Afrique: CAN 2022 Féminine - Ashleigh Plumptre, attraction du Nigeria

En quelques mois et une poignée de matches, Ashleigh Plumptre s'est imposée comme une des figures de l'équipe du Nigeria. La défenseure de 24 ans, née en Angleterre, est une des attractions des Super Falcons durant la Coupe d'Afrique des nations féminine au Maroc.

" Pourquoi Ashleigh Plumptre ne joue pas ? "... " Comment se sent Ashleigh Plumptre ? "... Les questions sont revenues inlassablement chez les journalistes nigérians durant une bonne partie de la Coupe d'Afrique des nations féminine (CAN 2022), organisée au Maroc du 2 au 23 juillet. C'est dire l'importance prise en l'espace de quelques mois par cette défenseure âgée d'à peine 24 ans, au sein d'une équipe pourtant triple championne d'Afrique en titre, onze fois victorieuse à la CAN, et qui compte des références à son poste comme Onome Ebi et Osinachi Ohale.

Après une première prestation solide malgré une défaite 2-1 face à l'Afrique du Sud, la pensionnaire de Leicester City (Angleterre) a en effet manqué les rencontres face au Botswana (2-0) et au Burundi (4-0). Elle est revenue en quart de finale face au Cameroun (1-0) dans un rôle à gauche inhabituel pour une joueuse aussi grande (1,80 m).

Une adaptation rapide

C'est que le sélectionneur du Nigeria, l'Américain Randy Waldrum, semble beaucoup compter sur sa gauchère. Et il n'est pas le seul. En l'espace d'un an, celle qui est née en Angleterre et a porté les couleurs de toutes les sélections anglaises de jeunes s'est fait une place à part chez les Super Falcons. L'intéressée, dont le grand-père paternel était Nigérian, a visiblement séduit partenaires et amateurs de ballon rond. " Au Nigeria, les fans s'intéressent à sa personnalité et au fait qu'elle tient à s'adapter réellement à la culture nigériane, explique Samuel Ahmadu, journaliste nigérian spécialisé en football féminin. Elle s'est très bien intégrée depuis qu'elle a rejoint l'équipe en 2021, lorsque le Nigeria effectuait un stage en Autriche. Elle a également réussi son intronisation dans l'équipe nationale où elle s'est faite remarquer. Elle a réalisé une danse lors de son intronisation où il y avait des chansons et de la musique nigériane. Tout le monde est devenu fasciné par son énergie ".

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La danse d'Ashleigh Plumptre lors de son premier stage en équipe du Nigeria.

Samuel Ahmadu estime par ailleurs que son baptême du feu sur les pelouses, le 18 février dernier en qualifications pour la CAN 2022, a bien aidé. " Il y a la façon dont elle s'est révélée compétitive à Abuja face à la Côte d'Ivoire, ajoute-t-il. Elle a fait un match fantastique. Tout le monde au Nigeria était très enthousiaste après sa performance. Vraiment personne ne s'attendait à ça, surtout face à une équipe adverse aussi solide et physique. Mais elle s'en est bien sortie et est devenue un point d'ancrage de l'équipe ".

De la Maison Blanche à la tunique verte

Aujourd'hui, Tim Plumptre, père et agent d'Ashleigh, soutient pleinement la décision de sa fille. " Ashleigh a pesé le pour et le contre par rapport au fait de renoncer à l'équipe d'Angleterre et à Arsenal et de préférer le Nigeria et Leicester City. Et les avantages l'emportaient de loin sur les inconvénients, assure-t-il. Ashleigh fait ce qu'elle veut avec le football et cela lui permet d'aider les autres à travers ses œuvres caritatives. Plus elle aura de succès avec le Nigeria, plus l'intérêt grandira. Mais Ashleigh en est bien consciente et est très expérimentée dans la gestion de la pression et des exigences en termes de temps ".

De fait, Ashleigh Plumptre a déjà une expérience riche et solide. Après ses années de formation anglaise, elle est allée suivre des études de biologie à Los Angeles. Durant cette période (2016-2019), elle a joué pour les Trojans de l'USC, une université californienne avec laquelle elle a été sacrée championne nationale 2016. Ce qui lui a d'ailleurs valu d'être invitée quelques mois plus tard à la Maison Blanche.

Après cette expérience américaine, la binationale a toutefois décidé de rentrer dans sa ville natale, aidant notamment Leicester à monter en première division anglaise et devenant vice-capitaine des Foxes. Puis elle s'est penchée sur son projet de représenter le Nigeria. Un choix payant puisque les Nigérianes viennent de se qualifier pour le prochain Mondial. " Pour nous, sa famille, c'est une période passionnante et nous sommes tous impatients de la soutenir, elle et son équipe, en Australie-Nouvelle-Zélande, pour la Coupe du monde féminine 2023 ", savoure Tim Plumptre.

Symbole de diversité

Pour autant, tout n'a pas toujours été rose pour Ashleigh Plumptre. Sur les réseaux sociaux, certains internautes s'interrogent sur sa présence chez les Super Falcons. A cause de son apparence ? Les joueurs métis sont plus répandus en équipe nationale masculine (Leon Balogun, William Troost-Ekong, Cyriel Dessers... ).

Une problématique au sujet de laquelle la jeune femme s'était ouverte, auprès de la BBC, quelques jours après la victoire face aux Ivoiriennes. " On a toujours supposé que j'étais blanche, a expliqué Plumptre. Je reçois beaucoup de messages et les gens remettent beaucoup en question mon héritage, mais je ne peux pas nécessairement les blâmer. C'est une question d'éducation ". La numéro 4 ne compte pas s'arrêter à ça, bien trop absorbée par son aventure avec le Nigeria.

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