Même si la campagne électorale bat son plein à Mbacké, les conducteurs de motos Jakarta n'en voient pas encore de retombées. Contrairement aux autres exercices, ces jeunes ne bénéficient pas encore de location pour les caravanes et autres activités qui se font rares.
MBACKÉ - Au centre-ville de Mbacké, à l'arrêt communément appelé "station", des dizaines de conducteurs de motos Jakarta, communément appelés "Jakartamen", patientent en interpellant de potentiels passagers. Les lieux sont animés, en cet après-midi du jeudi 21 juillet. Les motos constituent le principal moyen de transport des habitants de Mbacké. Et le prix d'une course varie entre 200 et 300 francs Cfa.
Trouvés à "Mbarou Jakarta Yi" sous une tente aménagée, surplombant un plancher carrelé qui sert de zone de repos pour ces conducteurs, des "Jakartamen" soutiennent que la campagne électorale n'a pas entraîné encore une hausse de leurs revenus. Lors des scrutins précédents, des responsables politiques sollicitaient leurs services pour les caravanes.
Fallou Leye, jeune svelte au teint noir, indique que son revenu journalier n'a pas augmenté avec la campagne. "On ne voit pas encore les hommes politiques", confesse Leye qui est conducteur de Jakarta "depuis 2015". Même avis chez son collègue Modou Diop. Selon ce dernier, les "Jakartamen" sont les oubliés de la campagne. Il soutient que les hommes politiques, qui viennent vers eux, sollicitent leurs votes en faisant beaucoup de promesses qui sont rarement tenues.
Au quartier Boussobé de Mbacké, Khadim Ba appuie la même thèse. "À part quelques clients qui viennent pour des missions liées aux élections, on ne sent même pas qu'il y a campagne", dit le jeune qui espère cependant que les nouveaux députés vont plaider leur cause à l'Assemble nationale.
Casquette bien visée, Modou Diop, la vingtaine, souhaite toutefois que les autorités pensent davantage aux jeunes. Avec le chômage, argumente-t-il, ils ont décidé d'être "Jakartamen" pour bien gagner leur vie et subvenir aux besoins de leurs familles. Les conducteurs de Jakarta, à les en croire, gagnent quotidiennement entre 3000 et de 10 000 francs Cfa. Toutefois, Modou Diop regrette les nombreux contrôles qu'ils subissent sur les routes. Selon Fallou Leye, tous les "Jakartamen" affiliés à leur garage sont réguliers.
Le président de l'Association des conducteurs de motos Jakarta de Mbacké, Moustapha Gueye, confirme les propos de ses membres. S'adressant aux futurs députés, M. Gueye soutient qu'il faut qu'ils prennent en charge leurs revendications. "Les conducteurs de Jakarta ne sont pas des marginaux. Ils ont choisi ce métier parce qu'il n'y a pas d'emploi pour les jeunes dans ce pays. Il faut mieux considérer notre métier et nous aider à le formaliser", assène-t-il. Et de révéler que dans leurs membres, il y a plusieurs bacheliers sans emploi et même des étudiants ayant la licence. Il veut que les maires travaillent avec eux pour élaborer des projets pour les jeunes du pays.