Afrique de l'Ouest: Présumés mercenaires ivoiriens au Mali - Kafka à Bamako

Les forces spéciales’’ ivoiriennes
analyse

Le nouveau président de la Commission de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), le Gambien Oumar Aliou Touray, a beau ne pas vouloir parler de crise, on a bien peur qu'elle ne soit déjà installée entre la Côte d'Ivoire et le Mali.

La guerre des déclarations, elle, fait en tout cas déjà rage.

Du côté ivoirien, après le communiqué du Conseil national de sécurité (CNS) de la veille, les autorités sont revenues hier à la charge. D'abord, le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, au sortir du Conseil des ministres et ensuite le conseiller aux opérations extérieures du chef d'état-major général des armées, le colonel Mahi Armand Guézoa, au cours d'un point de presse, qui ont tous rejeté point par point les accusations formulées par Bamako depuis dimanche.

Le Mali accuse en effet de mercenariat 49 militaires ivoiriens débarqués dimanche à l'aéroport Modibo Keïta Senou de Bamako avec armes et bagages, s'appuyant notamment sur des incohérences dans certaines formalités. Toutes choses que rejette fondamentalement Abidjan pour qui, ses soldats font partie du 8e contingent des Éléments nationaux de soutien (NSE) et disposaient d'un ordre de mission régulier.

Mais en vérité, on assiste à un véritable imbroglio politico-militaire où même une vache ne saurait retrouver son veau.

S'il ne s'agissait que des versions ivoirienne et malienne, on aurait pu encore démêler le vrai du faux. Mais hélas. Alors qu'on attendait une certaine clarification de l'ONU qui devait jouer dans cette affaire le rôle de témoin, on nage en plein doute.

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Alors que le porte-parole de la MINUSMA, Olivier Salgado, avait, dans un premier temps, confirmé l'appartenance du contingent à la NSE qui est une structure d'appui logistique à la force onusienne, des sources émanant du siège de l'ONU à New-York indiquaient hier le contraire.

De quel côté se trouve donc la vérité? Bien malin qui pourrait voir clair dans cette histoire véritablement digne d'un roman de Franz Kafka.

Ce qu'il faut craindre maintenant, c'est qu'après l'escalade verbale, l'incident diplomatique entre Abidjan et Bamako ne prenne une autre tournure.

Comme on le sait, les relations entre les deux pays sont loin d'être au beau fixe depuis l'arrivée au Palais de Koulouba du régime des colonels. Assimi Goïta et ses hommes voyant derrière les sanctions commerciales et financières qui avaient été prises contre le Mali par la CEDEAO la main d'Alassane Dramane Ouattara. Et pour ne pas améliorer les relations entre les deux pays, Karim Keïta, le fils de l'ancien président IBK a trouvé refuge en Côte d'Ivoire. Et voici que cette histoire de mercenaires vient créer un nouveau casus belli.

Maintenant qu'on en est là, la question se pose de savoir quelle issue sera trouvée rapidement avant que les choses ne dégénèrent.

Abidjan, rappelons-le, a demandé, et non exigé comme on l'a entendu, la libération sans délai de ses 49 soldats, mais force est de constater que pour le moment, ADO prêche dans le désert malien où il n'est pas encore entendu par son homologue malien.

Une chose est sûre, pas plus le Mali que la Côte d'Ivoire n'a besoin de cette crise qui vient s'ajouter à une situation qui était suffisamment préoccupante.

Vivement donc que la raison prévale de part et d'autre de la frontière ivoiro-malienne afin que la désescalade s'amorce très rapidement et que les deux pays puissent se consacrer à la seule bagarre qui vaille, celle contre le terrorisme qui continue de semer la mort, la désolation dans le Sahélistan et gagne le Golfe de Guinée.

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