Sénégal: Série de meurtres et d'agressions - Touba tombe dans la psychose

9 Juillet 2022

Un sentiment d'insécurité règne à Touba depuis quelque temps avec une recrudescence des actes de violence. Entre crimes, vols, viols et agressions, la cité religieuse, réputée pour sa stabilité sociale, est au-devant de l'actualité.

Nd. Diop, une jeune collégienne, a perdu la vie il y a quelques jours à Touba. Le présumé meurtrier est son " petit ami ", un jeune âgé de 17 ans. Avant le meurtre de cette jeune élève, E. Thiam, menuisier métallique âgé de 14 ans, a été tué à " Gare Bou Makk ". Avant lui, il a été mis fin à la vie de M. G. Diouf avec une barre de fer. En l'espace d'une semaine, trois meurtres ont été répertoriés dans la circonscription de Touba. Cette série a fini par instaurer un sentiment d'insécurité chez les populations de la ville de Touba. Pourtant, la Police effectue régulièrement des patrouilles et des rafles dans la cité.

Cependant, la grande densité humaine n'aidant pas, les cas de meurtres se multiplient. Serigne Mbacké Mara, chef religieux et responsable du service de l'état civil de la commune de Touba, indexe la responsabilité parentale. Selon lui, elle est une des causes de ce phénomène dans la cité religieuse. " La responsabilité parentale est engagée. L'éducation des jeunes est une partie intégrante des solutions à ce fléau ", accuse-t-il. Cette éducation familiale faisant défaut, ces jeunes qui passent le plus clair de leur temps dans les rues deviennent de plus en plus violents. Ils s'accompagnent de jeunes plus âgés qu'eux qui les entrainent dans la délinquance.

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Président du Conseil communal de la jeunesse, Pape Niasse indique, pour sa part, que la fréquence des meurtres, agressions et scènes de violence à Touba mérite une large réflexion. Il considère qu'une grande agglomération comme Touba ne doit pas disposer que d'un seul Commissariat de police. En termes de démographie, Touba est la deuxième plus grande ville du Sénégal après la capitale, Dakar. Pire, le leader de la jeunesse de la commune informe qu'il y a de plus en plus de zones criminogènes dans la ville sainte. L'une d'elles est le quartier " Gare Bou Makk " où deux cas de meurtres ont été notés en l'espace de quelques jours. Une dame est décédée dans le même périmètre suite à un viol collectif perpétré par de jeunes délinquants qui fréquentent le quartier.

La peur rode à " Gare Bou Makk "

Aujourd'hui, les habitants de " Gare Bou Makk " ont la peur au ventre. Ils n'osent plus sortir de leurs maisons après le crépuscule, par peur d'être agressés par les malfrats qui rôdent dans la zone. Des zones comme Mbarya, à Madyana, ou la route de Darou Mouhty, appelée " Buntu Pikine ", à cause de la fréquence des agressions et du banditisme, sont aussi réputées dangereuses. " Nous demandons aux autorités de doter la Police de Touba d'effectifs et de logistique, pour une meilleure exécution de sa mission ", plaide M. Niasse.

Pour parer à cette situation de délinquance qui gagne des proportions inquiétantes dans la capitale du Mouridisme, le président du Conseil communal de la jeunesse estime que chaque grand quartier de Touba doit disposer d'un poste de police. " Badienou Gokh " (marraine de quartier) à Darou Tanzil, Mme Seynabou Fall invite l'État du Sénégal à déployer la Police et la Gendarmerie dans les quartiers, les villages et à l'intérieur de la ville de Touba. " L'insécurité a gagné du terrain, en commençant par les villages périphériques. Les agresseurs s'attaquent aux populations parce qu'ils savent que la Police n'a pas d'effectifs ni de véhicules pour faire face. Il faut qu'il y ait des patrouilles en permanence, avec des relances à chaque fois. De ce fait, l'insécurité, l'agression et les crimes pourront disparaître de notre chère cité ", plaide Mme Fall. Serigne Mbacké Mara, propose quant à lui le regroupement des dahiras " Safinatoul Aman " et " Khoudamoul Khadim " en " une force organisée comme une police municipale ", pour davantage contribuer à la sécurisation des populations de Touba et de leurs biens.

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