué plus haut et faire du recyclage des sachets plastiques une autre source de revenu additionnel pour les collectivités aux budgets très réduits d’une part, et pour une certaine frange de la population dont les femmes d’autre part ?