Madagascar: Des planteurs de vanille peinent à trouver des acheteurs

À Madagascar, alors que la campagne de commercialisation des gousses vertes a commencé il y a une semaine et demie (7 juillet) dans la Sava qui concentre 80 % de la production de vanille du pays, les acheteurs locaux, collecteurs et exportateurs, sont peu nombreux, déplorent certains planteurs.

Le prix minimum de l'épice a été fixé 75 000 ariary le kilo, environ 18 euros, par le gouvernement. Un prix pour rémunérer dignement les paysans, mais les acheteurs rechignent à acheter à ce tarif.

" Personne n'achète la vanille ici, sauf dans les marchés noirs où des paysans vendent leurs produits à 30 000 ou 35 000 ariary le kilo, ce qui n'est pas du tout rentable ", décrit un planteur d'une localité du district de Sambava.

Sur certains marchés contrôlés, l'ambiance est " tendue ". " Les paysans attendent les acheteurs ", décrit Jean Bosco Tombozara, président d'une association de planteurs vanille de la Sava. " À l'ouverture de la campagne, il y a eu des acheteurs au prix proposé par l'État. Ça se passait bien. Mais maintenant, c'est vraiment coincé ", continue-t-il.

Des paysans ont bloqué des routes en milieu de semaine pour montrer leur mécontentement. Une partie d'entre eux plaide pour une levée du prix minimum fixé par l'État pour les laisser négocier avec les collecteurs et les exportateurs.

" Les paysans aimeraient vendre à 75 000 ariary le kilo, mais ils ont aussi besoin de vendre leur vanille rapidement pour pouvoir subvenir à leurs besoins, surtout dans ce contexte d'inflation et d'augmentation des prix du carburant. Il y a aussi des problèmes d'insécurité et de vols de vanille. Donc, rester avec des stocks n'est pas rassurant ", poursuit le représentant des planteurs.

%

Une question vitale

Habituellement, de nombreux agriculteurs vendent une partie de leur récolte de vanille verte pour disposer d'une rentrée d'argent pour leur quotidien et gardent l'autre partie des gousses pour les préparer eux-mêmes et les vendre à un meilleur prix ensuite. " Le fait de ne pas pouvoir vendre de vanille verte crée beaucoup de problèmes. Il y a des paysans qui ont du mal à acheter de quoi manger et la pluie en ce moment n'arrange pas les choses parce que ça ne nous permet pas de préparer notre vanille ", témoigne Arsinode Ravista, planteur d'Amboangibe Sambava.

Pour débloquer la situation, les planteurs demandent, notamment, à l'État de décider du prix de la vanille préparée sur le marché local. Une inconnue qui freine les acheteurs, expliquent ces derniers. " Si les collecteurs achètent notre vanille verte 75 000 ariary, ils ne savent pas encore à combien ils vont la vendre après, ce qui leur pose problème. Cinq kilos de vanille verte donnent un kilo de vanille préparée ", indique Jean Bosco Tombozara.

Une frilosité des acheteurs qui s'explique aussi par la peur de ne pas pouvoir exporter les gousses puisque les agréments qui autorisent à vendre à l'international n'ont pas encore été délivrés par les autorités.

" L'État est intervenu pour rassurer les exportateurs. Nous avons déjà trouvé des solutions et le problème est résolu ", indique Lidorice Fahandriana Bemananjary, directeur régional de l'industrialisation, du commerce et de la consommation de la Sava. Ce dernier précise que la revendication des planteurs concernant la décision du prix de la vanille préparée sur le marché local a aussi été " enregistrée par l'État. "

La réception des dossiers de demande d'agrément à l'exportation de vanille est ouverte depuis le 15 Juillet, a indiqué le ministère de l'Industrialisation, du Commerce et de la Consommation.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.