Burkina Faso: Décès de Dos Santos - Un riche héritage terni par la patrimonialisation du pouvoir

Président José Eduardo dos Santos
11 Juillet 2022
billet

L'ancien président angolais, José Eduardo Dos Santos, n'est plus. Il a tiré sa révérence le 8 juillet dernier en Espagne où il a été évacué pour des soins.

L'homme que pleurent les Angolais, a dirigé son pays d'une main de fer pendant 38 ans. On retient de lui, trois visages. Héros de l'indépendance, Dos Santos l'a été. En effet, c'est à 19 ans qu'il s'est engagé au sein du Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA), qui a combattu, aux côtés d'autres mouvements armés, les colons portugais, permettant ainsi au pays d'accéder à la souveraineté en 1975. Ce n'est que quatre ans plus tard, après l'indépendance de l'Angola, que Dos Santos a été porté à la tête du pays et ce, après la mort d'Agotinho Neto en 1979. " Zedu ", ainsi qu'on surnommait Dos Santos, est aussi présenté comme un faiseur de paix.

Car, à l'issue de la sanglante guerre civile qu'a connue l'Angola et qui a coûté la vie à plus de 500 000 personnes, il a travaillé à rabibocher ses compatriotes. Ce qui a permis à l'Angola de reprendre la place qui est la sienne dans le concert des nations, devenant ainsi l'une des destinations privilégiées des investisseurs étrangers, notamment les Occidentaux. Mieux, l'Angola, sous le magistère de Dos Santos, était devenu le deuxième pays africain producteur de pétrole et de diamant et qui, on s'en souvient, avait eu à voler au secours de l'ancienne puissance coloniale qu'est le Portugal alors en difficultés financières.

On comprend alors pourquoi le gouvernement angolais a décidé de rendre hommage à l'homme en décrétant un deuil national de cinq jours, tout en saluant " une figure historique qui a présidé pendant de nombreuses années, avec clarté et humanisme, aux destinées de la nation angolaise ".

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La fille de Dos Santos, Isabel, était présentée comme la femme la plus riche du continent africain

C'est tout simplement mérité, même si l'on reconnaît qu'après avoir ramené la paix en Angola et travaillé à réconcilier ses compatriotes, Eduardo Dos Santos s'est mué en véritable dictateur au point que sans jamais être élu, il a réussi, avec une maestria à nulle autre pareille, à garder le pouvoir pendant près de quatre décennies sans discontinuer. Et ce n'est pas tout. Car, lui et son clan ont fait main basse sur les richesses du pays si fait que l'Angola, en dépit de ses ressources, reste à la traîne en matière de développement. A preuve, la fille de Dos Santos, Isabel, était présentée comme la femme la plus riche du continent africain. Elle est cependant traquée par la Justice de son pays pour de nombreux scandales de corruption.

Quant à son frère, Filomeno, il croupit actuellement en prison pour des faits de corruption également. Pouvait-il en être autrement quand on sait que Dos Santos s'était laissé piquer par le virus de la patrimonialisation du pouvoir qui, très généralement, rime avec népotisme, favoritisme et passe-droits ?

C'est malheureusement ce visage hideux que beaucoup retiendront de Dos Santos qui, après plusieurs décennies de règne, a tout de même accepté de passer la main à celui-là que d'aucuns présentaient comme son homme-lige mais qui, une fois au pouvoir, a manifestement rompu les ponts. Certains ont vite fait de crier à la trahison alors que d'autres y ont vu un signal positif pour la gouvernance en Angola.

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