A peine la relance entamée pour stopper l’impact de la pandémie Covid-19 sur l’économie, l’Afrique reçoit de plein fouet les conséquences de la guerre en Ukraine. Comme antidote, la Commission Économique pour l’Afrique (Cea) indique l’application du Plan Marshall qu’est la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) pour construire une résilience de l’économie africaine capable de faire-face aux chocs exogènes. Des réponses concrètes dans ce sens sont attendues des ministres de l’Économie du continent.
L’Afrique doit mettre en œuvre le plan Marshall qui est la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) pour prévenir les éventuelles crises qui viennent souvent d’ailleurs.
Les experts de la Commission économique africaine (Cea) l’ont fait savoir à la presse lors d’un wébinaire sur « Les effets de la guerre entre l’Ukraine et la Russie sur les prix des produits de base et alimentaires en Afrique », tenu ce mercredi 20 juillet 2022.
Une indication sonnant comme une réponse africaine et qui s’impose face à la spirale de crises qui ont des conséquences néfastes sur la population africaine.
Analysant l’impact de la crise déclenchée en Europe sur les prix des produits de base et des denrées alimentaires, le directeur du Centre africain des statistiques de la CEA, M. Olivier Chinganya confie que la crise a eu des impacts socio-économiques sur le continent avec la perturbation de chaines d’approvisionnement.
A l’en croire, des chocs exogènes ont rendu le continent plus vulnérable en plongeant 124 millions de personnes dans une situation d’insécurité alimentaire. En plus d’un risque d’endettement élevé général montrant trois pays africains qui, depuis mai 2022, ont atteint un niveau inquiétant.
En 2022, poursuit M. Chinganya, la plupart des pays africains connaissent une forte inflation dont l’Angola, l’Éthiopie, la Ghana qui ont enregistré une hausse de 20%.
Selon lui, le Nigeria, le Kenya, le Maroc ont connu une augmentation rapide des prix. A titre illustration, au Maroc, les produits oléagineux ont bondi de 10% et l’huile de cuisson à 50%.
Au Nigeria, les prix des denrées ont grossis de plus 15%. Ce qui fait dire aux experts de la CEA que la volatilité des marchés agricoles a augmenté la pression inflationniste.
A leur croire, la forte augmentation notée sur les denrées alimentaires est causée par la perturbation survenue sur les chaines alimentaires. Accentuant la malnutrition sur le continent avant d’annihiler une partie des efforts jusque-là consentis dans la lutte contre la pauvreté.
Il rappelle qu’entre 2019 et 2022, les prix des ont augmenté de plus de 20% notamment dans 12 pays.
Nécessité de diversifier les sources d’approvisionnement
Sur cette même dynamique, Mme Wafa Aidi, économiste à la CEA y ajoute l’impact enregistré sur la consommation agricole qui, selon elle, est réduite frappant les populations les plus vulnérables.
Le regard panoramique de la CEA montre que les groupes les plus vulnérables en Afrique ont connu une crise à cause de la baisse de 40% des revenus des ménages. Ce qui s’est traduit par une baisse de la consommation notamment 20% en Tanzanie, plus de 5% en Afrique du Sud, entre autres.
Entre 2019 et 2021, confie-t-elle, l’Afrique était un exportateur net de produits agricoles avec la Côte d’Ivoire, l’Afrique du Sud et du Ghana alors que les chaines d’approvisionnement sur lesquels l’Afrique était tributaire notamment le blé et le maïs ont augmenté respectivement de 63% et 13%.
Cette situation révèle également la nécessité de renforcer la résilience du secteur alimentaire en Afrique mais aussi l’absence des produits de base ainsi que l’absence de résilience des marchés africains.
Devant cet état de fait, Mme Aidi estime qu’il est important de diversifier les sources d’approvisionnement des produits importés vers l’Afrique.
A l’avenir, considère-t-elle, il faut faire plus d’effort en matière d’intégration régionale et améliorer les sources d’approvisionnement vers l’Afrique.
En guise de solution, ce spécialiste de la CEA pense qu’il faut augmenter la production d’engrais des pays africains dans la mesure où la plupart des pays du continent ont augmenté 7,45 milliards de dollars leur achat en engrais.
Une situation paradoxale au moment le Maroc, l’Égypte, l’Angola et l’Afrique du Sud ont une forte production d’engrais.
Encourager les achats groupés via la plateforme de la CEA
Dans la philosophie de la ZLECAf, la Commission Économique pour l’Afrique appelle les pays africains à s’organiser dans l’achat des produits de base sur le marché international. L’organisme onusien reconduit la même démarche pour l’achat de vaccins lors la pandémie de Covid-19.
C’est ainsi qu’elle a créé une plateforme d’échange d’Africain pour permettre de comparaitre l’offre et la demande.
Pour l’Économiste de la CEA, c’est une réponse africaine pour mutualiser les achats de produits de base pour les pays africains.
A l’en croire, cette plateforme met en place un mécanisme d’achat et permet d’avoir la cartographie en matière d’offre pour cerner les besoins en matière alimentaire.
Dans la même dynamique, la CEA appelle à tenir compte du resserrement de l’espace budgétaire mais aussi de lutter pour que le système de contingent des Droits de tirage spéciaux (Dts) soit refaçonné en augmentant la part des pays en développement.
Dans la même veine aussi, veillez à revoir les délais de remboursement de la dette face l’augmentation des taux d’intérêt et le resserrement des marchés capitaux.