Burundi: Fièvre de la vallée du Rift - Le vaccin remonte le moral des éleveurs

Exploitation de vache au Rwandas
25 Juillet 2022

L’espoir renaît chez les éleveurs, bouchers… C’est un ouf de soulagement après que le gouvernement ait décidé finalement de lancer une campagne de vaccination contre la fièvre de la vallée du Rift.

« L’attente était devenue interminable. C’est vraiment une bonne chose, je me sens soulagé », confie Isidore Bukuru, un éleveur de Ngozi, au nord du Burundi.

« On attendait que ça. On était très désemparé, traumatisé de voir nos vaches périr sans aucun secours.  Que le Tout-Puissant bénisse le ministre de l’Intérieur qui a décidé de prendre le dossier en mains », ajoute-t-il.

M. Bukuru indique qu’il avait déjà perdu deux vaches d’une valeur d’environ 2000 dollars américains. « Pire, les deux ont été enterrées. Nous ne pouvions même pas vendre la viande pour récupérer en peu d’argent », se rappelle-t-il.

Ce père de quatre enfants espère qu’avec la vaccination, il pourra encore goûter à la viande de vaches, moutons et chèvres.

Même jubilations chez Joseph, 35 ans, un père de famille de Kayanza, au nord du pays. Il vit de la vente de vaches, moutons et chèvres. « C’est très difficile de trouver des mots pour décrire ma joie après le lancement de la campagne de vaccination. C’est top. Dieu merci », se réjouit-il, en sursautant.

Ce fermier indique qu’il venait de passer presque trois mois, désœuvré : « Nous ne pouvions pas acheter des vaches et les transporter vers les abattoirs. Or, c’était notre seul métier qui faisait vivre nos familles. » Il évalue les pertes en termes des centaines de millions de francs burundais.

Les bouchers retrouvent aussi le moral. En effet, dès la détection de cette maladie, le gouvernement a pris la décision d’interdire l’abattage des vaches, chèvres et moutons pour éviter la propagation.

« En tout cas, le vaccin est salutaire. Nous pensons que d’ici la semaine prochaine, nous allons reprendre notre travail. Honnêtement, on était fatigué de manger sans travailler », réagit Issa Kanuma, un boucher du marché de Ngagara, au nord de Bujumbura, la capitale économique.

Sans travail, sans autres ressources de revenus, il avoue qu’il lui était déjà difficile de nourrir sa famille, de payer le loyer et faire face aux autres charges. « On se demandait déjà comment allons-nous envoyer nos enfants à l’école avec la prochaine rentrée scolaire. Et voilà, Dieu vient de nous aider. Qu’il soit loué », déclare-t-il, ses yeux tournés vers le Ciel.

Une campagne nationale  

Les premières injections de ce vaccin ont été administrées, le jeudi 21 juillet 2022 à Ngozi, au nord du pays, l’épicentre de cette maladie zoonotique touchant les vaches, les chèvres et les moutons.

« Le souhait du gouvernement de vacciner le bétail devient réalité. C’est accompli car le gouvernement s’était fixé l’objectif de protéger les intérêts de la population. C’est pour l’intérêt des citoyens », a déclaré, Martin Niteretse, secrétaire permanent au ministère burundais de l’Intérieur, de la Sécurité publique et du développement communautaire.

C’était dans son mot de lancement de cette campagne sur la colline Kinyami, commune et province Ngozi.

Pour lui, cette activité est un honneur. « Elle va continuer », a-t-il assuré promettant que même la mesure interdisant l’abattage des vaches sera bientôt levée.

L’opération a été lancée aussi le même jour dans la province Karusi, au centre-est du pays.

Mille doses de vaccin sont prévues pour les seules provinces de Ngozi et Karusi, plus affectées par cette maladie, a précisé, pour sa part, Serges Nkurunziza, directeur général de l’élevage au ministre burundais ayant l’élevage dans ses attributions.

« 100 mille doses seront distribuées dans tout le pays dans la semaine du 25 au 30 juillet », a-t-il annoncé, indiquant qu’après les vaches, les petits ruminants seront vaccinés.

Au Burundi, les données officielles font état de plus de 700 mille têtes du cheptel au niveau national.

Une étude de l’Institut des Statistiques et Eudes Économiques du Burundi (Isteebu) sur les sources de croissance montre qu’en 2007, la contribution du secteur de l’élevage à l’économie burundaise se situe aux alentours de près de 86 millions de dollars américains.

Selon la même étude, l’élevage contribue à hauteur de 27,2% du Produit intérieur brut (Pib) agricole et de 12,7% du PIB national.

Les dégâts étaient déjà énormes

Jusqu’au 19 juillet, les services compétents disent avoir enregistré 910 cas positifs chez les bovins et 632 cas chez les petits ruminants.

En tout, 628 animaux sont morts de la fièvre de la vallée du Rift dont 413 vaches et 215 petits ruminants.

Au niveau national, poursuivent les mêmes sources, 13 sur 18 provinces étaient déjà affectées selon la direction générale de l’élevage.

Observée chez des animaux domestiqués (bovins, bisons, moutons, chèvres et chameaux), la fièvre de la vallée du Rift est présentée comme une maladie hémorragique virale aiguë.

Ses symptômes sont entre autres l’avortement, le saignement nasal, l’hyperthermie, la diarrhée souvent mêlée du sang, faiblesse généralisée et l’inappétence.

Cette maladie peut aussi attaquer les humains, selon la direction de la santé animale au ministère burundais ayant l’élevage dans ses attributions.

Sans médicament, cette épizootie était pourtant signalée depuis des décennies dans d’autres pays de la région africaine des grands-lacs.

 

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