Cote d'Ivoire: Emergence des champions nationaux - La si longue patience du secteur privé ivoirien

26 Juillet 2022

La liste des entreprises éligibles à la catégorie de champions nationaux ivoiriens n’est pas encore  publiée  par le  gouvernement, certes, mais le   dossier suscite beaucoup d’espoir et de réactions. C’est dans ce sens que le secteur privé ivoirien a soumis ses requêtes au Président Alassane Ouattara.

Citons   entre autres :  La valorisation du contenu local ou Local content, le choix dans les marchés étatiques, l’accompagnement de l’Etat avec des mesures adéquates et l’aide financière

En plus   de ces requêtes, bien avant, la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (Cgeci) avait mentionné dans une sorte de « livre blanc » intitulé : « Construire et accélérer l’émergence des champions nationaux ». Un document produit avecla facilitation de Entrepreneurial solutions paternes (Esp).

Ce précieux bréviaire produit en novembre 2015 et qui tient sur une trentaine de pages, campe bien les attentes du secteur privé ivoirien.

Dans le sommaire exécutif, l’on peut lire : « Un consensus fort existe autour de la nécessité de bâtir les champions nationaux dans les secteurs stratégiques de l’économie ivoirienne. Comme le démontrent les expériences des pays émergents tels que la Turquie, le Maroc et le Brésil. Les champions nationaux doivent être au cœur de l’émergence… »

Plus loin, il est écrit que dans le contexte de la Côte d’Ivoire, « un champion national, est une personne morale dont l’actionnariat et le centre de décision doivent être contrôlés par des Ivoiriens. Ces entreprises doivent figurer parmi les cinq premiers de leur secteur d’activité et disposer d’une expérience démontrée dans leur domaine d’activité. Enfin, les champions nationaux doivent être des entreprises responsables disposant d’éthique et de gouvernance ».

En montant « construire et accélérer l’émergence des champions nationaux », l’objectif du patronat ivoirien, était d’avoir à contribuer à l’horizon 2020, à l’émergence de 65 champions nationaux.

«Plus particulièrement, nous visons la présence de 15 champions nationaux disposant d’un chiffre d’affaires   de plus de 25 milliards de F Cfa, soit trois par secteur prioritaires de l’émergence d’au moins 50 champions nationaux disposant   d’un chiffre d’affaires de plus de 10 milliards de F Cfa », précisent le patronat ivoirien.

Ils mettent en lumière cinq grappes prioritaires du Programme national de développement (Pnd) qui  sont  en  quelque sorte  des niches où doivent éclore  nos  champions. Ce sont les Bâtiments et travaux publics (Btp), l’immobilier, les transports et la logistique, les services financiers, l’agriculture et l’industrie. Ces secteurs sont les cinq domaines prioritaires autour desquels, la CGECI a décidé  d’articuler  sa  stratégie.

Pour atteindre les objectifs, les patrons ivoiriens sollicitent une volonté politique affichée. Car, on ne peut créer des champions nationaux, en l’absence d’une volonté politique forte.

En Côte d’Ivoire, les opérateurs économiques aimant le goût du risque. Au fil des années, ils ont acquis une somme d’expériences dans leur secteur d’activité. L’Etat ivoirien aussi fait des efforts pour soutenir le secteur privé mais cela ne suffit pas pour l’éclosion des « Ali Dangoté et Tomy Mellu ivoiriens ».

En parcourant le livret en question qui date (2015),   d’avant la pandémie de Covid- 19, l’on se rend bien compte, que le secteur privé ivoirien attend bien plus d’efforts de la part de l’Etat. Alors que ça fait bientôt huit ans qui les chosent trainent…

Les promesses du gouvernement ivoirien

Qu’est ce qui coince dans la publication de la première liste de champions nationaux répertoriés par le gouvernement de Côte d’Ivoire ?  Et pourtant, courant 2019, Coulibaly Adama, ministre de l’Economie et des finances, avait donné la bonne nouvelle.

Il y a quelques années, devant le secteur privé ivoirien, à l’Hôtel ivoire, il avait dit : « Notre objectif est de favoriser l’émergence de champions nationaux, en vue d’optimiser l’effet multiplicateur de la création de richesse nationale. Au-delà du principe, nous tous avons  initié le processus depuis le début du second semestre 2019. Ainsi, nous avons pu arrêter une première liste multisectorielle de 29 entreprises éligibles au statut de champion national, recueillir les attentes de chacun des candidats, initier l’analyse rigoureuse de ces attentes et celles qui seront retenues feront l’objet de contrat de performances autour d’objectifs de développement ».

Puis, plus rien ! Mystère et boule de gomme! Devant cet état de fait, la CGECI a relancé le gouvernement ivoirien avec quelques requêtes.

Le Président Alassane  Ouattara dans  son message  à la Nation  du 31  décembre 2021 avait  dit : « Notre seconde priorité pour cette année 2022 est l’emploi des jeunes et des femmes. Un accent particulier sera mis sur l’emploi de nos filles et de nos fils. Pour ce faire, le secteur privé fera l’objet d’une attention particulière et nous allons intensifier son développement par la promotion et l’émergence de champions nationaux. Nous mettrons en place un programme pour accompagner et promouvoir le financement de nos Pme, de nos startups et de nos jeunes entrepreneurs. Nous travaillerons avec le secteur privé pour réduire les délais de paiements aux entreprises. Nous poursuivrons, comme nous l’avons fait dans le secteur pétrolier et gazier, la promotion du contenu local, afin de faire émerger des champions nationaux dans les domaines clés de notre économie. »

Il faut passer aux choses concrètes

Mais qu’est ce qui coince dans le processus enclenché depuis bientôt trois ans ? Qui bloque le dossier? Selon une source du Palais Présidentiel, « Ouattara est  de bonne foi dans son annonce. Il s’étonne que le dossier ai pris du grand retard dans sa mise en œuvre (…) d’ailleurs Il ne cache pas sa   colère (…)».

Le Chef de l’Etat ivoirien vient de séjourner en Afrique   du Sud, où il a été reçu par son homologue Cyrille Ramaphoza, Chef d’Etat de la Nation arc-en-ciel. Six contrats ont été signés entre les deux pays.

Ramaphoza, lui – même, est un champion national bien connu en Afrique, dans le secteur de la téléphonie mobile avant de devenir Président de la République.

Certainement que Ouattara s’est bien fait une idée précise du concept de champion national et passera bientôt au concret pour répondre favorablement à cette attente des soldats de l’économie.

 

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