Cameroun: TCS - L'audition des coaccusés de Mebe Ngo'o le précipite aux enfers

8 Juillet 2022

Les audiences se suivent et ne se ressemblent pas. Celle du 24 juin 2022, et relative à l'affaire de détournement présumé de deniers publics, et incriminant l'ancien ministre camerounais de la Défense (Mindef), Edgard Alain Mebe Ngo'o, n'est pas de nature à rassurer l'ancien baron du régime Biya. L'affaire enrôlée au tribunal criminel spécial ( Tcs) à Yaoundé, porte notamment sur un détournement présumé de deniers publics, de corruption et de blanchiment aggravé de capitaux.

Aussi le 24 juin dernier, le colonel MBOUTOU et le Maxime Mbangue, deux coaccusés de Monsieur MEBE NGO'O, ont-ils été auditionnés par le collège des juges du Tcs, constitué pour connaître de cette affaire de plusieurs milliards francs CFA prétendument détournés par le biais des marchés publics des matériels militaires.

En effet, les deux compagnons de misère de l'ancien Mindef. Restés prudents jusque-là afin de ne pas livrer à la détresse celui-ci qui fut tout de même leur "bienfaiteur", le colonel MBOUTOU et Maxime MBANGUE ont formellement fait savoir aux juges que, l'ancien Mindef Edgard Mebe Ngo'o, est le seul responsable de l'attribution des marchés publics ressortissant aux matériels militaires. Un volet important aux yeux des juges du Tcs.

Longtemps taiseux, Maxime MBANGUE a dû sortir de son flegme, pour déclarer que FRANCHITTI lui a fait confirmé l'existence effective, depuis la Délégation générale à la Sûreté nationale ( Dgsn), d'un deal de reversement d'une commission de 10% à Monsieur Mebe Ngo'o, pour tout marché attribué à ce prestataire.

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Une confession de FRANCHITTI qui est ainsi venu conforter l'accusation qui, durant les précédentes audiences, avait évoqué les déclarations directement recueillies auprès du fournisseur, par la justice française, agissant dans le cadre de la commission rogatoire internationale commandée par le juge d'instruction du Tcs.

Sollicité à l'audience du 1er juillet 2022 pour répondre aux questions de ses avocats, le colonel MBOUTOU, tout en réfutant la thèse selon laquelle il avait été arrêté en France avec un attaché-case rempli d'argent, a cependant reconnu avoir fait l'objet d'une interpellation suivie d'une garde-à-vue en France par l'Office central de lutte contre la grande criminalité financière pour, a-t-il tenu à préciser, son rôle joué dans l'attribution des marchés attribués à la société MAGFORCE au ministère camerounais de la Défense sous le magistère d'Edgard Alain MEBE NGO'O.

Cette double interpellation de l'ancien secrétaire militaire adjoint de Monsieur MEBE NGO'O à la fois par les juges français et camerounais au sujet des mêmes marchés, n'est pas de nature à assurer des lendemains sereins aux accusés, et spécifiquement à l'ancien ministre de la Défense Edgard Alain MEBE NGO'O.

Signalons que lors de son passage devant les magistrats, l'ancien membre de l'exécutif camerounais avait été incapable de répondre pour quel intérêt il avait insisté pour que la totalité de la somme de 293 milliards francs CFA soit payée à la société POLYTECHNOLOGY, alors qu'il avait entretemps revu à la baisse, les commandes d'hélicoptères et des patrouilleurs passées à cette entreprise de logistique et matériels militaires, en les passant respectivement de 6 à 4, et de 4 à 2, en violation des instructions du président de la République qui, avait prescrit des quantités bien déterminées pour ces équipements militaires majeurs.

Dans le même sillage, les mêmes questions posées à Monsieur MEBE NGO'O sur son intérêt à faire facturer à l'État les frais d'assurances et de transport des équipements commandés, alors que selon le contrat d'achat, il s'agissait des charges incombant au vendeur.

Sans doute que l'audience du 21 juillet 2022 sera plus palpitante encore, et pourrait s'avérer décisive dans l'affaire.

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