Afrique de l'Ouest: Spacia, le nouvel outil de la Côte d'Ivoire pour lutter contre la corruption

L'État ivoirien a officiellement lancé il y a une semaine une plateforme pour dénoncer les actes de corruption dans l'administration publique. Elle s'appelle Spacia, pour Système de surveillance et de prévention et de détection des actes de corruption et infractions assimilées.

Désormais, avec Spacia, les citoyens ivoiriens peuvent dénoncer un acte de corruption de l'administration publique, en allant sur la plateforme en ligne, en appelant un numéro vert : le 1345 ou en envoyant un courrier à un bureau des plaintes. Le signalement est ensuite analysé puis validé ou non par un comité de juristes.

Si l'histoire est crédible, l'autorité compétente doit s'en saisir pour prendre des sanctions envers le fonctionnaire fautif, et cela peut prendre plusieurs semaines. La plateforme a été mise en place par le ministère ivoirien de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption créé en 2021. L'État ivoirien dit prôner la tolérance zéro en matière de corruption et a fait de cette lutte l'une des priorités du 3e mandat du président Alassane Ouattara.

Les derniers rapports de Transparency International et de la Banque mondiale ne sont en effet pas bons. En 2021, l'ONG classait la Côte d'Ivoire 105e sur 180 pays. Et les conséquences économiques sont lourdes puisque Epiphane Zoro, le ministre de la Bonne gouvernance, expliquait récemment que la corruption faisait perdre chaque année à la Côte d'Ivoire 1 300 milliards de francs CFA. Les secteurs les plus exposés à la corruption seraient la santé, la justice, la construction et la douane. Des audits sont menés cette année dans ces différentes administrations

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Pas assez pour la société civile

Yoro Bi Ta Raymond, président de la commission Gouvernance au sein de la Convention de la société civile ivoirienne, émet quelques réserves quant aux modalités de la démarche. Il aurait souhaité qu'il y ait davantage de garde-fou au sein de cette plateforme.

Le ministre de la promotion de la Bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption a bien dit que l'administration de Côte d'Ivoire est infectée. Il a même cité certains ministères qui sont infectés, ce sont eux qui doivent encore mettre ce système d'alerte en jeu. Nous pensons que les différentes barrières que l'appel va traverser ne va pas jusqu'au bout, c'est ça qui nous met mal à l'aise. Nous pensons que le ministère doit quand même associer les organisations de la société civile, parce que c'est elle qui dénonce. Elle attend beaucoup de ce ministère, en la mettant à l'écart, ce n'est pas bon, je suis sur ma faim.

Les réserves de Yoro Bi Ta Raymond (société civile) sur les modalités de la démarche

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