Mali: Attaque terroriste contre Kati - La profanation d'un sanctuaire

C'est une semaine bien difficile que vient de vivre le Mali sur le plan sécuritaire. En effet, selon un communiqué des Forces armées maliennes (FAMA), la garnison de la Garde nationale à Sévaré, au centre du pays, a essuyé, hier dimanche, une attaque des groupes armés terroristes.

2 jours auparavant, c'est la base stratégique de Kati, au cœur de l'appareil militaire du Mali qui avait subi une attaque suicide. La veille de cette attaque de la ville-garnison de Kati, soit le jeudi 21 juillet, une série de raids quasi-simultanés attribués à des djihadistes avaient frappé six localités différentes du Mali, dans les régions de Koulikoro (proche de Bamako) ainsi que de Ségou et Mopti (centre).

Si à chacune de ces attaques, les FAMA ont réussi à repousser les assaillants, c'est non sans avoir subi des pertes en vie humaine, en destruction de matériel et enregistré des blessés plus ou moins graves. Plus grave, le moral des Maliens en général et des FAMA en particulier est bien affecté. Le cœur n'est pas à la fête à Bamako, Sikasso, Ségou, Kidal, etc. Le contexte sécuritaire est de plus en plus dégradé et la communication gouvernementale, à la limite de la propagande, passe de plus en plus difficilement au sein de l'opinion publique.

Comment peut-il en être autrement quand le mythique camp et ville-garnison de Kati, quartier général de la junte au pouvoir, où résident habituellement le président Assimi Goïta et son tout puissant ministre de la défense Sadio Camara, est à portée des kamikazes d'Al-Qaeda. Cette nébuleuse terroriste a, en effet revendiqué l'attaque de vendredi, l'œuvre de combattants commando d'une de ses tentacules, la katiba du Macina, affiliée au Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) ?

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De fait, la ville-garnison de Kati, véritable forteresse, s'il en est, est à 15 km de la capitale malienne. C'est donc un symbole qui a été visé et au-delà des victimes de cette attaque, c'est un signal fort que donnent les groupes terroristes sur leur capacité organisationnelle et tactique pour atteindre des cibles stratégiques. Au demeurant, le communiqué d'Al-Qaeda qui a revendiqué l'attaque kamikaze de vendredi dernier est sans équivoque : "Si vous avez le droit d'engager des mercenaires pour tuer des innocents sans défense, alors nous avons le droit de vous détruire et de vous cibler. " De quoi troubler le sommeil des autorités maliennes, Assimi Goïta en premier, et pour cause !

D'où sont venus les camions kamikazes et la quinzaine de combattants commandos qui ont attaqué Kati ? Comment ont-ils pu s'approcher du camp avec leurs armes ? Ces assaillants ont-ils bénéficié d'une quelconque complicité ? Avec ou sans complicité, que des terroristes parviennent à faire feu sur un camp stratégique à 15 Km de la capitale malienne, interroge sur le dispositif sécuritaire qui protège Bamako. Où sont passés les stratèges et les combattants du groupe Wagner ?

De tous ces questionnements, surgit une évidence, les FAMA ont encore du pain sur la planche. Le coq gaulois est parti avec ses clics et ses clacs mais la caravane malienne reste lourde à manœuvrer dans la tempête djihadiste. Gare donc à l'enlisement total quand on sait que sur le plan politique, le Premier ministre Choguel Maïga est de plus en plus contesté, accusé d'esprit partisan, selon ses contempteurs, au moment où la situation sécuritaire appelle à l'union sacrée de tous les Maliens.

Avec 2 fers aux feux aux plans sécuritaire et politique, Assimi Goïta, pourrait avoir le sommeil de plus en plus troublé, surtout que les relations du Mali avec le voisin ivoirien, la France et la MINUSMA, ne sont pas au beau fixe. On croise alors les doigts afin que le pire soit derrière le Mali et le meilleur à venir dans une transition réussie.

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