Pour sa nouvelle création présentée au Festival d'Avignon, la chorégraphe sud-africaine s'est inspirée très librement du célèbre Sacre du printemps de Stravinsky. Célèbre pour ses réinterprétations très originales et afro-contemporaines du répertoire classique occidental, comme Roméo et Juliette, Carmen, Le Lac des cygnes ou Giselle, Dada Masilo ose Le Sacrifice tout en amour et beauté. Entretien.
RFI: Pourquoi était-il si important pour vous de lier Le Sacrifice, votre interprétation inspirée par Le Sacre du printemps, à la danse rituelle tswana du Botswana?
Dada Masilo: Le tswana est ma langue, mon héritage, ma culture, mais je n'ai jamais appris la danse tswana auparavant. Quand j'avais douze ans, j'ai appris la danse classique, la danse contemporaine et le flamenco, mais je n'avais pas appris la danse tswana. Il m'a semblé très important d'apprendre la danse tswana pour Le Sacrifice, juste pour entrer en contact avec mes propres racines.
À la fin de la pièce, vous dansez un incroyable duo avec la merveilleuse chanteuse d'opéra Ann Masina qui vous prend dans ses bras et dans son âme. Votre interprétation du Sacrifice est-elle moins centrée sur la mort et la cruauté, mais plus sur la profondeur, l'amour et la beauté?
Après avoir regardé beaucoup versions de Sacre du printemps où la jeune fille danse jusqu'à la mort, je me suis dit que je ne voulais pas ça. Je voulais quelque chose qui parle de guérison. Cette dernière partie est également inspirée de la Pietà, la Vierge Marie pleurant son fils, Jésus-Christ. Je voulais apporter cet élément de guérison, de dire : d'accord, bien, nous ressentons la douleur de tout le monde. Tout le monde a traversé beaucoup d'épreuves. Mais là, je voulais que les spectateurs ressentent quelque chose. Je voulais les mettre en contact avec leurs émotions. C'est normal d'être triste. Beaucoup de gens ont perdu ce dernier temps leurs proches. C'était un moment très difficile. C'est pourquoi nous voulions faire quelque chose d'émouvant, de viscéral et de beau.
Igor Stravinsky et Vaslav Nijinsky, en 1913, en créant Le Sacre du printemps, ont changé la musique et la façon de chorégraphier au XXe siècle. Avec votre musique et votre chorégraphie, que voulez-vous changer au XXIe siècle?
Je souhaite simplement relever le défi de pouvoir jouer avec des rythmes complexes, travailler avec de l'amour et de la musique, et voir comment tout cela s'assemble. Trouver mon propre récit et mon propre sacrifice. Dans Le Sacre du printemps, la jeune fille danse jusqu'à la mort. Ce n'est pas ce que je voulais. Je voulais quelque chose d'émouvant, d'aimant et d'attentionné, pas de se faire mal physiquement.