Cameroun: Lueur d'espoir dans le traitement de l'hypertension artérielle pulmonaire

22 Juillet 2022

Yaounde — Emmanuel Eroume A Egom, cardiologue et maître de recherche à l'Institut de recherches médicales et d'études des plantes médicinales (IMPM) à Yaoundé au Cameroun, est désormais détenteur d'un brevet d'invention octroyé par l'Office des brevets et des marques des Etats-Unis et l'Office européen des brevets pour le traitement de l'hypertension artérielle pulmonaire (HTAP).

" Nous avons une molécule synthétique qui attire le récepteur qu'on appelle NPR-C (récepteur du peptide natriurétique de type C). Il était toujours considéré comme un récepteur d'éclairage sans signalisation cellulaire ", explique le chercheur.

" Ce traitement active ce récepteur qui, du point de vue pathophysiologique, a souvent un effet antiprolifératif. Et nous savons que le problème de l'hypertension pulmonaire est lié à ce processus qu'on appelle remodelage vasculaire caractérisé par une prolifération incontrôlée des cellules musculaires lisses. Ce traitement sera là pour inhiber ou bloquer cette prolifération ", ajoute le chercheur.

La solution thérapeutique qu'il propose " pourrait vraiment changer l'histoire de cette maladie ", dit-il dans un entretien avec SciDev.Net.Mais, il faudra encore patienter avant de voir ce traitement disponible sur le marché. Car, Emmanuel Eroume A Egom et son équipe ont besoin de financements afin de compléter des études précliniques. " Une fois des études précliniques faites, on pourra commencer des études cliniques ", confie-t-il.

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Le brevet en question lui permet de poursuivre ses recherches sur le traitement et la prévention de l'HTAP qu'il décrit comme " une maladie dévastatrice qui affecte les artères des poumons ", déclare le cardiologue.

Symptômes

L'HTAP est caractérisée par " un dysfonctionnement vasculaire pulmonaire empêchant le sang de circuler normalement dans les poumons, en raison d'un rétrécissement des artères pulmonaires ", explique Emmanuel Eroume A Egom.

Il en résulte une pression sanguine élevée dans les poumons, faisant en sorte que le cœur travaille davantage pour amener le sang vers les poumons, ajoute le chercheur.

De nombreuses personnes peuvent être atteintes d'hypertension artérielle pulmonaire sans le savoir et la maladie peut devenir mortelle, soutient-il.

Cela s'explique par le fait que la maladie est très peu connue des populations et même du monde médical, affirme Bertrand Hugo Mbatchou, pneumologue en service à l'hôpital général de Douala et président de la Société camerounaise de pneumologie.

Au Cameroun par exemple, il y a " un problème d'accessibilité aux moyens de diagnostic ", soutient-t-il. A l'en croire, le diagnostic repose sur des examens " un peu compliqués notamment ce qu'on appelle le cathétérisme cardiaque ".

C'est un examen qui ne peut se faire que dans deux ou trois hôpitaux de référence dans le pays, indique le pneumologue qui évoque également le problème de formation du personnel médical.

L'un des principaux symptômes de l'hypertension pulmonaire est l'essoufflement. " Vous avez le patient qui se plaint d'un essoufflement au moindre effort. Ça peut être un essoufflement au repos. Voilà le maitre symptôme. On peut avoir d'autres symptômes tels que les palpitations, la fatigue... ", précise-t-il.

Mais, les autres symptômes vont dépendre de la cause de l'hypertension pulmonaire " parce que c'est une entité qui a de nombreuses causes. Il y a des maladies qui peuvent s'accompagner d'hypertension pulmonaire ", soutient le pneumologue.

Causes

Les causes de l'hypertension pulmonaire répondent à des mécanismes physiopathologiques bien différents, renchérit Blaise Mounpou, cardiologue en service à l'hôpital de district de Foumbot dans l'Ouest du Cameroun.

A l'en croire, les recommandations 2015 de l'European Respiratory Society et de l'European Society of Cardiology ont classé ces causes en cinq groupes selon que la maladie est d'origine génétique ou résulte des complications d'autres maladies telles que l'insuffisance cardiaque, l'embolie pulmonaire, etc.

Des données sur la prévalence globale et l'incidence de l'HTAP dans la population africaine sont quasi-inexistantes. Toutefois, une étude révèle que dans divers pays africains une prévalence de 9,8% chez les patients venant consulter pour un symptôme cardiovasculaire, 10,6% chez les patients infectés par le VIH.

Par ailleurs, chez les patients ayant une insuffisance cardiaque, la prévalence de l'HTP est de 32,9% contre 36,9% chez les patients drépanocytaires, précise Blaise Mounpou. Pour Blaise Mounpou, l'HTAP est une affection pour laquelle il y a encore beaucoup à faire en matière de recherche sur la prise en charge.

" Nous attendons d'en savoir plus sur ce traitement décrit comme étant innovant. Il y a des étapes bien codifiées pour en valider l'utilisation et si les preuves scientifiques sont établies ce serait une nouvelle arme thérapeutique importante dans la lutte contre cette affection ", soutient-il.

Quant au président de la Société camerounaise de pneumologie, il estime qu'il faut accompagner Eroume A Egom dans cette recherche " pour pouvoir montrer que ce médicament peut être non seulement efficace pour la prise en charge de l'HTAP, mais aussi est dénué d'effets secondaires pour l'être humain qui pourrait l'utiliser ".

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