Guinée: L'État Guinéen veut-il rompre avec Rio Tinto et Wcs dans le projet Simandou? - "Des sociétés responsables, riches et... sont à l'attente", annonce le ministre des Mines

Developing iron-ore mining in Guinea.

Simandou va être développé avec ou sans Rio Tinto-Simfer ou Winning Consortium (WCS). C'est l'une des phrases fermes, prononcée hier soir par Moussa Magassouba, ministre des Mines et de la Géologie.

C'était au journal télévisé sur les ondes de la RTG Koloma, où l'occasion lui a été offerte pour apporter plus de précisions sur le communiqué relatif à l'arrêt des activités du gigantesque projet de Simandou, avec plus de 1,8 milliard de tonnes et d'une teneur en fer supérieur à 65,5%. Cette décision selon lui, s'explique par le nom respect par ces deux partenaires, de l'accord cadre signés entre eux et notre pays pour la création d'une co-entreprise qui devrait développer ce projet. Toute chose qui a conduit la junte au pouvoir à sa tête le Colonel Mamadi Doumbouya, à ce nouveau arrêt de toute activité sur ce site, même si les deux parties ont déjà consenti des investissements dans ce projet stratégique. Explications :

" Dès la mise en place du Gouvernement de la transition par son Excellence Monsieur le Président de la République, il m'a instruit d'enclencher un développement du projet Simandou, d'abord son impact sur le développement socioéconomique du pays. C'est ainsi que j'ai immédiatement mis en place un comité interministériel, où tous les départements sont représentés, ainsi que des acteurs de la vie nationale et de la Présidence. Nous avons donc commencé à travailler individuellement avec chacune de ces deux (2) sociétés.

À l'époque, la leçon qu'on avait apprise, c'est que ces deux sociétés ne voulaient pas se parler et se regardaient en ennemis. Alors que pour nous, en tant que l'État Guinéen, nous pensions que l'envergure de ce projet c'est que, Rio Tinto dans ces études de faisabilité demandait 18 milliards de dollars et de l'autre côté, Winning Consortium demandait 15 milliards, pour un total de 33 milliards de dollars pour chacune de ces deux infrastructures aéroportuaires et ferroviaires. Nous avons vu que ce n'était pas possible, car il faut être pragmatique.

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C'est pourquoi le Chef de l'État a demandé à ce qu'on mette ces sociétés ensemble pour un co-investissement et un co-infrastructurel. Les discussions ont évolué, cependant les sociétés n'ont pas accepté de se parler l'une à l'autre. C'est ainsi que le 7 décembre dernier, le Président a invité les PDG de ces sociétés pour d'abord leur parler et leur demander d'envoyer les plans de développement, de co-développement et de co-investissement des infrastructures. Cette date butoire n'a pas été respectée. Ensuite ils ont dit le 01 février. Cette autre date n'a également pas été respectée. C'est à l'issue de ça que le Président a décidé de s'impliquer en personne dans ce projet Simandou, à cause de son impact. C'est en ce moment qu'il nous a demandé de négocier directement à la Présidence avec les deux partenaires, ce qui fut fait un 25 mars dernier, à l'occasion de laquelle l'accord cadre est né.

Cet accord donnait 60 jours à ces sociétés pour travailler avec l'État Guinéen afin de créer une co-entreprise qui devrait développer ce projet. La date butoire de cela était un 24 mai mais qui n'a pas été respectée. En tant que ministre des Mines, j'ai ajouté 10 jours supplémentaires et malheureusement rien n'a été respecté. En plein immersion à l'intérieur du pays, le Chef de l'État m'a demandé encore d'inviter pour une dernière fois ces sociétés, ce que j'ai fait avec le comité stratégique qui avait déjà été mis en place par le Président. Ce comité s'est réuni à son tour avec ces sociétés pour donner 14 autres jours supplémentaires mais en vain", a regretté le ministre Magassouba.

Dans sa communication, le premier responsable des Mines a martelé que l'État Guinéen n'ignore néanmoins pas la complexité de la création d'une entreprise. Cependant, dans le code minier aussi bien dans l'accord cadre, la République de Guinée a droit à 15% des revenus de ce projet, et sa participation est gratuite.

" Nous avons vu que malgré que cela soit signé dans l'accord cadre durant les récentes négociations, ces deux sociétés ne veulent toujours pas obtempérer. Avec la possibilité d'acheter 20% cette fois-ci la contribution de l'État pour un total de 36%, voilà ce que la loi Guinéenne dit, promulguée par l'Assemblée Nationale. Alors c'est une surprise que ces deux partenaires ont récemment décidé de faire table rase de cette provision. Faisant donc référence à ses prédécesseurs, le Chef de l'État actuel a dit alors que si le projet Simandou devrait se réaliser sous son leadership, il ne va jamais braver les ressources de ce pays. Avec le Président Alpha Condé, ils ont essayé mais Dieu la situation a changé. Le Président Doumbouya a été très clair. Il a dit que nous sommes indépendant depuis 1958 et ces ressources ont toujours été là. Que si on veut développer ce pays à partir de ces ressources, ça doit être dans l'intérêt supérieur de la nation. Que si tel n'est pas le cas, nous ne pourrons pas prendre la responsabilité historique et morale, pour que un jour nos fils nous demandent qu'es-ce qu'on a fait de Simandou ? ".

Rassurant la population Guinéenne qui fonde un autre espoir sur ce projet, le ministre des Mines et de la Géologie s'est exprimé en ces termes :" la porte reste toujours ouverte à nos deux (2) partenaires afin de revenir à de meilleurs sentiments, signer des statuts pour qu'ensemble qu'on puisse passer à la négociation. Sinon ce qui reste clair, Simandou va être développé avec ou sans Rio Tinto ou Winning. Des sociétés responsables, riches et capables financièrement et techniquement sont à l'attente. D'ici là, la population Guinéenne doit être rassurée que le projet Simandou à travers lequel le développement socioéconomique doit être fait, va être une réalité dans les années qui suivent. Nous allons mettre une fin à cela les jours à venir, mais nous voulons que les protocoles qui ont été signés dans ce sens soient respectés par nos partenaires. Ce projet doit être sauvé, il doit aller et il faut qu'il aille dans l'intérêt supérieur de la nation", a-t-il conclu.

Cette décision fermement prise, ouvre la voie aux séances de négociation entre la Guinée et ces deux partenaires quelle accuse " d'inertie " et de faire " obstruction " au développement dudit projet qui connait de nouveau un autre arrêt.

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