Mali: Expulsion porte-parole MINUSMA - La liste des indésirables continue de s'allonger

Le colonel Assimi Goïta, président de la transition malienne

C'est à croire que le président malien, Assimi Goïta, en veut à la terre entière. Quand il sort d'une crise c'est pour entrer tout de suite dans une autre.

Après 6 mois de tiraillements avec la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), les choses avaient fini par entrer dans l'ordre le 3 juillet dernier avec la levée des sanctions financières et commerciales qui pesaient sur le pays.

Il avait à peine fini avec ça qu'est intervenu le différend avec la Côte d'Ivoire dans l'affaire dite des 49 présumés mercenaires.

Derrière cette crise, pour laquelle le Togo a proposé ses missions de bons offices, transparaissait un certain désamour avec la MINUSMA qui a fini par éclater au grand jour.

Déjà le 14 juillet dernier, les autorités maliennes avaient procédé à la suspension jusqu'à nouvel ordre de toutes les rotations des contingents de la cinquantaine de pays contributeurs. Hier, mercredi 20 juillet 2022, un communiqué du ministère des Affaires étrangères a "invité le porte-parole de la MINUSMA, Olivier Salgado, à quitter le territoire national dans un délai de 72 heures." Olivier Salgado est accusé, à travers des publications sur Twitter, d'avoir affirmé " sans aucune preuve que les autorités maliennes ont été préalablement informées de l'arrivée des 49 militaires ivoiriens". L'incriminé a-t-il anticipé cet oukase pour ne pas se voir jeter à la porte tel un vulgaire renégat? En tout cas, selon certaines informations, le communicant de l'ONU serait hors du pays depuis 10 jours. Quoi qu'il en soit il lui sera difficile de revenir au Mali.

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Comme avant lui, certaines personnalités impliquées ou pas dans la résolution de l'inextricable crise politico-sécuritaire qui frappe le pays ont été priées de faire leur valise. Ce fut le cas le 25 octobre 2021 du représentant de la CEDEAO dans le pays, le Burkinabè Hamidou Boly, accusé "d'agissements incompatibles avec son statut"; de l'ambassadeur de France, Joël Meyer, expulsé le 31 janvier dernier en raison de "propos hostiles" de deux ministres français et de notre confrère de Jeune Afrique, Benjamin Roger, arrêté et mis dans le premier avion le 8 février parce qu'il ne disposerait pas d'une accréditation valable.

A cette liste d'indésirables, il faut ajouter les soldats de la force française Barkhane poussés à la sortie et ceux de la force européenne Takuba dont le contingent danois avait déjà été refoulé le 27 janvier 2022.

C'est donc une véritable guérilla diplomatico-militaire qu'a engagée le locataire du palais de Koulouba qui semble souffrir du syndrome de la persécution. Jusqu'où ira-t-il? On se le demande bien. Mais si ce taiseux, qui ne supporte pas les voix discordantes, pouvait même expulser certains de ses compatriotes qui rament à contre-courant de la vulgate officielle, c'est sûr qu'il ne s'en priverait pas.

Pour le cas de la MINUSMA, il faut dire que Bamako n'a jamais digéré la reconduction, le 29 juin dernier, pour un an, de son mandat et avait clairement indiqué qu'il ne respecterait pas certaines de ses décisions, en relation notamment avec le respect des droits humains et la libre circulation des soldats onusiens. Pour sûr, cette nouvelle affaire ne va pas arranger les relations avec la mission des Nations unies.

On se demande parfois si tout ça ne participe pas de la fameuse théorie de l'occupation permanente des esprits qui consiste pour les militaires au pouvoir à agiter des épouvantails pour occuper le bon peuple malien en se drapant dans la peau de nationalistes qui n'entendent pas se laisser imposer quoi que ce soit.

Mais, il faut reconnaître à la décharge des autorités de la Transition, que le bilan de cette fameuse MINUSMA est bien mince: 13 289 militaires et 1 920 policiers, pour on ne sait trop quel résultat tangible.

Le propre d'une mission de maintien de la paix, c'est de s'interposer entre les belligérants. Or, ce dont le Mali a besoin en ce moment, ce sont des combattants qui vont au charbon pour traquer les terroristes quel que soit l'endroit où ils se trouvent. Mais on a bien peur que ce ne soit pas le cas de la MINUSMA.

Pour un peu, les Casques bleus s'apparenteraient à des touristes en treillis, comme c'est le cas presque partout où ils se trouvent : au Mali, en RDC et en Centrafrique notamment.

Qu'à cela ne tienne, Assimi Goïta a beau être un colonel des forces spéciales, à ouvrir autant de fronts à la fois, on a bien peur qu'il ne finisse lui-même par se prendre les pieds dans le tapis.

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