« La consommation de la chicha par les jeunes : quels dangers et moyens de lutte ». C’est le thème de la compétition qui a servi de prétexte aux journalistes africains, membres du Réseau des journalistes contre l’industrie de la nicotine et le tabac(Rejoint),pour revitaliser leurs combats contre le tabagisme en Afrique. Une compétition organisée en mode virtuel, qui a eu lieu le vendredi 22 juillet 2022 de 10heures à 12 heures. Durant deux heures voire un peu plus, les compétiteurs six au total, ont fait des contributions d’environ 15 minutes sur le fléau dans leur pays respectif. Non sans faire des propositions et suggestions, pour sensibiliser au mieux la jeunesse africains de plus en plus addictes à cette nouvelle forme de consommation du Tabac.
La situation dans certains pays
Du Sénégal en passant par la Côte d’Ivoire, la Guinée Conakry, le Niger pour arriver au Togo, les différents intervenants ont fait un état des lieux sur un phénomène de mode, ce que fait les pouvoirs publics pour lutter contre.
Au Sénégal par exemple, à ce jour plus 400 bars à Chicha ont été recensés dans la seule ville de Dakar. Malgré la mesure d’interdiction en vigueur, les jeunes continuent de braver les interdictions de la consommation de la chicha. Sa consommation persiste notamment en milieu scolaire. « Sur le marché sénégalais, l'équipement complet varient entre 15 et 45mille Fcfa. N'étant pas à leur portée, les jeunes se cotisent pour s'en procurer et organiser des séances entre amis » rapporte Bacary Dabo du Sénégal, l’un des impétrants aux membres du Jury.
Quelle est la situation au Togo ?
Dans cet autre pays de l’Afrique de l’ouest, les consommateurs risquent une amende et même de la prison, sanctions encore plus sévères pour les propriétaires. En dépit d’un dispositif légal de répression, les jeunes s’y adonnent à cœur joie. « Pourtant interdit dans les lieux publics comme les bars et les restaurants. Il y 2 ans, l'irruption de la police dans les lieux de consommation était quotidienne. Le DECRET 2012-046/PR portant interdiction de fumer dans les lieux publics n’indexe pas directement la chicha. Et la traque contre les lieux et les consommateurs, c’était hier.
Il faut renforcer la législation en la matière, pour qu’elle soit plus contraignante » a souligné la consœur Alice Lawson durant son exposé. Elle ne manque pas de faire une proposition forte : « Il faut intensifier la sensibilisation par les (médias, les Ong, le ministre de la santé, de l’éducation …) peut-être le moyen pour arriver à bout. La jeunesse doit prendre conscience de la dangerosité de cette pratique. Cette prise de conscience doit permettre aux jeunes et aux consommateurs de faire le choix d’abandonner la consommation de la Chicha ».
Au Niger, la situation est quasi identique. Le confrère Sani Aboubacar a donné des informations croustillantes quand il dit : « Au Niger, les jeunes ont tendance à adopter la chicha. Les jeunes ont tendance à abandonner le tabac traditionnel au profit d’une autre pratique qui fait réunir les gens, tout en donnant un aspect quelque peu festif et convivial. Les salons de coiffure pour homme et les fadas (lieux de rencontres des jeunes) tirent leur audience au dispositif de consommation de la chicha et/ou de la vente des produits dérivés. L’achat d’une dose moyennant 259 Fcfa donne droit à l’usage du dispositif installé par le propriétaire du lieu ».
Non sans ajouter que les parents, jadis intransigeants face à la consommation du tabac, pensent que cette pratique n’a rien de nocif, surtout qu’elle dégage un parfum agréable et assimilent la chicha à un effet de mode. « Ailleurs (Maghreb), la consommation est réservée aux adultes et aux anciens. Mais qui est observable chez les adolescents (filles et garçons) et même des mineurs, parce que tout simplement ça rentre dans le cadre de l’innovation, un effet de mode, un gout du folklore » dit-il. Aussi, il a ajouté que face à cette situation plusieurs mesures sont prises, notamment un arrêté du ministre du Commerce portant interdiction d'importation de distribution et de vente de chicha ou Narguilé en 2016, et celui du délégué spécial de la ville de Niamey portant interdiction de la consommation de la chicha sur les lieux publics. Cependant, souligne Sani Aboubacar, « les jeunes continuent de brader ces interdictions et la consommation de la chicha persiste, notamment en milieu scolaire.
Selon les données du ministère de la Santé publique de 2016, 8,6% des jeunes scolaires utilisent n’importe quel produit du tabac, dont 11,8% sont des garçons, 5,5% sont des filles et 9,9% non -fumeurs sont susceptibles de se lancer dans le tabagisme l’année prochaine. Et la consommation de la chicha risque d’aggraver la situation »
Une situation qui a amené la Police nationale nigérienne a organisé une campagne de sensibilisation de novembre 2021 à janvier 2022, dans le but d’éradiquer le phénomène de la consommation de la chicha. La campagne a permis d’atteindre 187 établissements scolaires, 87 313 jeunes dont 52 345 filles, une soixantaine de « fadas ».
En claire, les six compétiteurs ont présenté devant le jury présidé par Ali Kadré du Burkina Faso, des textes denses, précis et riches en informations.
Après délibérations, les résultats sont tombés le samedi 23 juillet 2022, aux environs de 13 heures. Ainsi, c’est Alice Lawson du Togo qui est arrivée en tête. Bacary Dabo et Souleymane Thiam du Sénégal arrivent respectivement en deuxième et troisième position. Ils reçoivent comme prix 200 mille Fcfa, pour le candidat classé premier. Les candidats classés deuxième et troisième gagnent respectivement 100 mille et 50 mille Fcfa avec les félicitations du sponsor Deliver.
S’adressant aux membres du Rejoint, Ali Kadré et les membres du Jury de cette première édition de la compétition, ont félicité les participants pour leur mobilisation. « Je voudrais encore une fois saluer l'engagement des participants à édifier l'ensemble des membres du Réseau sur les dangers de la consommation de la chicha dans nos pays respectifs. Tous les candidats ont fait preuve d'une bonne maitrise du sujet, et nous saluons la pertinence des propositions de solutions faites. » a dit Ali Kadré, avant de donner rendez-vous pour les prochaines activités du Rejoint.
Bamba Moussa
NB : Lauréats désignés par le Jury.
1er Prix- Alice LAWSON (Togo)
2è Prix- Bacary DABO (Sénégal)
3è Prix- Souleymane THIAM (Sénégal)
Le Jury était composé de 3 professionnels des médias et présidé par Mr Ali Kabré
Bamba Moussa