Burkina Faso: Au-delà de la psychose

17 Juillet 2022

La Route nationale 1 (RN1), Ouagadougou-Bobo-Dioulasso, enregistre depuis un certain temps des agressions récurrentes à main armée.

Circonscrite dans la même zone, cette situation crée la psychose des usagers de cet axe reliant la capitale politique à celle économique, d'autant plus qu'après plusieurs forfaits, les auteurs courent toujours. Le 22 avril, le 7 juin, le 24 juin et ce 14 juillet, soit pratiquement toutes les deux semaines, les usagers de la route n'ont plus le cœur apaisé quand ils empruntent cette voie comme, du reste, la plupart des routes de notre pays.

Le phénomène du terrorisme commence à avoir des tentacules rendant plus complexe l'insécurité qui règne dans de nombreuses localités du pays. L'heure est grave et des réponses appropriées s'imposent. Les assauts malsains ont aussi concerné les axes Kongoussi-Djibo et Kaya-Dori où des ponts ont été dynamités dans le but d'interrompre le trafic et le ravitaillement, voire d'isoler les populations déjà éprouvées. Les auteurs de ces actes ignobles sont mus par un dessein d'asphyxier les derniers espoirs nourris çà et là après que les Forces de défense et de sécurité (FDS) ont pris du poil de la bête. Face à la création des zones d'intérêt militaire et à la réorganisation de la lutte anti-terroriste opérée par la session du Conseil national de défense et de sécurité (CNDS), les terroristes semblent avoir changé de stratégie.

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Leurs ardeurs à tout détruire et à isoler aussi bien les localités et leurs habitants interviennent à l'approche du seuil des cinq premiers mois que le Président du Faso, Paul-Henri Sandaogo Damiba, a donné pour un bilan des résultats de sa politique de lutte contre l'insécurité en général et le terrorisme en particulier. Au seuil de ce rendez-vous-bilan, le pays s'apprête à accueillir deux événements majeurs que sont la Semaine nationale de la culture (SNC) en novembre à Bobo-Dioulasso et le Salon international de l'artisanat de Ouagadougou (SIAO), en octobre, dans la capitale. C'est dire combien leur logique de tout saboter est bien ficelée. Ce rendez-vous de cinq mois parait un enjeu majeur pour les terroristes qui entendent se mettre dans une posture du maître du jeu qui impose une domination territoriale.

Car ils savent bien que les Burkinabè attendent de pied ferme ce premier bilan du nouveau locataire de Kosyam. Ceux-ci harcèlent de toutes parts dans la dynamique de réduire au maximum la portée des victoires tactiques des FDS et de saper, une fois de plus, le moral des troupes et des populations. Il faut que les Burkinabè se rendent à l'évidence que le combat imposé à leur pays est de longue haleine. La lutte contre le terrorisme, dont le caractère régional n'est plus à déterminer, requiert une mobilisation et une union tous azimuts. La menace sur les 274 200 km2 du territoire et la survie de ses habitants n'est plus un débat. A tel point que chacun est appelé à y mettre du sien, car, seul un peuple réconcilié et uni parviendra à venir à bout du phénomène. Le tandem FDS-populations est donc indispensable pour engranger des victoires probantes et durables.

Il faut de la complicité et une synergie d'actions dans la lutte, étant donné que la cause est commune et nationale. Elle concerne tous les habitants, toutes les localités, toutes les ethnies, toutes les communautés. Personne n'est à l'abri et ne doit se mettre en marge. Aussi, nos lieux de culte et nos différentes occasions de regroupement doivent servir de tremplin pour véhiculer des messages d'assurance, de paix et de cohésion. En plus de couper les principaux axes de communication du pays, les assaillants ne cessent de s'en prendre à ses principales zones de production. Au moment où la saison agricole bat son plein, des agriculteurs du grenier national, la Boucle du Mouhoun, ainsi que d'autres régions tels l'Est et les Hauts-Bassins, sont de plus en plus acculés, obligés d'abandonner leurs champs. Quand on sait le résultat mitigé de la campagne dernière avec son corollaire d'insécurité alimentaire, il faut craindre une famine si cette chasse contre les bras valides perdure. Ces moments sombres dans la vie de la Nation et celle de tout Burkinabè doivent donc constituer un tremplin pour s'engager individuellement et collectivement pour la cause nationale.

Il faut savoir raison garder, quand il y a péril en la demeure, pour sauver l'essentiel. Il est inconcevable que les héritiers des Voltaïques, qui ont su faire preuve d'unité pour lutter vaillamment contre le colonisateur de 1932 à 1947 pour la reconstitution de leur territoire, n'arrivent pas à taire, un tant soit peu, leurs divergences, à conjuguer leurs intelligences et leurs efforts pour bouter hors de leur pays un ennemi commun. Il est temps qu'un sursaut d'orgueil et de patriotisme habite chacun de nous. Il y va de l'avenir du Burkina Faso, voire de son existence. Il y va aussi de la survie des 20 millions de Burkinabè que nous sommes.

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