Afrique de l'Ouest: Sahel - La revitalisation de la force militaire régionale reste le seul espoir de paix

Prônée par les autorités nigériennes et tchadiennes, la reviviscence du G5 Sahel, appelée de tous les vœux par certains compatriotes des Etats membres, s'avère prioritaire parce qu'elle vise à donner un nouvel élan à la mutualisation des efforts de lutte contre le terrorisme dans la région. Un accord de coopération sécuritaire d'intérêt régional paraphé récemment par le Niger et le Tchad témoigne de cette volonté, et sert à donner le ton pour susciter l'engagement des dirigeants burkinabè et mauritanien.

En attendant que les autres pays membres emboîtent le pas dans le processus de revitalisation du G5 Sahel, Niamey et N'Djamena ne cachent pas leur optimisme quant à l'aboutissement du projet. " La décision du retrait du Mali est un épisode qui va être dépassé, il y aura bientôt une réunion entre les quatre autres pays alliés dans le G5 Sahel - Tchad, Niger, Burkina Faso et Mauritanie - pour faire en sorte que le G5 soit viable ", a souligné le président nigérien, Mohamed Bazoum. Il faisait allusion à la décision de Bamako qui a annoncé le 16 mai qu'il quittait le G5 Sahel, une alliance dont les armées combattent, au côté de Barkhane, les groupes djihadistes qui ensanglantent la région et s'étendent inexorablement vers le sud du continent. Hormis le retrait du Mali, la décrépitude du G5 a été aussi accélérée par le départ des 1200 soldats tchadiens installés au Niger, jugés efficaces dans la lutte contre le terrorisme dans la région. Ils sont repartis en avril en catimini vers N'Djamena, a-t-on appris de source militaire française.

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" Nous n'avons pas encore considéré que c'est terminé pour le G5 Sahel, nous allons nous battre ", a ajouté le 13 juillet le chef de l'Etat nigérien, lors de sa rencontre avec son homologue tchadien. Pourtant, en mai dernier, Mohamed Bazoum estimait que le G5 Sahel était " mort " après le départ du Mali, et blâmait même ce pays pour sa " fuite en avant qui l'isole en Afrique " et prive le continent " d'une stratégie concertée et coordonnée pour lutter contre le terrorisme ".

Le président tchadien, Mahamat Idriss Déby Itno, regrette toujours le départ de Bamako du G5 Sahel. " Restons optimiste et espérons qu'il revienne sur sa décision ", a-t-il lancé.

Un second souffle nécessaire au G5 pour faire face à l'expansion du djihadisme

Le jeune général qui exerce la présidence tournante de cette organisation militaire régionale n'a eu de cesse ces derniers temps d'exhorter Bamako à revenir au sein de l'organisation régionale antidjihadiste. Malgré ces appels, le Mali est resté sur sa position, accusant le G5 Sahel d'être " instrumentalisé " par " l'extérieur ". Une démarche qui vise implicitement la France qui a annoncé en février le retrait de sa force militaire Barkhane, et avec qui ses relations se sont considérablement dégradées depuis un coup d'Etat militaire en août 2020.

Si les experts pensent que l'organisation du G5 Sahel est devenue moribonde après le départ du Mali, Niamey et N'Djamena se disent prêts à donner un second souffle à cette force pour faire face à l'expansion inédite du djihadisme dans la région. Ils ont, de ce fait, annoncé une réunion " bientôt " entre les quatre membres restants pour " faire en sorte que le G5 soit viable ". Or, la tâche s'annonce difficile puisque les causes de l'échec sont nombreuses, selon un fonctionnaire du G5 qui cite, entre autres, le sous-financement chronique, une volonté politique disparate et la situation politique régionale.

Malgré cette situation, la France, par la voix de son président, Emmanuel Macron, a réitéré sa volonté de " repenser " d'ici l'automne l'ensemble de ses dispositifs militaires sur le continent africain, alors que la force française Barkhane est en train de boucler son départ du Mali. " Il nous faut poursuivre notre engagement contre la menace terroriste partout, notamment en Afrique ", a insisté le chef de l'Etat français à la veille de la fête française du 14 juillet, alors que ce pays une fois désengagé au Mali ne maintiendra que 2 500 militaires environ dans la région.

Paris assure, par ailleurs, que ses troupes n'opéreront désormais plus en substitution des armées locales mais en " soutien ", au gré des besoins des pays concernés. A ce sujet, les autorités françaises affirment ne pas renoncer à la lutte antiterroriste et discuter actuellement avec les pays du Sahel et du Golfe de Guinée pour préparer de nouvelles formes d'intervention. Ce que certains citoyens des Etats sahéliens ne veulent nullement entendre.

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