Mali: Arrestations de soldats ivoiriens à Bamako - Goïta ou le syndrome de la " complotite " aigüe

Des soldats ivoiriens
analyse

Dame rumeur, encore plus virulente à l'ère des réseaux sociaux, avait vite fait de les présenter comme des mercenaires venus en plein jour pour fomenter un coup d'Etat contre le colonel Asimi Goïta, le chef de la junte au Mali.

Moins de 24 heures après leur arrestation à l'aéroport international Modibo Keïta de Bamako le dimanche 10 juillet 2022, on en sait un plus.

Les 49 soldats de l'armée régulière ivoirienne sont venus en relève de leurs camarades en fin de séjour dans le cadre de la mission onusienne au Mali.

Arrivés par vol spécial, ils devraient participer à la sécurisation des sites de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), situés, entre autres, à l'aéroport de Bamako, ainsi que des entrepôts logistiques.

Les 31 hommes des forces spéciales et les 18 de l'armée régulière que nombre d'internautes maliens ont pris pour un corps d'expéditionnaires appartiennent en réalité au 8e détachement du National support element (NSE).

" Les pays contributeurs de troupes et de police (TCC/PCC) peuvent décider de déployer des NSE pour fournir à leurs contingents déployés des services administratifs et logistiques avec des normes nationales de soutien qui peuvent dépasser l'exigence énoncée par l'ONU ou différer de celle-ci. Le personnel supplémentaire viendrait s'ajouter à celui normalement envisagé dans l'état des besoins en unités/forces pour la mission spécifique sur le terrain ", prévoient en effet les textes des Nations unies.

La mésaventure aurait pu s'arrêter là, sauf que les autorités de la transition malienne étaient déterminées, sur fond de suspicion, à " clarifier " cette présence du contingent ivoirien sous prétexte d'abord que l'avion ne faisait pas partie des appareils autorisés à atterrir et ensuite pour défaut " de lettre de mission conforme ".

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Une situation qui rappelle celle vécue par des militaires danois de la force Takuba en janvier dernier, refoulés de Ménaka, au nord du Mali, au motif que leur demande de déploiement n'avait pas encore obtenu l'accord de Bamako.

Est-ce le même sort qui attend les bidasses venus de la terre d'Eburnie ?

En tout cas, le fait de les avoir conduits, dès leur descente d'avion, à l'école de gendarmerie " pour des enquêtes " est suffisamment grave et, pour sûr, ne va pas du tout arranger les relations déjà empreintes de méfiance entre la Côte d'Ivoire et son voisin malien.

En effet, on se rappelle la brouille entre les deux Etats suite à la fuite audio d'un appel téléphonique entre l'ancien Premier ministre malien Boubou Cissé et Alassane Ouattara. Celui-ci, considéré à tort ou à raison comme l'un des farouches opposants aux colonels des Bamako, semblait, lors de cet entretien, se délecter des conséquences des sanctions économiques et financières de la CEDEAO contre le Mali.

A cela pourrait s'ajouter l'exil doré du fils du président déchu Ibrahim Boubacar Kéita à Abidjan.

L'incident de dimanche dernier survient moins d'un mois après le renouvellement controversé du mandat de la MINUSMA.

Accusée d'exactions contre des populations civiles par de nombreuses ONG, la transition malienne s'oppose à la liberté de mouvement des Casques bleus en matière de droits de l'homme.

Tout porte à croire que le colonel Goïta souffre du syndrome de la persécution tant il est prompt à rejeter sur les autres ce qui relève de ses propres turpitudes.

Alors qu'après la levée des sanctions, l'on s'attendait à ce que Bamako s'évertue à revoir sa copie et à coopérer davantage et sainement avec les institutions communautaires sous-régionales, voilà que les vieux démons de la " complotite " agitent de nouveau le palais de Koulouba.

Cela dit, sans pour autant verser dans le chauvinisme sourcilleux qui a pignon sur rue sur les bords du Djoliba et dans bien d'autres capitales ouest-africaines, on peut s'interroger sur l'utilité véritable de cette MINUSMA.

A quoi, en effet, servent ses 13 000 et 2 000 policiers déployés dans le septentrion malien au regard de leurs résultats fort mitigés ?

Si c'est juste pour une opération de maintien de la paix et non pour traquer les terroristes, ce déploiement n'est pas loin de s'apparenter à du simple tourisme, comme certains dirigeants en accusent les contingents onusiens.

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