Cote d'Ivoire: PPA-CI - Le parti de Laurent Gbagbo, neuf mois après sa création, ne décolle pas, les militants n'adhèrent pas au projet !

C'était un pari audacieux. Il est passe de le rater, si ce n'est déjà fait. Neuf après sa création, la formation politique de Laurent Gbagbo- le Parti des peuples africains-Côte d'Ivoire -PPA-CI) prenne à prendre son envol.

C'est même un doux euphémisme de le dire, car la mayonnaise n'a pas du tout pris. En décidant de laisser l'enveloppe (du FPI), entendez une coquille vide, à Pascal Affi N'Guessan, le président statutaire de ce parti pour créer une autre avec la conviction de sa rallier à sa cause la base militante de la gauche, Laurent Gbagbo s'est totalement planté sur le coup. Les fruits n'ont pas tenu la promesse des fleurs.

Aujourd'hui, le constat est implacable : échec et mat. Sur toute la ligne. Les militants visiblement n'ont pas adhéré au projet, bien qu'il s'agisse de Gbagbo. Excepté quelques réunions ici et là des responsables, il n'y a rien de concret en termes d'actions et d'implantation. La communication tous azimuts, notamment dans les médias et les réseaux, masque une réalité bien triste pour les pro-Gbagbo. Jusque-là, le PPA-CI est quasiment inexistant sur le terrain.

Même les responsables des structures de ce parti ne daignent pas prendre les cartes de militants. De deux choses, l'une. Soit, ils ne croient pas vraiment en cette aventure. Soit, ils y sont pour de la figuration. En tout cas, la situation embarrasse, voire fâche l'establishment du PPA-CI qui vient, via une invitation qui sonne comme une injonction, de les sommer de prendre les cartes de membres.

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Et la menace est explicite : désormais pour participer aux réunions de haut niveau du Parti des peuples africains (PPA-CI) il faut brandir sa carte de militant. Sans celle, pas d'accès à la salle. Le titre et la fonction ne suffiront plus. Seule fera foi du militantisme des uns et des autres cette fameuse carte. Manifestement, en dépit de l'annonce à grand renfort de publicité de leur existence de ces cartes, les militants ne montrent pas d'enthousiasme à l'égard de ces cartes.

Et, selon nos informations, les agents commis à sa distribution se tournent les pouces au siège du PPA-CI, situé à Cocody Riviera 3, où ils passent le plus clair de leur journée à contempler les quelques militants qui s'y aventurent. L'opération " J'ai ma carte de membre PPA-CI " avait débuté le jeudi 03 mars 2022. Ce jour-là, pour donner l'exemple et surtout inciter ses partisans à imiter son acte, Laurent Gbagbo, leader du PPA-CI a reçu sa carte de membre.

Le lendemain, le président exécutif, Pr. Oulaye Hubert Marc-Arthur, lançait officiellement l'opération. L'équipe technique de la Commission électorale et application numérique (CEAP) du PPA-CI, sous la houlette de l'honorable Boli Gahoudi Saturnin et Étienne M'Ponon, vice-présidents de ladite commission, s'était déployée pour enregistrer le maximum de militants.

Les jours qui ont suivi, cette équipe dressait une liste de militants ayant acquis leur carte de membre du PPA-CI. Brandis comme des trophées de guerre, les noms des premiers militants à avoir acheté cette carte que sont Likikouet Odette Sauyet, Koné Katinan Justin, Zéréhoué Yoro Edouard, Bohui Paul Arnaud, Lia Bi Douayoua, Lorougnon Gnabry Marie-Odette, Kouassi Kouakou André, Kipré Stéphane, Toutou Toussaint, Gbagbo Michel Koudou, Dano Djédjé Sébastien avaient meublé le contenu de la presse proche de l'ex-chef d'Etat.

A dire vrai, ces hommes et ces femmes sont les dirigeants du PPA-CI lançaient ainsi, à travers cette action de communication, un appel du pied à leurs militants. Quelques-uns d'entre eux mordent à l'hameçon, mais la majorité des militants ne bougent pas. Et parmi eux figurent des responsables. Ce désintérêt témoigne du manque de flamme militante au PPA-CI.

Toute chose qui déboussole la direction du PPA-CI. Aux abois, elle opte, par la voix du deuxième vice-président du Conseil stratégique et politique (CSP) et porte-parole, Justin Katinan Koné, pour la contrainte, en faisant obligation aux membres des organes majeurs du PPA-CI ( CSP, comité de contrôle, secrétariat général, Inspection générale, CPP, Ecole du parti... ) de tout faire pour obtenir dans les jours à venir leur carte membre, le dernier délai étant fixé au samedi 9 juillet prochain.

Tous ceux qui ne se conformeront pas à cette recommandation seront contraints de se tenir loin des réunions de la haute direction du parti de Laurent Gbagbo. L'adhésion au PPA-CI devient ainsi presque obligatoire. Du jamais vu, pour un parti politique. Presque surréaliste. A la vérité, c'est le seul moyen pour ce parti de gonfler le nombre de ses militants, tant il peine à les convaincre. Le projet politique du PPA-CI, il faut l'avouer, est illisible.

Pour ne pas dire flou. C'est certainement cette absence de vision, encore moins de trajectoire claire et nette, qui a démotivé les pro-Gbagbo. Et le symbole le plus patent de cette déception est Laurent Gbagbo, qui, au lieu de rassembler sa famille politique, a fait le choix de la fractionner en trois branches : une première tenue par Gbagbo lui-même ; une deuxième par son épouse Simone qui n'a pas digéré la manière peu élégante de leur séparation ; et une troisième aux mains de Pascal Affi N'Guessan qui ne se fait plus prier pour brocarder son ancien mentor.

A cela s'ajoute la rupture entre Gbagbo et Blé Goudé, qui ne regardent plus dans la même direction. Comme en témoignent les récentes sorties médiatiques, pleines de sous-entendus, de l'ancien leader de la galaxie patriotique. Autre souci non moins important pour le PPA-CI : le manque de ressources. Les cadres rechignent, en effet, à mettre la main à la poche pour le financement des activités du parti. C'est donc dans cette grisaille que le PPA-CI patauge...

Sans militant ni argent, le PPA-CI est à la dérive... pour le grand bonheur des frontistes du FPI qui doivent, actuellement, rire sous cape. Dans le combat qui les oppose à leurs anciens camarades, ils mènent largement aux points. Et à cette allure, le knock-out n'est plus loin.

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