Madagascar: Escroquerie - Le " blanchiment foncier " très actif

Ces derniers temps, les affaires d'abus fonciers défraient les chroniques, et apparemment, les profiteurs du système ne cessent de s'inventer pour mener à bien (surtout à mal) leurs basses manœuvres.

Actuellement, une affaire en cours du côté d'Avaradrano, plus précisément à Lazaina, illustre parfaitement la manière dont s'y prennent les réseaux de " blanchisseurs " de biens fonciers, car il s'agit bien de blanchiment. Selon les explications d'une des victimes, il s'agit d'un terrain acheté par leurs parents en 1966, et le cadastre correspondant à ce terrain est en possession des acheteurs, mais un des enfants de ce vendeur a fait une déclaration de perte de ce cadastre, en sachant pertinemment qu'il n'est pas perdu.

Malgré le fait qu'il y ait déjà des infrastructures et une occupation sur ce terrain, et qu'une pré-notation a déjà été faite auparavant sur le certificat juridique, celui-ci a vendu le terrain à une tierce personne en décembre 2021, et avec une célérité étonnante, ce dernier a pu obtenir un certificat de situation juridique en son nom au mois de mai 2022, explique-t-elle.

Autorités de proximité. " Sur le papier, toutes les preuves que les acheteurs ont utilisées auprès des services publics semblent normales, ce qui aurait pu ne pas éveiller la méfiance de ceux qui ont traité leur dossier, mais c'est le point de départ des transactions qui est frauduleux, car il y a réellement mauvaise foi et revente de biens déjà acquis par des acheteurs antérieurs ", poursuit l'une des victimes.

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" Si les fokontany étaient dirigés par des personnes élues, ce genre d'imbroglio n'aurait pas pu prendre de l'ampleur, car les tentatives de ces escrocs auraient été tuées dans l'œuf, les autorités de proximité étant censées connaître les propriétaires, acquéreurs, occupants ou spoliateurs de terrains de leurs circonscriptions ". Malheureusement, les membres du fokontany à Lazaina semblent être plus complices des acquéreurs de mauvaise foi que des propriétaires légitimes, selon certains habitants, les accusant même d'y trouver leurs intérêts. Il ne s'agit apparemment pas d'un cas isolé.

Exemplaires. C'est tout le système qui mérite d'être revu, car pour l'instant, la loi favorise implicitement les activités des personnes de mauvaise foi, en privilégiant ceux qui arrivent à mener à terme leurs procédures, alors que d'un côté, ces procédures ne sont pas à la portée de tout un chacun. L'adage " ny marina mitavozavoza tsy mahaleo ny lainga tsara lahatra " est plus que jamais d'actualité.

Quand on sait qu'il faut des mois pour obtenir un certificat de situation juridique, des mois voire des années pour régulariser les papiers auprès des services des domaines et de la topographie, et que c'est un vrai casse-tête pour le profane de naviguer dans le système judiciaire, on ne peut que soupçonner la célérité avec laquelle certaines personnes arrivent à obtenir leurs documents officiels et avec quelle arrogance elles s'en prévalent auprès des victimes. Les efforts du président de la République pour " nettoyer " le réseau mafieux dans le système foncier sont louables mais ils devraient s'accompagner d'actions exemplaires pour permettre aux citoyens malgaches de jouir sereinement de leurs biens.

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