Madagascar: Magro Behoririka - Arrestation manu militari des deux dirigeants du TIM

Les opposants ne digèrent pas l'interdiction de la manifestation prévue samedi dernier.

Désillusion dans le camp des opposants. Ils n'ont pas pu tenir la manifestation qu'ils ont prévue pour samedi dernier. L'accès au lieu, au Magro Behoririka, a été verrouillé par les autorités faute d'autorisation. Très tôt le matin, des militaires se sont alors postés aux deux ouvertures de la rue qui mène à ce fief de l'opposition afin d'empêcher toute circulation et barrer la route aux manifestants. Ces derniers ont investi les recoins qui côtoient l'ancien centre commercial de Marc Ravalomanana, lequel devait accueillir le mouvement. Mais le dispositif mis en place par les autorités a ceinturé les parages du site. En fait, c'est tout le quartier de Behoririka qui a été, en effet, quadrillé par les éléments de l'état-major mixte opérationnel déployés en nombre au centre-ville avec comme objectif d'empêcher les opposants à tenir la réunion politique qu'ils ont voulu tenir ce samedi et annoncé depuis plusieurs jours.

Tension. Perturber l'ordre public est visiblement si cher aux autorités dans un contexte où les retombées de l'inflation mettent la pression dans les ménages et la moindre étincelle qui pourrait enflammer la situation est crainte. Samedi, les opposants ont fait face à l'intransigeance de la préfecture et la fermeté des forces de l'ordre. Alors que vendredi en début de soirée, le préfet de police d'Antananarivo, a déclaré à notre rédaction que " les opposants peuvent tenir leur organisation dans l'enceinte (du Magro, ndlr) sans, pourtant, qu'ils en sortent à aucun moment ". La tension a eu lieu à Behoririka et les opposants, qui n'ont pas pu faire venir la foule, ont scandé la " liberté de se réunir au Magro ".

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Barrage. Les forces de l'ordre ne cèdent pas et bloquent l'accès. " La manifestation n'a pas eu l'autorisation nécessaire pour avoir lieu " soutiennent les chefs d'unité d'intervention de l'état-major mixte opérationnel qui ont affronté les manifestants à Behoririka. Le préfet de police d'Antananarivo, Angelo Ravelonarivo, a réitéré, samedi matin, l'interdiction de la manifestation. Ce qui a justifié l'important dispositif de sécurité qui a été mis en place par l'Emmo mais qui n'a pas dissuadé les partisans de l'opposition à venir par quelques centaines pour tenter le coup. Les manifestants ont été ramenés devant le barrage mis en place par l'Emmo à quelques mètres du portail de Magro. Alain Andriamiseza, Edouard Tsarahame négocient l'entrée mais les forces de l'ordre restent intransigeantes. " Nous sommes autorisés à y accéder et ne pas en sortir " clament les opposants qui veulent alors que la chaîne de sécurité des militaires se disloque.

Manu militari. Dans la foulée, les dirigeants du parti Tiako i Madagasikara ont été arrêtés par la gendarmerie. Rina Randriamasinoro, secrétaire général du parti, et Jean Claude Rakotonirina, coordonnateur national, parmi les manifestants, ont été emmenés au bureau de la gendarmerie de la section criminelle de Fiadanana, en milieu de matinée, par des éléments cagoulés, avant d'être relâchés en début de soirée. Cette " arrestation arbitraire ", selon Jean Claude Rakotonirina, " n'est nullement motivée ". " Nous avons déjà été ciblé par cette arrestation " a affirmé, quant à lui, Rina Randriamasinoro. " Nous étions bien présents dans la foule quand soudain on nous a emmené manu militari " raconte-t-il. " Il s'agit d'une violence qui n'est pas digne du peuple malgache " a enfoncé le président national du Tiako i Madagasikara, Marc Ravalomanana, dans une déclaration publiée en début de soirée du samedi à Faravohitra.

Constitution. La tournure de l'événement a été " inadmissible " pour le camp du parti TIM. " La Constitution a été bafouée " estime, en effet, Marc Ravalomanana qui " demande aux juges constitutionnels sur le bien-fondé de ces actes ". Le parti se sent en effet menacé dans son rôle d'opposants. " On veut museler l'opposition par la terreur " martèle l'ancien président. Il appelle ainsi ses partisans à rester mobiliser. " Nous ne reculons jamais dans notre rôle en tant qu'animateur de la vie politique, et selon nos droits conférés par la Constitution " a lancé Jean Claude Rakotonirina. Dans sa déclaration de samedi dernier, l'ancien président soutient un " apaisement " mais a, pourtant, voulu que la manifestation de ses partisans ait lieu.

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