Burundi: Après un ultimatum, les enfants de rue risquent des poursuites pénales

Au Burundi, les plus de 7 000 enfants de la rue recensés dans le pays, ainsi qu'aux milliers de mendiants adultes et autres " vagabonds ", avaient jusque mardi 5 juillet pour abandonner des pratiques qui " détériorent " la culture burundaise, d'après un ultimatum lancé par le gouvernement. Le ministère en charge notamment de la Solidarité nationale et des droits de l'Homme a prévenu que les récidivistes pourraient être visés par de poursuites pénales.

Les récalcitrants qui ne vont pas cesser immédiatement une pratique que le ministère burundais ayant en charge la solidarité nationale et les droits de l'homme qualifie d'" ignoble " s'exposent désormais aux rigueurs de la loi. Celle-ci prévoit des peines pouvant aller jusqu'à 15 ans de prison.

Mais en réalité, les autorités ne veulent plus les voir dans les rues. Elles sont donc en train de préparer comme en 2018, des rafles systématiques de ces enfants de la rue, mendiants adultes et autres vagabonds, qui seront ensuite acheminés dans des centres de transit où ils seront triés avant d'être renvoyés dans leurs communautés d'origine. Mais déjà à l'époque, cela n'avait rien donné puisqu'ils étaient tous revenus au bout de quelques temps.

Ferdinand Ntamahungiro, coordinateur national de la Fédération nationale des associations engagées dans le domaine de l'enfance au Burundi (Fenadeb), déplore la mesure, qui devrait être "bien étudiée pour retirer ces enfants de la rue en respectant les droits de l'enfant " :

%

Ce qui est sûr est que le résultat n'a pas été satisfaisant, parce que ces enfants se sont toujours retrouvés dans la rue. Il y en a même qui, après avoir été déposés dans les centres, sont retournés automatiquement et sont arrivés à Bujumbura par les camions qui les avaient emmenés. Donc, en soi, c'est une opération qui nécessite de mesures d'accompagnement, pour que cette opération puisse réussir. On demande à ce que la mesure soit bien étudiée et qu'elle voie comment retirer ces enfants de la rue en respectant les droits de l'enfant et à ce que ces enfants ne puissent plus retourner dans la rue.

Ferdinand Ntamahungiro s'inquiète de cette stratégie choisie, alors que tous les intervenants dans le domaine, dont le ministère, avaient élaboré une stratégie pour leur retrait et leur réinsertion, mais qui n'est malheureusement pas suivie aujourd'hui.

Au Burundi, Ferdinand Ntamahungiro s'inquiète de la pénalisation des enfants de rue

Aucun responsable n'a voulu s'exprimer pour le moment, mais le gouvernement burundais a déjà prévenu : toute personne qui sera surprise en train de faire l'aumône aux enfants de la rue et autres mendiants s'expose aux mêmes sanctions pénales.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.