Burkina Faso: Ministère de la Justice - Le 80 00 11 50, un numéro vert pour dénoncer les éventuels cas de corruption

15 Juillet 2022

Pour le ministre, la cérémonie de lancement du numéro vert a un double sens : " elle vise, d'une part à donner un message fort à tout citoyen sur sa responsabilité à lutter contre le phénomène, et d'autre part, à permettre à tout un chacun d'informer l'Inspection technique des services de tous les cas de corruption détectés dans le secteur de la justice et des droits humains ".

Selon Me Barthélémy Kéré, la lutte contre la corruption émerge comme une des priorités majeures dans un contexte aussi complexe qu'inédit de la vie de notre nation. En effet a-t-il souligné, " depuis 2016, le Burkina Faso est victime d'attaques terroristes à répétition, dans diverses localités du pays. En plus du lourd et regrettable bilan humain, les conséquences d'ordre économique et financier sont énormes : ralentissement de la production de richesses, ralentissement des investissements, multiplication des cas d'urgence sociale à prendre en charge, etc. ".

Outre ces conséquences, a poursuivi le Garde des sceaux, les obligations traditionnelles de l'Etat de répondre aux besoins essentiels de la population et d'assurer la protection de leurs droits demeurent et deviennent, même, de plus en plus pressantes et difficiles à satisfaire, au regard des exigences croissantes des citoyens.

" Dans un tel contexte de raréfaction, l'utilisation rationnelle et efficace des ressources publiques s'avère un impératif de survie, si l'on veut réhabiliter le sens de l'Etat et du bien commun, prélude à la construction d'une démocratie sociale indispensable à l'avènement d'une société cohésive. C'est dire l'importance de poursuivre, avec détermination, la lutte contre la corruption dans la dynamique de renforcement de la gouvernance dans notre pays ", a déclaré Me Barthélémy Kéré.

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Au Burkina Faso, la corruption affecte tous les secteurs de la vie nationale, tant au niveau du public que du privé. En 2020, l'Index de perception de la corruption de l'ONG Transparency International, classait le Burkina Faso 85ème sur 180 pays au niveau international et 10ème dans l'espace CEDEAO.

Le ministre a fait observe qu'à l'instar de la plupart des structures administratives, le secteur de la justice subit les phénomènes de la fraude et de la corruption. En effet, selon les rapports du Réseau national de lutte contre la corruption (RENLAC) de 2017 à 2020, le secteur de la justice est régulièrement cité. Suivant le classement établi en fonction du degré de corruption perçu par les enquêtés, le secteur de la justice était au 10ème, 7ème, 9ème et 7ème place au plan national respectivement en 2017, 2018, 2019 et 2020.

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Face à ce fléau complexe qui touche tous les pays dans leur tissu social, politique et économique, les efforts entrepris par les Etats, pour la lutte contre la corruption, se sont traduits, au plan international et régional, par l'adoption d'instruments juridiques ainsi que par la mise en place de mécanismes de lutte contre ce phénomène aussi bien au niveau international que national.

Ainsi, conformément aux missions qui lui sont dévolues en la matière, le ministère de la Justice et des Droits humains, chargé des Relations avec les institutions a entrepris des actions, à travers, entre autres :

- l'organisation périodique de journées de sensibilisation sur la corruption en milieu judiciaire et pénitentiaire ;

- la création d'une Cellule anti-corruption (CAC) du MJDHPC et d'une Commission d'admission des requêtes (CAR) au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) ;

- l'implantation de boîtes à suggestions à l'entrée des Tribunaux de grande Instance (TGI), des Maisons d'arrêt et de correction (MAC) pour recueillir les plaintes et dénonciations en matière de corruption.

Le lancement du numéro vert, a noté le Garde des sceaux, intervient également à un moment où toutes les machines de l'Etat sont en éveil maximum afin de rendre inopérantes toutes les actions de corruption et de sanctionner tous les auteurs avérés de corruption ou d'infractions assimilées.

Il a relevé les instruction données par le Chef de l'Etat a au Contrôleur général d'Etat de l'Autorité supérieure de contrôle d'Etat et de lutte contre la corruption, de procéder en relation avec l'Ordre national des experts comptables et la Cellule nationale de traitement des informations financières, à un contrôle général de la gestion des structures de l'administration publique. " Le Conseil des ministres d'hier a instruit le ministre de la Justice Garde des sceaux, de prendre les dispositions, en rapport avec les Institutions concernées, pour rendre opérationnelle la Haute Cour de Justice.

C'est dire que le traitement de tous les cas de corruption avérés est une priorité pour notre pays en vue d'instaurer une gouvernance vertueuse au sein des structures publiques de notre pays ", a ajouté Me Barthélémy Kéré. Il a remercié le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour son soutien à l'opérationnalisation du numéro vert.

Quant à la représentante-résidente adjointe du PNUD, Isabelle Tschan, elle a félicité le ministère pour la mise en service du numéro vert et exhorté l'Inspections technique des service à donner suite à d'éventuelles dénonciations. " S'il n'y pas d'actions après les plaintes, la mise en place du numéro vert serait vain. D'où la nécessité de mettre en place un système efficace de traitement des plaintes accompagnée d'une procédure bien connue pour le traitement de toutes les dénonciations ", a soutenu Mme Tshcan. Elle a marqué la disponibilité du PNUD à accompagner le ministère dans la lutte contre la corruption en milieu judiciaire.

La cérémonie de lancement a également été marquée par une communication sur le thème : " Les prérogatives du citoyen dans la dénonciation des actes de corruption ", donnée par Diakalya Traoré, juge au TGI de Bobo-Dioulasso et expert dans les questions de lutte contre la corruption et les infractions assimilées.

Le panel a donné lieu à de riches échanges et des propositions pour renforcer la prévention et la lutte contre la corruption dans l'administration en général et en particulier dans les structures du ministère de la Justice et des Droits humains, chargé des Relations avec les institutions.

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