Madagascar: Coût de la vie - Le FFKM demande des concertations élargies

Le Conseil œcuménique des églises chrétiennes de Madagascar donne de la voix face à la conjoncture socio-économique. Elle recommande des concertations élargies pour trouver des solutions aux problématiques actuelles.

L'heure est grave. Tel est le ton d'une déclaration du Conseil œcuménique des églises chrétiennes de Madagascar (FFKM), datée du 15 juillet, lue durant un culte, dimanche et diffusée dans le journal du soir de la télévision nationale, dimanche toujours.

Dans cette déclaration signée par monseigneur Samoela Jaona Ranarivelo, qui assure la présidence tournante du FFKM, le Conseil demande des concertations élargies pour trouver des solutions à la conjoncture socio-économique difficile actuelle. L'appel du FFKM s'adresse aux acteurs politiques, autant à ceux au sein du pouvoir, qu'à ceux en dehors, mais aussi, aux acteurs civils et simples citoyens qui estiment avoir des solutions à proposer ou des idées à faire valoir.

Une fois de plus, le FFKM dresse un tableau sombre de la situation nationale. Aux différents bras de fer sociaux "stériles", l'église ajoute l'inflation incessante depuis le début de l'année, aggravée par la hausse du prix du carburant. Elle note les actions étatiques pour tenter de maîtriser la situation, mais lui demande, néanmoins, de redoubler d'effort. à la lecture de la version écrite de sa déclaration, toutefois, le FFKM estime que les initiatives étatiques seules ne sont plus suffisantes face à l'ampleur du problème.

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Solidarité et entraide L'appel lancé par le FFKM tend à briser la spirale des épanchements, des attaques et répliques, des étalages de savoir et autres débats stériles qui fusent de part et d'autre depuis quelques semaines. L'idée serait d'amener tous ceux qui estiment avoir des solutions à cogiter ensemble, débattre de vive voix pour accoucher de plans d'actions concrètes, applicables et réalisables pour résoudre les différents problèmes répertoriés.

"Bonne foi, quête de l'intérêt général et de l'intérêt de la population", sont les mots-clés mis en avant dans la déclaration du Conseil œcuménique des églises chrétiennes de Madagascar. Des qualités rarement perceptibles dans les opinions qui foisonnent actuellement. D'autres veulent tirer partie de la situation et réduisent les débats à leur portée politique.

"Le FFKM appelle tout un chacun à une prise de conscience face aux responsabilités à prendre, chacun à son niveau. Arrêtez les provocations, les justifications, les railleries, autant d'actes qui n'apportent rien au bien-être de la population et au pays", tance l'église. En ces temps difficiles, elle en appelle, également, à la fraternité, la solidarité et l'entraide et "de ne pas profiter de la situation". Un message adressé aux acteurs qui influent sur le coût des produits nécessaires au quotidien de la population, vraisemblablement.

A peine le prix du carburant revu à la hausse, les prix flambent sur les étals des marchés. La quasi-totalité des produits vendus actuellement ont pourtant été importés et acheminés dans les dépôts, ainsi que les magasins des importateurs, des grossistes et détaillants, il y a plusieurs semaines. Bien avant la hausse des prix à la pompe donc. à cela s'ajoutent les débats sur les tickets du transport en commun. L'appel du FFKM a ainsi pour objectif d'impulser un élan de solidarité nationale pour que tous fassent des concessions afin d'atténuer le choc de l'inflation.

L'église assène, du reste, une légère tacle à l'état. Dans l'immédiat, elle lui demande "de trouver des solutions efficaces face aux maux qui minent le quotidien de la population, de réduire les dépenses et les événements sans valeurs ajoutées, d'accroître la production locale et l'exploitation des ressources minières, de faciliter la circulation des produits locaux sur le marché national afin de permettre à tous les Malgaches d'en jouir pleinement".

Booster la production locale pour parvenir à une autosuffisance est, toutefois, déjà inscrit dans la politique étatique. Du côté de l'état toujours, Andry Rajoelina, président de la République, est de plus en plus enclin à miser sur les concertations comme préalable à une décision majeure. La formule a été largement appliquée durant la crise sanitaire. Elle a été reprise avant la décision sur les nouveaux prix de l'essence et du gasoil.

A Mandoto, vendredi, le chef de l'état a affirmé sa disposition à transcender les clivages politiques "dans l'intérêt de la population et pour le développement". Bien qu'ils affirment être ouverts au dialogue et à l'échange, les tenants du pouvoir rembarrent, cependant, toute visée politique derrière les initiatives de concertation. Un angle qui "n'est nullement envisagé dans l'initiative avancée dans la déclaration du FFKM", tempère toutefois une source avisée.

Des acteurs politiques, ceux du secteur privé et les Organisations de la société civile (OSC), par ailleurs, vocifèrent des solutions à la conjoncture actuelle. Seul l'état a, cependant, le pouvoir et les prérogatives d'en donner force exécutoire. Dans l'éventualité où la demande d'une concertation élargie lancée par le FFKM se concrétise, reste à voir si ceux qui affirment avoir des solutions aujourd'hui, concèdent à y prendre part de bonne foi. En tout cas, des approches dans ce sens auraient été faites et sont toujours en cours, selon des indiscrétions.

Demande d' une surveillance des prix

Le KMF/CNOE, une organisation de la société civile (OSC), active dans l'éducation citoyenne et l'éducation électorale, s'est aussi fendue d'une déclaration, hier, face à la hausse du coût de la vie. Elle avance des propositions de solutions à court et long termes. à court terme, elle propose, notamment, une surveillance des prix sur les marchés afin d'éviter les abus. Elle suggère également que l'état mette en œuvre des mesures d'accompagnement pour renforcer économiquement les ménages, surtout les plus vulnérables. Le KMF/CNOE ne donne cependant pas plus de précision. L'OSC recommande également que l'état réduise les dépenses ostentatoires.

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