Tunisie: Corvéables à merci

18 Juillet 2022

La pression qu'exercent certains ministres sur les hauts commis de l'Etat frôle le seuil de l'intolérable.

Il est vrai que l'équipe gouvernementale a accepté cette charge dans un moment délicat marqué par des tiraillements politiques et des crises sociales, alors que les caisses de l'Etat sont vides. Il est vrai aussi que les objectifs escomptés pour leur exercice sont colossaux et qu'il faut un effort herculéen pour les atteindre. Il n'empêche que les cadres supérieurs des ministères, PDG et directeurs généraux qui se saignent aux quatre veines pour maintenir à flot des administrations qui vacillent et pour assurer la continuité du service public avouent être sur le point de craquer.

Il n'est pas admissible qu'un ministre s'en prenne à ses collaborateurs en soumettant à une pression inutile ces commis de l'Etat qui ont déjà les nerfs à vif. Entre intimidation, insultes et autres procédés peu orthodoxes, les coups de gueule ne font que bloquer les rouages de l'Etat et ruiner l'administration par la peur. Cette peur qui bloquerait tout avec l'espoir ténu de voir les fonctionnaires refuser d'assurer la continuité de l'Etat avec ce qui peut s'ensuivre comme mécontentement des citoyens.

Pourtant, le tort de ces hauts commis de l'Etat, qui ne comptent plus les heures de travail aux dépens de leurs engagements familiaux, est d'essayer de maintenir à flot des entreprises publiques qui peinent à sortir la tête de l'eau. Ces responsables qui ont accepté la mission qu'on leur a confiée dans un contexte délétère ne tiendront pas longtemps et plusieurs d'entre eux risquent de jeter l'éponge.

Ce n'est pas une bonne conception du rôle d'un ministre. En effet, un ministre doit-être devant pour entendre le pays, pour tracer des voies nouvelles, pour convaincre l'opinion que les valeurs qu'il porte sont justes et pour rassembler les Tunisiens qui souhaitent aller plus loin et plus vite. Non pas de répandre sa mauvaise humeur. Un bon ministre est celui qui aura banni de son vocabulaire les mots vagues et sans aucune valeur ajoutée qui ne font que confirmer l'immobilisme, le conservatisme et la frilosité et exprimé clairement les propositions formulées par ses cadres et leurs réponses crues.

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