Burkina Faso: Blaise Compaoré de retour au pays

Peu nombreux à l'aéroport de Ouagadougou, les partisans de Blaise Compaoré donnent de la voix. Ils ne verront pas leur leader ; pas d'interview non plus pour la presse. C'est donc un atterrissage discret sans fanfare ni trompette officielle.

C'est à bord d'un hélicoptère militaire qu'il quitte la base aérienne.

Au-delà de la condamnation de l'ancien président Blaise Compaoré dans le dossier Thomas Sankara qui est plus une préoccupation de droit, de légalité, une frange de Burkinabè estime qu'il est tout à fait légitime qu'il s'implique dans la résolution de la crise sécuritaire que traverse le pays.

Le président de l'Union des jeunes Africains pour la paix et le développement Bouma Sylvain Thiéné estime sur la DW que "C'est vrai qu'il est condamné par la justice ; mais en Côte d'Ivoire, chez nos voisins, Laurent Gbagbo était condamné dans l'affaire du braquage de la BCEAO, pour la réconciliation et la paix, les Ivoiriens ont préféré le laisser vaquer tranquillement à ses occupations".

La rencontre avec les anciens chefs d'Etat critiquée

L'activiste Serge Bayala fait partie des Burkinabè mobilisés dans les rues de Ouagadougou en octobre 2014 pour exiger le départ de Blaise Compaoré. Pour lui, cette réunion [08.07.22] d'anciens chefs d'État autour du président Paul-Henri Damiba est une diversion :

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"Les règles des libertés pour les criminels de toute sorte sont régies par des textes. Pour le cas précis de Blaise, c'est un mauvais rendez-vous ; un prétexte de diversion lié à la médiocrité et à l'incompétence du MPSR. On fait la diversion pour l'envoyer sur la réconciliation. Pour nous, c'est une pure et solide diversion."

Maître Pacéré Tientaga est l'auteur de l'article 37 de la constitution limitant le nombre de mandats présidentiels. Le premier avocat du pays appelle les Burkinabè à dépassionner le débat relatif à la présence de Blaise Compaoré à cette rencontre au haut sommet de l'Etat.

"C'est un tour de force inimaginable dans le passé et même dans le présent ; mais à y réfléchir, c'est une idée géniale qui peut être salutaire", fait savoir l'avocat sur la DW.

Et il ajoute : "Dans un contexte où le Burkina Faso se trouve empêtré, dans une conjonction de multitude adversités, pour moi autant exploiter toutes les idées même les plus impensables. Je souhaite que tout le monde joue balle à terre et qu'on mette une parenthèse sur la venue du président Blaise Compaoré. La justice n'est pas au-dessus de tout. Ce qui est au-dessus de tout c'est la nation."

Comdamnés pour la mort de Thomas Sankara

De l'avis de certains analystes, la prochaine étape sera la libération du Général Dienderé, bras droit de Blaise Compaoré, condamné à perpétuité lui aussi dans l'affaire Thomas Sankara et compagnons.

Condamné à perpétuité dans le dossier Thomas Sankara et compagnons, Blaise Compaoré est tout de même invité par le président Paul-Henri Damiba à participer demain vendredi à une réunion des anciens chefs d'Etat du pays autour des questions d'intérêt national notamment sécuritaires.

Dans un communiqué, les avocats des ayants-droits de Thomas Sankara et de ses douze compagnons d'infortune exhortent les autorités judicaires à prendre leurs responsabilités en arrêtant et en déférant Blaise Compaoré.

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