Afrique: Emmanuel Macron en tournée dans le continent

25 Juillet 2022

La visite du chef de l'Etat français a lieu dans un cadre d'hostilité accrue à l'égard de la France. Ce qui explique sans doute une ligne diplomatique plus discrète de la part de Paris. Une visite dont le choix des pays peut aussi étonner, à commencer par le Cameroun, dont le président Paul Biya est au pouvoir depuis quatre décennies.

Le voyage qui devait être entamé à Cotonou a fini par connaître une modification de dernière minute : Emmanuel Macron commencera par visiter le Cameroun.

Le pays est déchiré depuis cinq ans par une guerre civile dans les régions anglophones. Il est dirigé par un autocrate, Paul Biya, 89 ans, au pouvoir depuis 40 ans.

Les questions des nombreux prisonniers politiques et de la répression des séparatistes anglophones devraient être abordées lors de l'entretien entre les deux chefs d'Etat. Emmanuel Macron ne rencontrera finalement pas l'opposant Maurice Kamto, comme cela avait été d'abord prévu.

Si certains Camerounais attendent un mot du président français sur la situation politique du pays, Louis Keumayou, journaliste et analyste politique camerounais, n'a pas beaucoup d'espoir.

"Je crois que pour tout ce qui touche à la politique intérieure, Macron sera très discret. Il ne prendra qu'une position officielle en faveur ou en défaveur des autorités en place. Ce n'est ni le lieu ni le moment", estime Louis Keumayou.

Enjeux économiques

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"Alors pourquoi le choix du Cameroun ? Peut-être parce que ce pays, première puissance économique de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale, représente pour la France un partenaire stratégique", répond Louis Keumayou.

Selon lui, le port de Douala dessert deux pays dans lesquels la France a une présence importante : la République Centrafricaine, par rapport aux rapports avec Wagner, et le Tchad, par rapport au dialogue qui a lieu aujourd'hui avec les politico-militaires. Et puis il y a le franc CFA, car on ne peut pas envisager qu'une discussion sur le retrait de la France du dispositif du franc CFA, en Afrique centrale, se fasse sans consultation du Cameroun.

Discrétion

Le président français sera aussi en Guinée-Bissau où il va s'entretenir avec le président Umaro Sissoco Embaló, qui Diooccupe la présidence tournante de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) depuis début juillet.

La ligne diplomatique la plus discrète de la France en Afrique passerait en effet par le relais de la Cédéao, selon Antoine Glaser, journaliste et spécialiste du continent.

"Le président de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest est la nouvelle stratégie d'Emmanuel Macron. La France n'apparaît plus en première ligne, même sur le plan militaire. Quand la France a des intérêts à défendre, elle passe toujours par les organisations sous-régionales comme la Cédéao", pense Antoine Glaser.

Le Bénin ponctuera la tournée d'Emmanuel Macron. La France voit en effet ce pays comme un enjeu pour l'avenir de la démocratie sur le continent.

En octobre prochain sera créée à Cotonou la Fondation de l'innovation de la démocratie, dirigée par le politologue Achille Mbembe . Celui-ci avait notamment remis au président français, en 2021, un rapport sur l'avenir des relations entre la France et l'Afrique.

Ce déplacement en Afrique, le premier depuis la réélection d'Emmanuel Macron en avril, aura notamment pour thèmes la crise alimentaire provoquée par la guerre en Ukraine, les enjeux de production agricole et les questions sécuritaires, selon la présidence.

Il s'agit de "marquer la continuité et la constance de l'engagement du président de la République dans la démarche de renouvellement de la relation avec le continent africain", commente l'Elysée.

Le président français avait annoncé la semaine dernière sa volonté de "repenser d'ici l'automne l'ensemble (des dispositifs militaires de la France) sur le continent africain", alors que la force anti jihadiste Barkhane est en train de boucler son départ du Mali.

Disant vouloir des "dispositifs moins posés et moins exposés", le président avait jugé qu'il s'agissait d'une "nécessité stratégique".

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