Afrique: Lutte contre la corruption en Afrique - Des avancées au Burkina mais des efforts restent encore à fournir

11 Juillet 2022

Une foultitude de fléaux plombent aujourd'hui sérieusement le développement du continent noir. L'un d'eux est incontestablement la corruption. Et presque tous les pays de ce continent en souffrent énormément. C'est certainement pour faire barrage à ce phénomène qu'une journée de lutte contre la corruption a été adoptée à Maputo au Mozambique, le 11 juillet 2003, par l'Union africaine.

La convention est entrée en vigueur en 2006. Celle-ci a été ratifiée par le Burkina, le 29 novembre 2005. Le Burkina donc, à l'instar de bien d'autres pays du continent, a célébré cette journée le lundi 11 juillet 2022. Elle a été marquée par un message que le Contrôleur général d'Etat, Philippe Neri Kouthon Nion, a adressé aux Burkinabè. Dans ce message, ce dernier s'est réjoui de ceci : " Il y a toujours eu des hommes et des femmes, des institutions et des organisations décidées à faire feu de tout bois pour lui barrer la route, à la combattre dans tous ses retranchements, parfois au prix de leur vie... " Cet extrait du message du Contrôleur général d'Etat, est parlant : la guerre contre la corruption est une réalité au Burkina.

On peut être d'avis avec lui. On peut même renchérir en affirmant que le Burkina a enregistré des avancées significatives dans le domaine de la traque aux corrompus. Et cela a été rendu possible grâce d'abord à l'adoption de lois et de textes. On peut citer premièrement l'adoption de la loi n°004/2015/CNT du 3 mars 2015 dite loi anti-corruption, modifiée par la loi 033-018/AN du 26 juillet 2018. Deuxièmement, on peut évoquer la loi n°016-2016/AN du 3 mai 2016, relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme au Burkina. On peut enfin citer la loi n°05-2017 du 19 janvier 2017 portant création, organisation et fonctionnement des pôles judiciaires spécialisés dans la répression des infractions économiques et financières et de la criminalité organisée.

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Il est temps de lui déclarer une guerre totale et implacable

Cette loi vise à accélérer le traitement judiciaire des dossiers de corruption. Au plan législatif donc, un important boulot a été fait pour contrer la corruption. Et il faut avoir le courage et l'honnêteté de reconnaître que c'est la transition politique de 2015, qui s'est investie pour réaliser cette production. En tout cas, on ne peut pas lui faire le reproche de n'avoir pas posé les bases juridiques de la lutte contre le fléau. Et c'est en cela que certains observateurs de la vie politique du Burkina, ont estimé que sur certains aspects, cette transition a marqué un début de rupture avec le régime de Blaise Compaoré.

Outre les avancées qui ont été enregistrées aux plans législatif et réglementaire, on peut noter des acquis au plan institutionnel. Et comment peut-on ne pas rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ? En effet, on ne peut pas parler au Burkina, d'avancées dans la lutte contre la corruption sans relever l'apport de l'ASCE-LC (Autorité supérieure de contrôle d'Etat et de lutte contre la corruption). Et on peut se permettre de heurter la modestie de Luc Marius Ibriga, en disant que ce Contrôleur général d'Etat a fait véritablement bouger les lignes quand il était aux commandes de l'ASCE-LC. Dans le même registre, il faut rendre hommage au REN-LAC (Réseau national de lutte anti-corruption).

En effet, les corrompus ont une peur bleue de cette organisation de la société civile. Et pour cause : elle a toujours fait montre d'une démarche méthodique et scientifique dans sa lutte contre le fléau, si fait que certains corps de métiers, régulièrement pointés par le REN-LAC, ont été obligés, peut-on dire, de se remettre en question à l'effet de s'extirper du mauvais classement immuable annuel de cette structure. Il serait injuste de citer les auteurs qui ont mis un point d'honneur à batailler contre la corruption, sans mentionner le travail, ô combien considérable, des médias. En effet, ceux-ci ont contribué très souvent à lever des lièvres dans le domaine. Et les structures de contrôle se sont chargées de les poursuivre, à la grande satisfaction de tous ceux qui sont épris de bonne gouvernance.

De ce qui précède, on peut se résumer en disant que les avancées dans le domaine de la lutte contre la corruption au Burkina, sont incontestables. Mais il reste encore des efforts à faire pour autant qu'on veuille véritablement réduire le phénomène à sa portion congrue. Le Contrôleur général d'Etat a mis le doigt, dans son message du 11 juillet 2022, sur l'impunité des crimes économiques et financiers comme un des handicaps de cette lutte.

C'est pourquoi la nécessité se pose de faire en sorte que tous les crimes économiques et financiers déjà documentés, soient jugés et que les éventuels coupables rendent gorge. Les organisations de la société civile dignes de ce nom, comme le REN-LAC, doivent y veiller. Et l'on peut suggérer que tous ceux qui seront épinglés, soient déchus de leurs droits politiques et civiques. Et ce n'est pas cher payé. Car, la corruption a tellement fait du mal au Burkina, qu'il est temps de lui déclarer une guerre totale et implacable.

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