Mali: Attaque contre le camp de Kati, fief de la junte

22 Juillet 2022

Selon l'armée malienne, l'attaque s'est produite ce vendredi à l'aube, vers cinq heures du matin, par des kamikazes à bord de deux véhicules "bourrés d'explosifs". La ville garnison de Kati se trouve aux portes de la capitale Bamako et sert de QG aux militaires au pouvoir.

C'est là que réside le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, et le ministre de la Défense, le colonel Sadio Camara.

L'attaque a fait officiellement fait sept morts et huit assaillants auraient été interpellés.

Des hélicoptères militaires survolaient la zone dans la matinée et des éléments des forces spéciales ont été déployées.

Témoignages d'habitants de Kati

La version de l'armée a été confirmé par des témoignages d'habitants, à l'image de cet homme, sur place au moment de l'attaque :

"J'ai quitté le centre-ville de Kati pour aller chez moi vers cinq heures du matin. C'est à ce moment que j'ai entendu une première explosion. J'ai cru dans un premier temps que c'étaient les coups de tonnerre, car le temps menaçait au même moment. S'en sont suivi une deuxième explosion puis plusieurs tirs nourris. C'est à partir de cet instant que j'ai compris que c'était une attaque."

Cet autre habitant de la ville-garnison décrit à son tour les évènements de ce matin tel qu'il les a vécus :

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"A cinq heures du matin, les bruits m'ont réveillé, précisément vers 5h20. A partir de ce moment jusqu'au petit matin, il y a eu des échanges de tirs. Nous avons vu des hélicoptères qui rodaient jusqu'aux abords de ma maison. Les hélicoptères ont tourné pendant de longs moments car je loge non loin du cimetière dans lequel ils ont abattu deux présumés terroristes. La situation est désormais sous contrôle."

L'attaque visait la Direction du matériel, des hydrocarbures et des transports, où l'armée entrepose du matériel. Les assaillants auraient d'ailleurs réussi à emporter deux véhicules.

Attaque "terroriste"

La junte parle d'une attaque "terroriste" attribuée par l'Etat major général des armées maliennes à la Katiba Macina d'Amadou Kouffa.

La base de Kati a été régulièrement au centre des multiples coups d'Etat de ces dernières années mais le site, situé en périphérie de Bamako, n'avait jamais été visé par des djihadistes.

Une telle opération pourrait prouver les capacités des groupes djihadistes à frapper jusqu'au sommet de la junte militaire qui dirige le Mali.

Pour Ibrahim Maiga, spécialiste des questions de sécurité, l'attaque serait une réponse aux offensives récentes de l'armée malienne :

"Ces attaques surviennent après une série d'opérations menées par l'armée malienne, notamment dans le centre du pays, c'est-à-dire dans les régions de Mopti et de Bandiagara. Il y a eu aussi quelques opérations plus au sud, notamment dans la région de Sikasso. On a senti ces derniers mois une volonté et un engagement plus fort des autorités maliennes et des forces de défense et de sécurité malienne. Un engagement qui a abouti à la destruction de bases à l'élimination d'un certain nombre d'individus proches ou impliqués dans les attaques de ces groupes armés qualifiés de terroriste. C'est peut-être une réponse à ces séries d'opérations ou d'offensives de l'armée malienne."

Selon l'armée malienne, la situation serait sous contrôle et les interpellations d'autres suspects se poursuivaient.

L'incident à Kati intervient au lendemain d'une série d'attaques coordonnées quasi-simultanées dans plusieurs localités proches de Bamako et dans le centre du pays.

Ces offensives ont été menées jeudi matin, également à l'aube et ont également été attribuées par les autorités à la katiba Macina, affiliée à Al Qaïda.

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