Congo-Kinshasa: Les lanceurs d'alerte de l'enquête Congo Hold-up pourront poursuivre la BGFI en France

Congo Hold-up, une enquête de 19 médias et cinq ONG.

Jean-Jacques Lumumba et Guylain Luwere ont obtenu le droit de porter plainte contre la banque congolaise BGFI, au cœur de l'affaire Congo Hold-up, devant les tribunaux français. Une première victoire pour les deux anciens salariés de la banque qui avaient fait l'objet d'intimidations après avoir signalé des activités illégales.

L'affaire débute en 2019 quand les avocats de Jean-Jacques Lumumba et Guylain Luwere portent plainte en France contre la BGFI pour les menaces qu'ils ont subies. Jean-Jacques Lumumba reproche personnellement à sa banque de l'avoir intimidé et menacé lorsqu'il a signalé à sa hiérarchie, en avril 2016, des irrégularités et des malversations dans le cadre de son travail. Selon son avocat, Me Henri Thullier, ces menaces l'ont même " forcé à quitter la République démocratique du Congo pour trouver asile en France ".

C'est de ces faits que les juges français vont désormais pouvoir se saisir. Puisque le 29 juin dernier, deux arrêts de la Cour de cassation ont donné raison aux lanceurs d'alerte congolais. Comme l'explique Me Henri Thullier, directeur de la Plateforme de protection des lanceurs d'alerte en Afrique (PPLAAF), la justice française s'est fondée sur le droit européen : " Chaque pays doit appliquer ses propres lois aux étrangers qui résident sur son territoire ".

"MM Lumumba et Luwere avaient signalé, en interne à la BGFI au Congo, les malversations dont ils avaient été témoins afin de tenter de mettre un terme à ces activités qu'ils avaient jugées illégales, explique l'avocat. Et leur signalement n'avait pas été suffisamment pris au sérieux, puisqu'ils ont fait l'objet d'intimidations et de menaces qui, dans le cas de Jean-Jacques Lumumba du moins, l'ont forcé à quitter la RDC pour trouver asile en France. "

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" Le fond du dossier va pouvoir démarrer "

Cette décision inédite ouvre donc la voie à un procès au fond. Ce qui est soulageant pour Jean-Jacques Lumumba : " Le procès va pouvoir commencer et heureusement que l'affaire Congo Hold-up est arrivée et est venue confirmer beaucoup de choses que je disais déjà il y a plusieurs années. Et donc maintenant le fond du dossier va pouvoir démarrer, ce qui n'était pas sûr quand nous avions, avec les avocats, lancé ces procédures. "

En effet, ce dernier a quitté la République démocratique du Congo pour se réfugier en France en juin 2016, il ne pouvait donc plus mener d'action en justice au Congo, ni en France jusqu'à cette décision de Cour de cassation. Jean-Jacques Lumumba dit désormais attendre un dénouement judiciaire pour l'aider dans le combat qu'il mène contre la corruption en RDC.

Sur la base des révélations de Congo Hold-up, la justice belge a ouvert une enquête pour " corruption " visant l'homme d'affaire Philippe de Moerloose. Ce dernier aurait surfacturé des équipements, pour un montant global de 740 millions de dollars à la RDC à l'époque du président Joseph Kabila.

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